1 : Liège, dans quelques décennies

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Le soleil était éclairé par la lune

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Le soleil était éclairé par la lune. Il présentait, sous des traits blancs, un faciès humain entouré de douze rayons qui ressemblaient à des lettres latines S. Il se déplaçait vélocement et à moyenne altitude dans le ciel sombre, apposé sur le fuselage d'un bruyant et massif hélicoptère ébène composé d'un rotor contrarotatif, de deux turbines et d'une double paire de propulseurs à hélice.

Via le microphone incorporé à son casque, le pilote de l'imposant aéronef annonça aux passagers, une vingtaine de militaires debout et impeccablement alignés en deux rangées, qu'ils s'apprêtaient à parvenir à destination. Ces hommes, tous à la mine apathique, attendaient probablement les instructions d'un autre personnage qui leur tournait le dos et qui contemplait, au travers de large baie vitrée à laquelle il faisait face, la ville qu'ils étaient occupés à survoler ; Liège, en pays belge. Sa stature élancée et le vieux blouson d'aviateur synthétique qui rentrait dans son pantalon étaient deux éléments qui renforçaient nettement sa prestance ; son visage, au hâle manifestement artificiel, était bien dessiné et imberbe, cette seconde caractéristique lui conférant un air juvénile malgré que son âge approximatif - à savoir une trentaine d'années - était aisément devinable ; ses yeux azurs dégageaient une certaine assurance espiègle et ses cheveux blonds étaient couverts d'une casquette militaire noire ; sur celle-ci figurait la même étoile emblématique qui était présente sur le fuselage.

<< Retrouvez-le. Restez vigilants. >> leur pria-t-il.

Ils portèrent leur main droite à hauteur de la tempe de façon synchronisée. Ils disposaient tous du même équipement ; un treillis complet, une paire de gants et de bottes, un bonnet anthracite et un fusil porté tactiquement au dos. L'arme était entièrement bardée d'une enveloppe de polyéthylène beige à l'exception du bout du canon rectangulaire en acier qui s'avérait dépourvu d'orifice. Leur bras gauche était orné d'un écusson représentant, lui aussi, le flamboyant astre anthropomorphique.

Un autre aérodyne, de taille beaucoup plus modeste, survolait la cité wallonne. Il s'agissait d'un chasseur grège qui, se déplaçant dans une progression relativement douce, avait une forme presque semblable à celle d'un bec de toucan. Sa remarquable façon de se mouvoir dans les airs témoignait de grandes qualités manœuvrantes, du fait qu'il semblait capable de changer de vitesse ou de cap avec une aisance plus proche de celle d'un oiseau que d'un vieil avion. Son habitacle disposait de trois places étroites ; un siège de pilotage à l'avant et deux autres, dédiés à l'observation, juxtaposés juste derrière. La première était occupée par un personnage qui faisait environ un mètre quarante de taille ; il avait une peau violâtre qui dénotait clairement d'une affection à l'argyrisme ; les motifs de son treillis différaient légèrement des soldats présents dans l'autre appareil par ses tâches de couleurs plus amples et plus foncées ; il portait sur le nez une paire de lunettes fumées de basse gamme et était coiffé d'un chapeau de camouflage. L'observateur derrière lui était l'extrême opposé ; sa taille d'un mètre quatre-vingt-dix, qui nuisait à son confort dans l'espace réduit, rendait d'autant plus impressionnante sa carrure démesurément bien développée ; sa bouche édentée - qui était entourée d'un bouc marron - et sa légère exophtalmie lui conféraient un air aussi surprenant que benêt ; sa coupe était militaire et, pour sa part, exempte de couvre-chef. Tous deux portaient sur chaque épaulette des insignes en argent représentant chacun un soleil aux rayons ondulés.

<< Allô, Commandant Larsson ... Nous survolons le centre-ville ... Nous attendons vos instructions ! >> informa le petit pilote violâtre d'une voix désagréablement aigüe et criarde.

Le visage impérieux du personnage blond au teint hâlé présent dans l'hélicoptère s'afficha en semi-holographie - soit un effet tridimensionnel de superposition de deux voire trois couches d'images jouant sur la profondeur de champ - sur l'écran de contrôle du tableau de bord.

<< Je vais envoyer les fantassins au sol. Continuez à balayer la zone au cas où ils manqueraient l'objectif.

— À vos ordres ! >>

Le dénommé Larsson raccrocha. Le grand bonhomme à l'arrière soupira avant de s'exprimer d'une lourde voix niaise : << Pendant que les autres s'amusent, nous devons patienter et ne rien faire ... Moi, j'ai envie d'action ce soir !

— Nous devons nous en tenir aux ordres, Izidor ! Ingmar Larsson a été délégué pour diriger l'opération, c'est à lui de décider si nous pouvons intervenir !

— Oui ... >>

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant