146 ~ Je ne viens pas pour elle. Je viens pour toi.

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Salut Kath ! Je voulais te prévenir, on vient d'apprendre que ta mère est morte. Je voulais juste que tu sois au courant.
Je t'aime.

Je du lire deux fois le message de Marine pour comprendre. Puis sans une seconde d'hésitation j'appelle mon frère. 

Il ne répond pas. Ce qui n'est pas son genre. Je réessaie. Toujours pas. Encore une fois. Mais je tombe encore une fois sur la messagerie. Je décide alors de poser mon téléphone et commence à tourner en rond dans le salon, inquiète.

Mon téléphone vibre. Je saute dessus. C'est Marine.
- Hugo ? tentais-je quand même.
- Non c'est Marine. Il est au téléphone avec votre père, il m'a écrit sur l'ardoise du frigo que tu essayais de l'appeler. 
- Okay.
- Est-ce que ça va ?
- Je sais pas trop... J'attends d'avoir Hugo. 
- Oui, je comprends. Je pense que si il est en état, il te rappellera directement après. Tu... tu veux que je reste au téléphone avec toi en attendant ?
- Ça devrait aller, merci Marine. Et toi ? Ça va aller avec les enfants ?
- Je vais me débrouiller, t'en fais pas. 

J'empoche mon téléphone pour le garder près de moi et attrape la laisse du chien. 
- Graffitis ?
Le loup du Canada arriva a toute vitesse. 
- Aller viens, on va dehors !
J'attrape le ballon d'Arman en passant dans l'entrée puis sors avec mon chien. 

On marche jusqu'au terrain non loin de la maison où on va pour jouer au foot. Je me place en face d'une des deux cages et tire. Graffitis se fait une joie de me rapporter le ballon ensuite. Et on recommence.

A force de tir, je commence à être fatiguée. Je m'assois dans l'herbe et Graffitis me pousse pour que je tombe et qu'il s'allonge sur moi. Ce qui me fit rire.
Mais mon téléphone vibre et me ramena à la réalité. C'est Hugo.

- Hugo ?
Je l'entends renifler avant qu'il ne me demande comment je vais. 
- Et toi ?
- Je sais pas...
- Comment tu te sens ?
- Confus, perdu... Elle m'a caché sa rechute. Son cancer était revenu. 
- Oh...
Je me souviens, la première fois, on était encore tous les deux sur Nice. Et elle l'avait dégagé comme si ce n'était qu'un rhume !
- Elle ne m'a rien dit ! On aurait pu passer la voir au moins une fois ! Et... et c'est trop tard maintenant !

Je sens la rancœur qui l'anime. Elle a beau m'avoir complètement délaissé lorsque je suis partie dans l'armée, elle reste néanmoins une mère pour Hugo. Cette même mère qui lui préparait un goûté pour la sortie de l'école avant l'entraînement, qui l'accompagnait à chaque tournois, chaque compétition, qui le soutenait quoi qu'il arrive. 
- Hugo ? Ça ne remet pas en cause qu'elle t'aimait, d'accord ? 
- Hum. 
Un silence s'installa.

- C'est dans une semaine. 
- Où ?
- Nice. Le cimetière de la grosse église.
- Je passerai te prendre à l'aéroport. 
- Tu n'as pas besoin de venir si tu ne veux pas. Avec tout ce qu'elle a fait...
- Je ne viens pas pour elle. Je viens pour toi. 
- Merci Kathy.



Nice, une semaine plus tard.

Je stoppe la voiture le long du trottoir en face de l'entrée du cimetière. Hugo s'apprêta à ouvrir sa portière mais suspendit son geste quand je posa ma main sur la sienne. 
- Je ne bouge pas. Si t'as le moindre problème, si ça va pas... je suis là. Je t'attendrais.
- Merci, murmura-t-il, à peine audible. 
Je lui fis un bisou sur la joue et il sorti. Ma main glissa sur la sienne avant qu'elle ne retombe sur le siège vide. 

Il regarda des deux côtés avant de traverser la rue et il rejoint Marine qui venait tout juste d'arriver avec les enfants. Il l'embrassa et passèrent le petit portillon cimetière. Tous vêtus simplement et en noir. 

Pour moi, ma vraie mère est morte il y a bien longtemps. Et le temps a fait mon deuil.

Je déteste l'hypocrisie des gens lors des enterrements. "Oh, je vais la regretter. Tu vas beaucoup nous manquer, on t'aimait beaucoup !" alors qu'ils n'étaient jamais vraiment là dans la vie de la personne.


Lorsqu'Hugo revient, il portait Anna-Rose. Elle pleure, et tient déjà plusieurs mouchoirs dans ses mains. Je sors de la voiture et lui récupère tous ses mouchoirs pour les mettre dans la petite poubelle de ma voiture et lui en donne un nouveau.

Elle descend des bras de son père et j'attrape sa main. Je m'abaisse à sa hauteur et la serre dans mes bras. C'est leur premier décès, et on est jamais préparé à perdre ses proches. 

Marine et les enfants vont aller chez notre père. Je laisse Anna repartir vers sa mère et lance un regard à Hugo. C'est lui qui décide quand on part.
- Je reviens Anna, okay ? Je vais faire un tour avec tata.
Elle hocha la tête et lui fit un dernier câlin. 

On remonte en voiture et je prends la direction des calanques. Lorsqu'on arriva, le temps avait tourné du gris léger à un gris plus sombre et le vent s'était levé. Je gare la voiture et on marche un peu pour s'en éloigner. 

Là. On est seuls. Rien que nous.

Hugo commence à crier. Un long cri rauque. Un cri qui brûle. Et je me joins à son cri. 
On hurle dans le vent, déversant pour mon frère toute sa colère et sa tristesse lui déchirant le cœur. 
Une fine pluie s'ajouta. Mais on continua, presque à s'en briser la voix. Ça n'importait pas en cet instant. Rien d'autre que ce moment comptait.

Quand on eut vidé nos cœurs, on se regarda puis Hugo me tomba dans les bras. Les yeux bouffis et rouges, épuisé... On s'assit sur le sol rocheux en regardant l'horizon, ma tête posée sur son épaule, et la sienne sur la mienne. 


Hello !
Excuse-moi pour mon retard, il est 23h49 on est encore Lundi, mais bien après l'heure habituelle, désolée.
Nouveau chapitre après deux semaines sans rien, j'espère que tu as apprécié même s'il n'est pas des plus marrant.
Je vais essayer de préparer le chapitre pour être à l'heure la semaine prochaine !

Une formation ~ Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant