40 ~ Jour infini

274 13 4
                                    

Lorsque je me réveille je suis directement éblouie. La lumière est puissante, très blanche et parfois grésille un peu ce qui la fait sauter comme des flashs de lumière plus intense. Les murs lisses et blancs renforcent la lumière. Tout est blanc. 

Pas de lit, pas de meuble, rien. Vide. Une toute petite pièce de deux mètres sur deux. Blanche. Je vois même pas d'où sortent les lumières. 

Si je me suis pas trompée dans mes comptes on doit pas être très loin du vingtième jour. Mais puisque que j'ai dormi suite à des coups j'ai pu dormir beaucoup d'affilé sans vraiment savoir...

Je fais le tour de la pièce pour en trouver la sortie. Je longe les murs, lisses. Rien. Aucune irrégularité qui indiquerait la découpe d'une porte. Pourtant je suis bien entrée ici.  

Je n'ai qu'à attendre. 

Le temps se dilate. Et disparait. 

Il n'y a plus de temps.

J'attends.

Mais rien ne viens.

Pas même de la nourriture. 

Epuisée par cette stimulation visuelle permanente je tente de dormir pour me couper de ce monde mais les flashs de lumières sont trop forts et traversent mes paupières. 

J'ai été entrainée à supporter différentes sortes de tortures psychologiques, et la plus proche de celle-ci est celle de la privation sensorielle. Enfermée dans une pièce sans lumière, aucun bruit, aucun son, immobilisée... Privée de la vue, de l'ouïe, du touché et de l'odorat et le goût puisque qu'on ne te nourrit pas non plus, tu n'as plus aucun repère et ceux qui te détiennent peuvent faire ce qu'ils veulent de toi. Nos instructeurs nous avaient mit en garde par rapport à la violence et les conséquences de cette torture. Mais elle est très efficace aussi.
 
Celle-ci est pire... Deux des trois sens les plus utilisés, la vue et l'ouïe, sont stimulés en permanence ! Par les lumières avec les flashs et par un bourdonnement aigu, un peu comme un acouphène, diffusé en continu...
Dans le noir et sans bruit je m'étais calé sur le bruit des battements de mon propre cœur, qui correspondent à peu près à une seconde quand on est calme. Là je peux même pas l'entendre avec ce son. 

J'essaie de nouveau de fermer les yeux, de me concentrer sur les flashs qui traversent mes paupières, comme un orage, mais le son horrible m'empêche de m'imaginer derrière une vitre, à la maison, à regarder l'orage au loin... 

Je fais danser mes mains au dessus de ma tête, ça m'occupe, fait passer le temps... Je me revois petite quand je faisais mon spectacle de danse contemporaine. Ce temps où tout dans ma famille allait encore bien. Pour cinq ou six ans encore...


La luminosité baisse légèrement ! Et le bruits de pas approche. 
- Alors commandant, comment vous sentez vous ? me demande-t-il soudainement penché au dessus de moi. J'ai du vous faire transférer ici. A l'isolement. Vous êtes d'une extrême résistance, on vous a bien formé. Mais  vous verrez, l'isolement ça brise même les plus forts d'entre vous. 
Il marqua une pause dans son récit avant de reprendre.
- D'après vous, comment on a réussi à déjouer la mission Bêta3001 ?

Cette mission était l'une des plus grosses qui avait jamais été montée. Beaucoup de soldats étaient sollicités. Ça a finit en bain de sang. Les pertes ont été nombreuses.
Et maintenant je sais comment ils ont eu les infos pour tout foutre en l'air. 


- Ce serait plus simple si vous parliez commandant. Vous devez commencer à avoir faim, non ? Je vous apporterai personnellement un véritable repas si vous parlez. Vous savez ce qu'on veut savoir.
- Hors de question.
- Vous êtes tenace, j'admire votre résistance. Même après plusieurs jours ici vous tenez encore bien... Je repasserai dans quelques jours alors.

Une formation ~ Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant