8.7 : Le cri

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Sous le feu de la guerre, dans un abri en ruine aux murs de briques rouges, des soldats cagoulés tiraillaient au travers des meurtrières de fortune ou de fenêtres dont les vitres avaient littéralement explosées

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Sous le feu de la guerre, dans un abri en ruine aux murs de briques rouges, des soldats cagoulés tiraillaient au travers des meurtrières de fortune ou de fenêtres dont les vitres avaient littéralement explosées. Une déflagration retentit et inonda l'intérieur d'un nuage de poussière blanche.

<< Tu pourras prendre le contrôle de n'importe quel dispositif électronique ! >> rappela un homme en blouse blanche et à la barbe frisée.

Des coqs domestiques aux couleurs de plumage variées issues d'une palette irisée se mirent à chanter le lever du jour dans un paysage champêtre.

La série de réminiscences se clôtura par le tir de Sélène. Le chat se réveilla en hurlant. Il faisait jour. Zoran poussa un gémissement puis se redressa, les paupières encore relativement lourdes. La petite bête se trouvait à ses pieds, sur la couette.

<< Est-ce toi qui a hurlé comme ça ?

— Je refais souvent le même mauvais rêve ...

— La femme qui te tire dessus ?

— ... Oui, c'est ça ... >>

Ils purent entendre un bruit de pas à la cadence rapide en approche. Klaus Friedrich fit irruption dans la chambre, brandissant un couteau de cuisine dans une main et portant un sac en carton dans l'autre.

<< C'était quoi ce cri ? Il y a un problème ? >>

Il était vêtu du polo bleu de cobalt et du pantalon multipoches choisi la veille. Il avait gardé sa paire de bottines noires.

<< Ce n'est rien ... J'ai juste fait un cauchemar ... rassura le félin au pelage ébène.

— Bon ... Il vous faut prendre des forces ... >> conseilla le sexagénaire en posant sa lame sur la table de chevet.

Il sortit du sac deux bouteilles d'eau en plastique et deux paquets de sandwichs constitués de feuilles de laitue, d'une tranche de jambon, d'une tranche de fromage et d'une sauce ; il déposa les aliments sur la couette.

<< Il s'agit encore de ces sandwichs disponibles en autoroute, nous n'avons rien d'autre à la maison ... affirma-t-il. Les stimulateurs suggèrent aux citoyens qu'il s'agit de délicieux mets divers et variés quand ils les consomment, ils peuvent même aller jusqu'à croire qu'ils dégustent le plat de leur rêve. Bien sûr, il n'en est rien.

— Je sais ... Merci quand même ... fit le matou.

— Pour se procurer quelque chose de plus ragoûtant à Berlin, il faut être un Gardien de la Suggestion ... informa l'Autrichien en retournant à la porte d'entrée.

— Gardien de la Suggestion ... répéta l'animal à mi-voix, interrogatif.

— Rejoignez-moi au salon quand vous aurez terminé ... Ma maman n'est pas encore réveillée. Nous essayerons d'élaborer une stratégie pour passer de l'autre côté du mur de Berlin. Ah ... Zoran, tu devrais profiter qu'il y a une douche à disposition, tu sens mauvais ... >>

Il sortit.


Des fantassins cagoulés, dont les déplacements étaient facilités par leurs bottes à effet de gravité atténuée, firent irruption dans le quartier berlinois où se trouvait la tour de Ghislaine Friedrich ; ils se positionnèrent tactiquement en binômes autour du bâtiment. Quelques tireurs d'élite s'installèrent eux aussi dans les alentours, dont deux au sommet de l'immeuble qui lui faisait face. Le Commandant Ingmar Larsson, à partir de la baie vitrée du massif hélicoptère avec lequel il s'était précédemment rendu dans la cité ardente de Wallonie, assistait au déploiement stratégique de la troupe.

<< Encore quelques minutes ... >> prononça-t-il après avoir jeté un œil à l'objet circulaire qu'il portait au poignet.

Cinq soldats, qui se tenaient debout derrière lui, rabattirent leur cagoule thermique sur leur tête. Discrètement, il déposa un bonbon dans sa bouche.

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant