15.6 : La douane de la Confédération baltique

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Le coupé cabriolet se retrouva sur une voie bordée par une série de piquets bordeaux faisant office de barrière et, de l'autre côté de celle-ci, un talus de brins d'herbe en inclinaison très légère d'une dizaine de mètres qui s'achevait par une li...

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Le coupé cabriolet se retrouva sur une voie bordée par une série de piquets bordeaux faisant office de barrière et, de l'autre côté de celle-ci, un talus de brins d'herbe en inclinaison très légère d'une dizaine de mètres qui s'achevait par une lisière aux essences variées. La voiture rétrograda sa vitesse au fur et à mesure qu'elle se rapprochait des quelques balises d'alignement visibles au loin ; elles précédaient une cabine autoroutière ainsi qu'une structure semblable à un hangar agricole devant laquelle un panneau bleu et une ligne de démarcation blanche indiquaient la frontière avec la Lituanie.

<< Stop ! >> cria le chat.

La petite bête hurla le même mot une seconde fois, très insistante. Le Colonel polonais reprit en main les commandes du véhicule et freina.

<< Je vois des corps sur le sol ... Ils portent des uniformes. Il s'agit de douaniers.

— Tu es sûr ? Je n'arrive pas à distinguer ces formes ... émit l'officier.

— Je suis capable de les voir à cette distance. Ils sont tous à terre. Je crois qu'ils respirent encore, ils ont perdu connaissance. Quelqu'un nous attend à la frontière ! >>

Górski dégaina son Vis.

<< Zoran ... Prends mes ailes.

— Heu ... Hein ? >>

Le jeune homme s'empara de l'accessoire en plumes synthétiques situé sous le siège du conducteur. Ils évacuèrent tous les trois de la voiture et passèrent entre deux piquets pour se réfugier dans le fossé artificiel de bord de route ; la pluie matinale avait fortement contribué à la formation d'une fange bien fournie à l'intérieur. L'ex-forçat fixa la paire d'ailes sur les sangles dorsales prévues à cet effet du brêlage à ceinturon de l'officier accroupi. Ils se placèrent ensuite tous les deux à plat ventre dans la fange.

<< Que faisons-nous ? interrogea Zoran. Moi je ne reste pas ici, quitte à ramper cinq kilomètres dans cette boue !

— Le chat ... Tu dois passer la frontière.

— Et vous deux ? demanda le félin noir.

— Je vais protéger ton ami. Cours !

— Il faut retourner à Cracovie ! >> insista le jeune homme.

Les feuilles des houppiers aux alentours se mirent soudainement à danser en pagaille dans le souffle d'un vent troublé. Le hussard jeta un coup d'œil par-dessus le fossé, examinant attentivement le décor environnant. Le principal compagnon d'aventure du matou, lui, resta étendu, particulièrement nerveux.

La trombe d'un puissant souffle d'air dont la sonorité semblait sortir d'un tube d'orgue se jeta brusquement sur le cabriolet et le poussa instantanément dans le fossé. Il emporta également la casquette de Górski, qui se courba aussitôt avant de se redresser de nouveau afin de découvrir l'origine de l'agitation.

Un homme en treillis d'automne et également doté d'ailes dorsales se tenait debout de l'autre côté de la route. Son apparence était semblable à celle des frères Pyroski et Cryoski, à la différence que sa cagoule thermique était grège et que la gueule du canon de son pistolet en forme de dragon était large comme une main. L'arme était liée à un réservoir - fixé entre ses deux ailes - par d'amples et solides tuyaux flexibles en polychlorure de vinyle enroulés autour de son bras droit. L'équipement produisait un ronronnement rauque. Deux reptiles d'acier dépourvus de fusil à foudre étaient positionnés derrière lui.

<< Attaquez-le. >> commanda-t-il froidement aux robots.

Les monstres mécatroniques s'élancèrent sur le Colonel à moitié barbouillé de boue. Ce dernier vida son chargeur dans leur direction et parvint à en éliminer un. Le second lui sauta cependant dessus sans ménagement, lui happant ardemment l'avant-bras par la gueule. L'officier hurla de douleur et lâcha son pistolet. Le félidé de guerre réagit aussitôt, bondit sur la machine et lui creva les yeux avant de lui arracher, d'un coup de griffe, des câbles situés au niveau de sa gorge. Le dragon relâcha ainsi l'officier qui, dès lors, se laissa choir dans le fossé et chercha vainement dans la masse visqueuse son arme durant quelques secondes. L'avant-bras mal en point, Górski se décida finalement à relever la tête de la fosse creusée le long du sol afin de, naturellement, tenir compte de l'évolution de la situation.

Le rebelle, que le félin noir tenait également à l'œil, n'avait pas bougé d'un millimètre. Il enleva sa cagoule et la jeta sur le sol humide. Son crâne était complètement nu à l'inverse de son menton d'où descendait un bouc de huit centimètres qui avait la même teinte que sa protection faciale ; ses iris bleus renforçaient son regard perçant ; il semblait avoir quatre dizaines d'années.

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant