KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]

8.5 : La chambre à coucher

L'ex-forçat s'installa sur l'une des quatre chaises entourant la table, clairement préoccupé. L'animal se hâta de se dissimuler une seconde fois sous le buffet quand il entendit Madame Friedrich revenir dans le salon. Elle présenta au garçon un vêtement de nuit proprement plié entre les mains.

<< Voilà ... J'espère que ce pyjama te conviendra. >>

Elle lui remit les deux pièces d'étoffe. Il la remercia.

<< Klaus ! Va montrer la chambre à ton invité, il est grand temps d'aller dormir !

— Oui, maman. >>

Le personnage à la coupe en brosse se leva et emmena le jeune homme avec lui. Dans un étroit couloir, il posa, clairement excité, une main sur la poignée d'une porte qu'il se décida, après une profonde inspiration, à ouvrir doucement ; il révéla une pièce qui, malgré quelques fins manteaux de poussière et autres toiles d'araignée en divers endroits, devait néanmoins avoir subi un entretien de temps à autre sur une période de deux décennies. Le matou les rejoignit et jeta un regard ébahit sur la décoration. Un immense drapeau autrichien trônait au-dessus du lit ; sur un autre mur était accroché un large poster représentant la première victoire de la Das Team à la coupe du monde de football. D'autres objets qui en disaient longs sur l'état d'esprit de leur propriétaire initial étaient disposés sur une étagère et une commode ; des petits soldats de bois dont deux d'entre eux brandissaient le drapeau des Habsbourg, un casque de dragon autrichien, des verres et des tasses affichant les couleurs rouges et blanches, une peluche en tenue tyrolienne, une sonnaille sur laquelle était peinte une vache et le nom propre Österreich - un mot qui, par ailleurs, se retrouvait partout dans le décor.

<< Voilà ma chambre, toujours la même depuis vingt années ... >>

Il s'approcha de sa table de chevet et s'empara d'une boule à neige dans lequel le Palais du Belvédère était représenté. Il la retourna afin d'en faire tomber les flocons. Il sourit. Le chat et Zoran maintinrent le silence. Il ouvrit ensuite un tiroir de la commode et en sortit un vêtement blanc correctement repassé.

<< Tiens, Zoran ; voici un nouveau t-shirt pour demain ... J'essayerai de trouver un pantalon à ta taille mais ça risque d'être plus difficile ...

— ... Merci. >>

Il déposa la pièce d'habillement sur une chaise avant de sortir du même tiroir un polo bleu de cobalt et un pantalon multipoches qu'il serra contre sa poitrine, vêtements qu'il se réservait de toute évidence pour lui-même.

<< Bon ... Et bien, je vais vous laisser ... Je dois obéir aux injonctions de ma maman ... Je vous rappelle qu'elle déteste les chats. Il vaut mieux qu'elle n'en sache rien ... Je vous aiderai à passer le mur de Berlin demain, je vais voir ce que je peux faire ... >>

Il laissa seuls ses deux associés d'évasion, prenant soin de refermer la porte.

Le félin noir monta sur la tablette de fenêtre en bois et, du vingtième étage, contempla la très chargée d'histoire capitale allemande. Le jeune homme se mit à enfiler pudiquement le pyjama que lui avait offert la maman de l'ex-Lieutenant.