147 ~ Tu as le droit d'être vulnérable

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Je suis rentrée à la villa romaine, laissant mon frère devant l'ancien domicile familial. Anna-Rose a couru pour le retrouver à l'entrée du pavillon. Puis je suis partie, les laissant entre eux. Je me sens étrangement étrangère à ce deuil. Bien que c'était ma mère, j'avais tellement coupé les ponts plusieurs années auparavant, j'en étais devenue une étrangère à ce noyau familial. 

J'appelle Antoine, resté en Espagne.
- Hugo va rentrer quand ? Il a demandé ses jours ? Il doit en avoir trois pour un parent.
- Non, il repart demain soir pour être rentré pour reprendre les entraînements. Il a match dans quatre jours.
- Tout le monde comprendra qu'il ne soit pas là...
- Il ne veut pas. Et je pense que c'est sa manière de ne pas rester enfermé dans sa douleur. Sur le terrain, tu le sais, plus rien d'autre n'existe que l'instant présent.
- C'est vrai. J'espère qu'il va tenir le coup. Qu'il sait ce qu'il fait.
- Je pense. Et il sait qu'on est tous là pour lui. 
- Marine et les enfants vont rentrer en même temps ?
- Non, il n'y avait pas assez de place pour faire un retour tous les cinq en même temps. Elle va rester une journée de plus. Je m'occuperai des enfants pour les divertir un peu. Je pense que Léandro ne comprend pas vraiment, Giuliana n'a pas l'air d'avoir complètement réaliser, mais Anna-Rose c'est vraiment compliqué. Et en même temps elle a eu toute l'attention de sa grand-mère dès le début puisque je n'étais plus là elle s'en est occupée comme sa fille. Elle est dévastée. 
- La pauvre. Et toi ?
- Off, tu sais que ça ne m'a pas vraiment atteint. Je suis à la villa. J'irai courir dans la soirée. Bon, dis-moi plutôt comment ça se passe à la maison. 
- Graffitis t'as cherché un peu partout, tu ne lui à pas dis au revoir... 
- Oh mon loulou... Je rentre bientôt.
- Arman ? Tu veux parler à Kath ? ... Tiens.
- Coucou. 
- Hey, comment tu vas mon p'tit cœur ?
- Tout roule comme sur des roues ici !
- Comme sur des roulettes mon chat.
- Tout roule comme sur des roulettes, se reprend-t-il. J'ai eu un 19,5 sur les fractions hier !
- Woah ! Mes félicitations !
- Tu te rappelles des nombres de la météo, est-ce qu'on pourrait en discuter quand tu rentres s'il-te-plaît ?
- Bien sûr, mais tu commences à prendre beaucoup d'avance là haha. C'est la maîtresse qui les a mentionné, je suis curieux c'est tout. 
- D'accord, d'accord. On en discutera quand je rentre, d'accord ? Je reviens après demain.
- Tu viendras me chercher à l'école ?
- Si j'arrive assez tôt. 

Après avoir encore un peu parler avec Arman et Antoine, on a raccroché et je m'apprête à partir courir. Je pense aller vers la promenade des anglais, et faire un petit tour par là. Rien que la promenade me fera 14km aller-retour, ça sera une bonne petite course. 
Je prends néanmoins mon téléphone au cas où.

Vibration.
Hey, est-ce que tu pourrais passer me prendre ce soir vers 19h30 s'il-te-plaît ?
Ma belle-sœur. Je réponds immédiatement : Bien sûr compte sur moi


Le soir-même, 19h30

Je me gare devant le domicile familial. Et l'instant d'après, j'aperçois mon frère accompagner sa femme vers la voiture.
- Bonsoir Kath. 
- Comment tu te sens ? je lui demande.
Il a les yeux rouges et gonflés. Marine n'est pas maquillée, elle pleure sûrement elle aussi.
- J'ai besoin de prendre l'air, me dit-elle simplement.
- Je sais exactement où t'emmener.
- On fait une veillée ce soir, si jamais tu veux participer, me propose mon grand frère.
- Tu sais que je ne suis plus la bienvenue dans cette maison, répondis-je tristement.
- Je suis désolé.
- Ce n'est pas toi, ne le sois pas. Je t'aime. 
- Moi aussi je t'aime.
Puis il nous laissa partir. 

Je l'emmène évidemment vers le bord de mer. Je me gare et lui prends la main pour la guider. On descend sur le sable froid, et je la conduis vers l'eau qui fait ses roulis sur le sable.
- Ferme les yeux et écoute.
Toujours main dans la main, je ferme les yeux avec elle et me laisse transporter par les autres sens.

Le vent est frais, il nous fouette le visage, le son des vagues qui viennent s'écraser à deux mètres de nous, l'air marin qui nous empli les poumons. Cet instant s'arrête dans la course effrénée du temps.

Après un moment elle se tourna vers moi pour me prendre dans ses bras.
- Merci Katherine. Merci, sanglote-t-elle.
Je garde mon étreinte aussi longtemps qu'elle y reste.

- Je devrais peut-être rentrer...
- Marine, si tu ne te sens pas d'y retourner, rien ne t'y oblige. Tu es forte, très forte, mais tu as le droit d'être vulnérable. Et tes enfants le comprendront. Et Hugo le comprendra parfaitement aussi. Mieux que quiconque. 
- C'est vrai. Mais je veux être auprès d'eux pour affronter ça.
Je lui souris simplement.

- Et toi Kath ? 
- Moi ?
- Tu as l'air de tenir le coup comme si de rien n'était, mais même si tu n'étais plus en contact avec tes parents depuis longtemps, ça touche quand même ta famille.
- Le plus dur pour moi, c'est pour vous, l'interrompis-je.
- Tu sais que toi aussi, tu as le droit d'être vulnérable.
- Elle ne mérite pas que je le sois. Pas pour elle.
- Kathy...
- Pour vous oui, mais pas pour elle.

Après avoir respiré encore un peu l'air frais et marin, je la ramène.
Giu l'attendait près de l'entrée.
- Ça va ? me demande-t-elle.
Je la prends dans mes bras pour la porter.
- Oui, ne t'inquiète pas pour moi. Et toi ?
Elle hocha simplement la tête. Avant de la nicher dans mon cou.
- Tu me promets que tu resteras toujours avec nous ?
- D'une manière ou d'une autre je le serai toujours. Tant que tu penseras à moi, ou que Papa, ou Maman, ou Anna ou Léandro... tant que quelqu'un pensera à moi, je serai toujours là.
Puis elle du s'arracher à mes bras pour rejoindre ma mère qui l'attendait pour rejoindre les autres à l'intérieur pour commencer la veillée.

Hello hello ! 
J'espère que tout va bien pour toi, que tu as aimé le chapitre ! 
Je suis doucement en train de me remettre alors j'ai vraiment rien écrit cette semaine, j'avais écrit ce chapitre et le précédent presque en one shot. Mais j'espère avoir plus d'inspiration prochainement..!
A très vite je l'espère !
L. 🤍

Une formation ~ Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant