10.3 : Les questions de Larsson

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Zoran remarqua que l'un des deux fantassins qui s'étaient rapprochés de la tour de guet où il se trouvait réfugié venait de se poster à l'une des fenêtres, entre deux pilastres

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Zoran remarqua que l'un des deux fantassins qui s'étaient rapprochés de la tour de guet où il se trouvait réfugié venait de se poster à l'une des fenêtres, entre deux pilastres. Le jeune homme, pris de panique, tirailla aussitôt frénétiquement mais fit, au final, exactement la même erreur que Friedrich ; la décharge ne passa pas au-delà du verre. Le soldat cagoulé, totalement impavide, sortit alors calmement d'une poche de son gilet de combat un petit objet cylindrique et métallique ; il le lui présenta ostensiblement.

<< Soit tu te rends, soit nous jetons cette grenade à l'intérieur ... >>

Le garçon au pantalon de visibilité se maintint interdit et béant.


Le combat faisait rage dans la cage d'ascenseur. L'animal rebondissait sur les pans de mur, faisant parfois, durant quelques dixièmes de seconde, le point sur son environnement en s'agrippant aux traverses d'acier de la longue échelle intérieure tout en évitant adroitement les salves de foudre, au moins de justesse. Ses opposants, du fait de leur équipement et de leur entrainement évident, s'avéraient presque aussi lestes que lui. Il en surprit un en s'accrochant à ses fesses, remonta le long de son dos pour finalement le cogner sans ménagement à l'occiput et laisser choir le corps assommé sur la cabine en contrebas. Les deux autres fantassins, qui cabriolaient également dans tous les sens, tiraient sporadiquement mais manquaient systématiquement la cible. Après un salto arrière, la petite bête se retrouva sur la tête de l'un d'eux ; l'homme se vit infliger une impitoyable écorchure tout le long du cuir chevelu au travers de la cagoule thermique, immédiatement suivie d'un violent coup de griffe sur la main qui le maintenait à un bouquet de câbles, ceci avant que le chat ne saute sur son arme et provoque un tir contre son coéquipier encore actif. Il acheva sans plus attendre le militaire qui s'obstinait à s'agripper au cordage par, encore, une frappe destinée à l'assommer et le laissa sombrer dans le vide avec ses pairs.

Satisfait, il se hâta de faire l'ascension de la sombre enceinte du transporteur vertical dans son agilité caractéristique et s'en dégagea enfin. Il découvrit alors à l'extérieur, à sa patente surprise, le Commandant Ingmar Larsson qui l'attendait derrière le pauvre Zoran à genoux, le pistolet semblable à un Glock 17 pointé à bout portant sur la tête. Le matou, lui, se retrouvait dans la ligne de mire des Zaters de deux fantassins.

<< Enfin ... Je commençais à désespérer. confia l'officier au blouson d'aviateur.

— Que ... >>

Le responsable de la mission esquissa un sourire.

<< Si tu bouges d'un seul millimètre, je tue tes deux compagnons. >>

Le félin noir était gueule bée, paralysé par la terrible situation. Larsson amena le cadran de sa montre jusqu'à son menton imberbe afin de déclencher, par le contact, une application ; il gardait ainsi l'autre main pointée sur le crâne de son jeune otage. Un signal électronique retentit.

<< Allô ... Soldat ... Mettez votre Zater à la puissance maximale. Si je vous l'ordonne, veuillez exécuter l'homme que vous venez de capturer dans l'hémicycle, le dénommé Klaus Friedrich.

— À vos ordres. >> répondit une voix.

La communication s'interrompit.

<< Voilà ... Alors ... Avant de te prendre une nouvelle petite décharge, tu daigneras bien t'entretenir un peu avec moi ... >>

L'animal observa les index placés sur les détentes des trois armes en joue, remarquant que celui de l'officier au pistolet trépidait de nervosité.

<< ... Pourquoi me tutoyez-vous ? D'où nous connaissons-nous ? >>

Larsson parut étonné. Il fronça les sourcils.

<< Qu'est-ce que tu racontes ? À quoi est-ce que tu joues ?

— Je ... Je ne sais pas ce qu'il se passe.

— ... Tu ne sais pas ? C'est ça ta réponse ?

— ...

— Et bien ... Moi non plus, je ne sais pas ce qu'il se passe, en particulier dans ta cervelle médiocre ! D'ailleurs, pour être honnête avec toi, je me suis toujours posé la question ; je n'ai pas attendu que tout cela arrive pour y penser !

— ... Je ne sais même pas de quoi vous parlez ... >>

Un grand vent frais les interrompit quelques secondes. Le chat maintenait toujours ses yeux-caméras sur les doigts posés sur les queues de détente.

Le Commandant reprit : << Je souhaiterais juste que tu me donnes une seule réponse avant d'en finir ... >>

Le félin noir patienta quatre longues secondes avant que l'homme, sur le curieux ton de la plaisanterie, ne lui formule une étrange révélation : << ... Étais-tu au courant que j'apprécie beaucoup l'air de la montagne ? >>

Les amusants coqs colorés revinrent subitement percuter l'esprit du matou. L'ex-forçat pris en otage put remarquer que ces mots venaient de provoquer chez la petite bête une subite contraction des paupières et un hérissement des poils ; elle se montrait plus menaçante, comme éprise d'une violente irritation intérieure mais encore contenue. L'officier se mit à ricaner en dévoilant ses gencives.

<< Tu le savais, hein ? Tu l'as appris ... C'est cela qui t'a fait partie en vrille ... poursuivit le Commandant.

— ... Quoi ? >>

Le chat tremblait littéralement, fusillant son interlocuteur du regard.

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant