18 ~ Quand le passé te revient en pleine figure

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Je rentre de ma sortie avec Graffitis, et Antoine n'est pas encore rentré de son entraînement du soir.
Je prends donc une douche et enfile un sweat à Antoine. Mmm cette odeur... si il y avait un parfum Griezmann ! Je lance une playlist et commence à cuisiner en m'enjaillant sur ma musique. 

La capuche enfoncée sur la tête, la cuillère en bois à la main comme micro, je dois avoir une drôle de dégaine. Ce qui est confirmé par Antoine qui, en rentrant, se fout de ma gueule.
- C'est agréable de ce sentir aimé ! lui lançais-je. Aller, à la douche ! Je sens ta puanteur jusqu'ici. 
Il file à la salle de bain pour en ressortir à peine dix minutes plus tard propre.
- Tu vois quand tu veux tu peux être rapide !
Il se colla à mon dos et finit de cuisiner avec moi. 
Il sorti les assiettes et les couverts et les plaça directement sur la table de la cuisine. Lorsque je m'assis, il rapprocha la chaise haute pour que je sois à la bonne distance.
- Merci, et bon appétit. 
- Tu t'es énormément améliorée en cuisine, je suis fier de tes progrès Kath !

- J'ai été voir Antonella aujourd'hui !
- Chouette, vous avez fait quoi ?
- Elle avait besoin d'aide pour finir les cadeaux de noël pour les enfants, alors je me suis occupé des trois petits monstres et elle des paquets. Après on a fait des jeux de sociétés. Et toi, comment c'était ton entraînement ce soir ?
- Intensif ! A croire qu'ils voulaient nous achever avant qu'on parte en vacances...!
- C'était probablement la cas, pour pas que vos muscles oublient pendant les vacances et qu'ils se souviennent encore lors du retour ! riais-je.

Alors qu'on avait presque finit, quelqu'un sonna. Antoine se leva et me dit de ne pas bouger. Je reste à l'attendre devant mon assiette sans y toucher attendant son retour.
Sauf qu'il ne revient pas et les minutes passent. Ça va faire presque dix minutes quand même. Je décide de me lever et le rejoindre. 

Il est sur le pas de la porte, face à une jeune femme aux cheveux blonds ternes, les yeux fatigués. Antoine n'a pas l'air à l'aise face à elle.
- Antoine, tout va bien ? demandais-je.
- Oui, tout va bien, répond-t-il.
Mais sa voix a tressaillée. Non, ça ne va pas.
- Que voulez vous madame ? 
- C'est elle que tu te tapes maintenant ? J'espère que c'est un bon coup vu sa carrure ! 
- Okay, Antoine tu veux bien débriefer ? demandais-je calmement.
- Une ex d'il y a quelques années...
- Il y a quatre ans, tu ne te souviens pas de la date ? s'étonne-t-elle.
- Je t'ai sorti de ma vie, j'ai même dû demandé une injonction d'éloignement Paulina ! Pourquoi tu reviens maintenant ?! commence à s'énerver désespérément Antoine.

Il en a dit bien assez verbalement et silencieusement pour que je décide de prendre le relais.
- Je me suis dis que peut-être avec le temps tu te serais rendu compte que c'était moi qu'il te fallait ! Tu disais que j'étais la femme parfaite ! Laisse moi revenir !
- Comme tu nous l'as gentiment fais remarqué, tu as parlé au passé. Paulina, si tel est ton nom, tu appartient au passé d'Antoine, et il n'a pas l'intention de te remettre au goût du jour. Maintenant tu vas nous laisser tranquille avant de le regretter, l'avertis-je calmement pour apaiser la colère qu'elle faisait naître en moi.

Elle ouvrit la bouche pour rétorquer mais je ne lui en laisse pas le temps. Je l'attrape en clé de bras pour l'emmener avec moi loin d'Antoine. 
- Aïe ! Ector, Ector ! crie-t-elle.
- Arrête de crier tu va ameuter tout le voisinage que tu pars faire un tour au commissariat. 
Je me tourne vers Antoine et lui demande de rentrer. Au moment où je tourne la tête vers Antoine pour vérifié qu'il est en sécurité à l'intérieur, je reçois un coup dans le flan.
- Lâche ma sœur toi !
Il se prépare à attaquer de nouveau. Je pousse Paulina au sol et pare son attaque. Je frappe d'un coup plat dans sa gorge, il se penche en avant et là je lui mets un coup de genou dans l'abdomen. Soufflé, il tombe à terre à côté de sa sœur. 

Antoine, alerte, ressort l'air totalement déboussolé. J'appelle la police en gardant un œil sur les deux au sol. Rapidement ils débarquent et récupère Paulina au sol pendant que je ramasse son frère pour le leur confier. Je redemande une injonction d'éloignement des deux envers Antoine, puis ils les embarquent. Je regarde un instant la voiture s'éloigner avant de courir vers Antoine qui s'effondre au sol. 

A mon tour, je récupère Antoine au sol et le porte jusqu'à l'intérieur, sur le lit. Je m'assois à côté de lui mais il s'allonge à moitié et pose sa tête sur mes cuisses. 
- Antoine ? Antoine, ça va aller ?
Il ne me répond pas. Il est juste recroquevillé sur lui-même.

- Comment tu te sens ? demandais-je toujours doucement.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demande-t-il tremblotant.
- Quand j'ai voulu la sortir, elle a appelé son frère qui m'a prise par surprise. T'inquiètes pas, je n'ai rien fais de bien méchant, juste porté mes coups pour lui couper le souffle, c'est vraiment pas agréable, mais il n'y aura pas de séquelles. Et j'ai appelé la police pour qu'ils les emmènent loin de toi et leur redemander une injonction d'éloignement. Pourquoi tu as réagis comme ça ? Tu avais vraiment l'air pas bien...
- J'ai vraiment beaucoup aimé Paulina. J'ai vraiment cru en notre relation, elle a duré. Mais avec le temps, quand on a commencé à vivre ensemble, j'ai découvert une autre personne que la fille que j'aimais, et ça m'a fait super mal parce que je l'aimais vraiment. J'ai mis du temps à accepter qu'elle n'était pas qui elle prétendait être au début...
Je lui caresse doucement les cheveux. Lui, étouffe un sanglots.
- Je sais pas comment elle a fait pour me retrouver... Mais ça a ravivé pas mal de souvenirs de la revoir... Bons comme mauvais... Je...
- Chut... murmurais-je. Pleures, laisses-toi aller ça fais du bien tu verras. Je peux partir si tu veux, si ça te gêne, je serai dans le salon...
- Non, reste. S'il-te-plaît, dit-il sur un ton presque implorant.
- Je suis là, je suis là...

On resta un moment comme ça : Antoine, en boule, sa tête sur mes cuisses et moi penchée sur lui à lui caresser les cheveux pour l'apaiser. Il lui fallut un moment pour se calmer. Mais lorsqu'il fut calmé, qu'il fut remis de ses émotions il se confia :
- Tu sais ce que j'aime avec toi ? souffle Antoine. C'est que peut importe la situation, je me sens en sécurité avec toi. Que ce soit physique ou mental. J'ai pas besoin de jouer un personnage hyper viril qui n'a peur de rien, qui ne pleure jamais, ce personnage c'est pas moi. Face à toi, je suis tel que je suis, vulnérable.
- Humain, répondis-je. 
- Ça me fais du bien Katherine, d'être moi même. C'est difficile avec la pression permanante des médias. Alors qu'en vrai, j'ai même peur des araignées. Et souvent dans un couple c'est le gars qui doit s'occuper de ce genre de choses, tu vois ? J'ai jamais été l'archétype du gars parfait, viril, courageux...
- La perfection c'est ennuyeux Antoine, il n'y a pas d'évolution possible lorsqu'on est parfait. Et laisse moi te dire que tu es très courageux Antoine, petit tu n'as jamais abandonné, et ça demande beaucoup de courage un tel parcours. Et même aujourd'hui, être un homme vulnérable, qui assume ses émotions, c'est encore une fois du courage, surtout dans nos sociétés qui prônent une masculinité aussi toxique. Il existe le féminisme pour défendre le droit des femmes et nos libertés, mais il existe aussi le masculinisme pour essayer de se libérer de cette masculinité toxique et de ces idées patriarcales. 
Je marque une légère pause.
- Assumer, et surtout s'assumer est un pouvoir immense contre lequel personne ne peut rien.

Il redressa la tête et me sourit faiblement.
- Regardes nous, tu as peur des araignées, et tu cuisines superbement bien, contrairement à moi. Ça ne fais pas moins de toi un homme, si tel est comment tu te vois. On forme un duo particulier. Mais c'est comme ça qu'on s'aime non ? En tout cas, moi j'aime le petit garçon qui vit en toi, celui qui rit au éclat lorsqu'on se chamaille, celui qui vit un rêve éveillé sur le terrain, celui qui pleure sans se soucier de ne pas être assez "viril" selon cette société, celui qui a peur et qui peut hurler à en briser du verre... C'est comme ça que je t'aime, toi tout entier avec toutes les émotions qui te composent, tous les sentiments, toutes les pensées et les idées qui te traversent l'esprit.

- Kath, je...
Sa phrase resta sans fin. 


Hello ! J'espère que tu vas bien :)
Voilà, lundi nouveau chapitre, ça t'a plu ? 
Dis moi si ça t'embête quand j'écris à la fin, si c'est le cas je les écrirais que quand il y a besoin

Passes une bonne semaine !
Lucy ❤

Une formation ~ Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant