Le fils d'Hélios Arkoudas, toujours éclairé par les diodes électroluminescentes de la monture de ses lunettes et de sa paire de gants, se trouvait accroupi, un tournevis en bouche, près d'une double porte coulissante et hermétique qui, de toute évidence, avait été forcée au vu de son ouverture incomplète, de son léger endommagement et du pied de biche posé à terre.
La moitié des batteries que le garçon avait transportées dans le chariot de manutention avaient été ôtées de leur emballage. Il avait aligné trois d'entre elles sur le sol carrelé et, autour de leurs extrémités, enroulé le cuivre de gros câbles partiellement dénudés ; l'entrée initiale de ceux-ci dans la pièce avait préalablement été coupée. Il se redressa, jeta l'outil de poing qu'il tenait entre les dents et pressa ensuite une série d'interrupteurs adjacents à la porte d'accès. Le dispositif optoélectronique du plafond situé à une dizaine de mètres au-dessus de sa tête s'enclencha, émettant une vive lumière qui révéla le gigantesque laboratoire dans lequel il s'était introduit. La zone de carrelage autour de lui était jonchée de débris de verre. Un bureau de travail poussiéreux joint à une paillasse de manipulation était situé à quelques pas à sa gauche ; sur la surface figurait un vieil ordinateur portable où le disque dur avait été démonté et fracassé, un microscope numérique, de vieux moniteurs, un sachet de seringues, une boîte de gants en latex, un bec bunsen, des tubes à essais, divers appareils de mesure et autres accessoires de laborantin ... Un lot de blouses blanches et deux masques de protection respiratoire étaient accrochés sur un porte-manteau mural à proximité, près d'un évier sale en grès blanc. Une table d'opération était installée plus loin et, à ses pieds, un panier d'instruments chirurgicaux renversés à terre. Une chambre froide saillante - de deux mètres de hauteurs et cinq de largeur - , disposant d'une large sérothèque, se dressait à la droite du jeune homme ; un tabouret blanc et des éprouvettes contenant des substances de différentes couleurs rangées sur plusieurs niveaux de râteliers étaient visibles au travers des parois transparente. Elle était hors d'état de fonctionnement.
L'élément du décor le plus incontournable était incontestablement l'arbre de verre qui se dressait sur près de six mètres de hauteur au milieu de la salle. Un large récipient en fonte était posé au centre du collet du tronc creux ; autour des branches non-ramifiées s'enroulaient des serpentins transparents ; un minuscule trou était présent au bout de chacun d'entre eux.
La mine de Mégaclès parut marquée de satisfaction.
À proximité du corps étendu d'un douanier, le félin noir put entendre des hurlements. Il releva la tête et découvrit le pauvre Zoran, au beau milieu de la voie routière, dominé à terre par deux monstres mécatroniques acharnés qui s'accrochaient par la mâchoire à un bras et à une jambe. Plus le jeune homme essayait de se débattre, plus les reptiles d'acier exerçaient une pression qui pouvait s'illustrer par des giclées de sang. La petite bête, haletante, se mit alors à ramper à grand-peine vers le tracé blanc marquant la frontière entre la Pologne et la Lituanie. Aéroski se mit à marcher tranquillement dans sa direction.
Un troisième dragon, cette fois-ci pourvu d'un Zater, surgit d'une zone de bouleaux dans les bois environnants et s'en alla foudroyer le garçon, permettant à ses semblables de relâcher le corps.
<< Zoran ... >> poussa le matou.
La tête effrayante du dragon qui avait maintenu l'ex-forçat par la jambe explosa soudainement. Les deux autres bêtes robotiques se retournèrent et purent repérer, à l'instar du félidé capable d'effectuer des zooms à l'aide de ses yeux-caméras, un tireur d'élite tout de noir vêtu et couché sur l'accotement enherbé de la route balte à plusieurs dizaines de mètres de distance, le canon encore fumant. Un grondement résonna et le sol se mit à vibrer ; des chars de combat provenant de Lituanie, sur lesquels flottaient des drapeaux représentant un lion héraldique sable en posture rampante sur un fond argent, roulaient par dizaines en direction du poste-frontière. Des soldats de toutes ethnies, portant les mêmes habits que le tireur d'élite qui venait d'abattre l'un des monstres mécatroniques, se trouvaient assis sur les engins.
À leur vue, le chat poussa un frêle gémissement de surprise. Le dragon au Zater eut le dernier réflexe de décharger la foudre sur lui afin de l'assommer. La tête du monstre éclata alors en cinq morceaux à son tour au cours d'une nouvelle détonation. Aéroski, constatant que la situation tournait à son désavantage, enragea et se précipita sur la pauvre bête en poussant un cri de rage. Au moment où il se courba pour récupérer le petit corps, le tireur d'élite pressa une troisième fois sa queue de détente et le toucha à l'épaule gauche ; le rebelle recula instantanément, hurlant. Le dernier dragon en place, qui tenta de fuir par la voie des airs, se fit cribler de balles par des soldats postés sur le char de tête en approche. Le frère cadet de Pyroski et de Cryoski, finalement, se décida de décamper promptement des lieux à l'aide de son équipement qui lui conférait un déplacement agile et véloce.
Les miliciens commencèrent à se déployer sur le site.
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KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]
Ciencia FicciónGAGNANT WATTYS 2021 ⭐ Un mystérieux chat noir pourchassé par l'armée libère un jeune prisonnier ayant participé, quelques années plus tôt, à la dernière guerre des Balkans. Au fur et à mesure d'une traque qui se poursuivra au travers de l'Europe et...