14.10 : Le buffet vitré

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L'assaut sur le Wawel était lancé

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L'assaut sur le Wawel était lancé. Près d'un millier de dragons y déferlaient par tous les côtés, attaquant des hussards clairement dépassés par l'imprévisible cataclysme. La mêlée était générale dans la cour intérieure du château royal et sur les toits corail où les reptiles d'acier s'infiltraient déjà dans les lucarnes et les cheminées ; ils affrontaient des soldats qui combattaient au fusil mitrailleur ou à foudre ; certains recouraient également à des sabres qui, au corps à corps, pouvaient encore faire quelques dégâts. En dépit du double avantage qu'offraient les bottes hypo-gravitationnelles et les ailes synthétiques, les hussards tombaient comme des mouches face aux monstrueux robots dont le nombre croissait de minute en minute.

Dans les sous-sols du château, l'Hetman Emil Marek et trois autres militaires avaient escorté le Roi Boleslas et le Prince Casimir jusqu'à un couloir où avait été d'avance ouvert un passage secret initialement dissimulé derrière un buffet vitré. Le meuble exposait de la vaisselle en faïence stannifère dont les motifs décoratifs étaient peints à la main.

<< Je préférerais nettement me battre aux côtés de mon armée ! se plaignit le souverain polonais, vraisemblablement frustré.

— C'est le protocole, Majesté ! Vous ne devez pas tomber dans les mains de l'ennemi, quoiqu'il arrive ! Le combat, c'est mon affaire !

— J'aimerais me battre aussi ! >> signala le fils, qui fut le premier à s'introduire dans le passage.

Brusquement, Boleslas recula d'un pas et poussa violemment Marek à l'intérieur ; il referma aussitôt la porte-buffet coulissante, renversant et brisant sur le coup quelques tasses présentes derrière la vitre.

<< Hé ! cria le chef de l'armée royale, bloqué de l'autre côté, en tambourinant sur le panneau arrière de la structure en bois. Vous faites une terrible erreur !

— Je n'ai strictement rien à faire des protocoles ! J'ai plus l'expérience de la guerre que quiconque ici !

— Soyez sérieux ! Ne risquez pas votre vie !

— Père ! >> s'écria également le Prince, enfermé avec l'Hetman.

Le Roi de Pologne se tourna vers les trois soldats ailés qui l'avaient escorté.

<< Hussards, ne vous inquiétez pas. Les deux hommes à l'intérieur représentent sans doute l'avenir du pays. Moi, je n'ai plus rien à perdre. Je suis à présent à vos côtés, comme durant la dernière guerre. >>

Il enleva sa redingote, révélant sa chemise blanche et le Vis qu'il portait à la ceinture.

<< À vos ordres, Majesté. >>

Les trois militaires disposaient chacun d'une arme différente ; un fusil à foudre, un fusil mitrailleur et un fusil à pompe.

<< Suivez-moi. >> leur ordonna-t-il.

Des chasseurs polonais, de couleur et de forme différente de celui habituellement piloté par Rojas, volaient au-dessus du Wawel et ses environs immédiats, essayant d'éliminer les nouveaux dragons qui débarquaient. L'intelligence artificielle de certains reptiles adopta une option de dernier recours pour protéger leurs autres congénères, soit le mode kamikaze, provoquant ainsi leur collision volontaire et violente contre les différents appareils, ce qui contraignait les pilotes à s'éjecter de l'habitacle avant l'explosion.

De nombreux monstres mécatroniques qui pullulaient sur la citadelle entreprenaient à présent la conquête du château de l'intérieur. À la place de cracher des flammes, comme ils l'avaient fait lors de l'assaut du commissariat est-allemand, ils répandaient par la gueule un gaz qui plongeait les lieux dans un brouillard désorientant leurs adversaires.

Boleslas et son groupe effectuèrent l'ascension de trois séries d'escaliers et, à quelques marches du second étage, furent surpris par l'irruption d'un dragon qui, accroché au plafond rampant au-dessus de leur tête, émit un cri effroyable ; la bête neutralisa le soldat à la tête du quatuor en déchargeant la foudre de son Zater fixé à son dos. Un autre hussard, disposant du même type d'arme, le foudroya aussitôt. Le Roi replaça son Vis à la ceinture et s'empressa de ramasser le fusil à pompe de l'homme qui venait de dégringoler de l'escalier.

Ils arpentèrent quelques couloirs en progression tactique, se couvrant mutuellement. Ils pouvaient entendre les cris et les tirs qui fusaient en tous sens. Deux reptiles surgirent derrière eux ; le hussard situé à l'arrière, armé d'un Beryl, parvint à toucher l'un d'eux mais manqua le second, se faisant aussitôt neutraliser par un éclair magenta. Le souverain polonais se retourna et, en un coup de feu, explosa la tête de la bête. Il actionna le levier de son fusil.

<< Que faisons-nous ? interrogea le dernier soldat encore en place en sa compagnie.

— Attendez-moi ici, je reviens tout de suite. Faites attention à vous. >>

Le monarque frappa sur une double porte en bois blanchi et ornée de fioritures saillantes.

<< Hedwige ! Hedwige ! C'est moi ! Ouvre ! >>

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant