132 ~ Œil directeur

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La journée d'arrivée, hier, s'est plutôt bien passée, Jo a pas mal pris les devants pour que je prenne le temps de prendre mes marques. Maintenant c'est ma première vraie journée sur le navire, il va falloir que s'assure. Et je suis un peu stressée. 

Je me change rapidement pour mettre des vêtements et revêtir la combinaison qui fait office d'uniforme sur le bateau. 
- Elle te va bien la combi ! me lance Jo qui sort de la salle de bain. 

Ça me rassure qu'on ne soit que toutes les deux dans ce dortoir. Si j'ai du mal à tenir le coup un moment, il n'y a que Jo qui pourrait faire irruption et pas d'autres matelots qui partageraient notre dortoir. J'étais vraiment enthousiaste à l'idée de venir la seconder, mais maintenant je doute un peu. Et si je n'étais pas bonne pour ça ? 
- Kath ? T'es prêtes ? 
L'appel de Jo me fait revenir à la réalité. On se dirige vers la cantine pour prendre un petit déjeuner. En chemin, j'attache mes cheveux en un chignon bas pour pas qu'ils ne me gênent pendant la journée, et suis Jo à la trace car je ne me suis pas encore repérée dans le dédale. 

- On devrait majoritairement travailler de jour nous, commence Jo en s'asseyant à une table. Pour le principal de l'entraînement en tout cas, ce sera de jour. On va avoir deux trois trucs de nuits, mais pas tout de suite. Tu as remarqué qu'il n'y a pas beaucoup d'hublots, c'est pour les radars. Mais pas d'hublots, pas de lumière du jour. Donc, de jour tout est éclairé blanc, et de nuit c'est éclairé rouge. Enfin, il y a toujours de la lumière dans les parties principales du bateau, ne t'inquiètes pas. Et évidemment on a des rotas sur 24h donc il y a toujours une équipe qui s'affaire à faire tourner le bateau et tout qui va bien. Et tour à tour, on aide sur des petites tâches où aucun marin n'est attribué aussi. Ça fait parti de la vie commune. 
- Okay, pas de soucis.
- Alors, le programme de notre journée est...
Elle regarda un papier qu'elle avait plié dans sa poche. 
- On va commencer avec du tir de précision.
- En intérieur ou en extérieur ? demandais-je.
- Ce sera avec des fusils classiques, mais on sera sur le pont. Il y a pas vraiment la place pour ça à l'intérieur.
J'acquiesce. 
- Il y en a pour qui c'est leur première sortie en mer, me précisa ma marraine. Et pour certains ce n'est pas le cas mais l'entraînement est a perfectionner. 
J'acquiesce une nouvelle fois. 

- Il doit reprendre quand Antoine ? 
- Je crois qu'ils réfléchissaient à le mettre dans la liste du prochain match dans quelques jours même si il n'est pas titulaire. Mais la décision n'était pas prise et je n'ai pas eu de nouvelle. 
- Tu as la date du match ?
- Le six je crois. Ou le neuf. Désolée je me souviens plus. 
- T'inquiètes, on vérifiera et j'arrangerai notre emploi du temps pour qu'on aille le regarder sur mon ordi, me sourit-elle. Oh, il faut qu'on y aille. C'est parti ?
- Let's go !
Elle capta l'attention des matelots et ordonna de la suivre.

On arrive sur le pont. 
- Okay, exercice de tir de précision ce matin. 
J'assiste Jo légèrement en retrait pour le moment. J'observe plus que je n'agis. Pour connaître le groupe, savoir qui posera problèmes.

Elle donna les consignes et je remarque déjà une matelot qui n'écoute pas. Elle discute avec une autre, qui semble plus jeune qu'elle. Je regarde leurs noms sur leurs uniformes : MONNIER et... MONNIER. Seraient-elles sœurs ? L'une a l'initiale M et la seconde a l'initiale B.
- Les filles, commençais-je. 
Mais M ne semble pas se préoccuper de ce qu'il se passe autour, tandis que B semble tenter d'écouter Jo mais donner le change envers M. 
- Les deux MONNIER ! m'exclamais-je brusquement. Votre instructeur parle.
Je vis les yeux de M monter au ciel. Je sens qu'elle va être reloue à cadrer. 

L'exercice commence. M se débrouille correctement, mais B semble moins à l'aise. Le groupe est dans l'ensemble plus ou moins homogène. Je vois M corriger B à plusieurs reprises. Je regarde les autres, Jo est penché sur un matelot pour corriger sa position. B manque terriblement sa cible. Je m'approche d'elle.

- C'est quoi ton prénom s'il-te-plaît ? 
Elle se retourne surprise.
- Bé, Béatrice, béguait-elle.
- Okay Béatrice, on va faire quelque chose ensemble. Baisses ton arme tu n'en as pas besoin. Regardes la cible avec les deux yeux ouverts. Tends ton bras et place visuellement un doigt sur la cible. C'est bon ?
- Oui. 
- Fermes l'œil droit. 
Elle s'exécute.
- Ton doigt est toujours sur la cible ou il est à côté de la cible.
- Légèrement décalé. 
- Rouvre l'œil droit. Est-ce que ton doigt est toujours à peu près sur la cible ?
- Oui.
- Bien, maintenant fermes l'œil gauche. Est-ce que ton doigt est toujours sur la cible ?
- Plus vraiment, là il est plus décalé. 
- Tu es dyslexique Béatrice ?
- Un peu.
- Ceci explique cela. Tu sais comment ça fonctionne ?
- Pas vraiment.
- Normalement on a tous un œil directeur c'est l'image principale de notre cerveau. L'autre œil sert pour la perspective, la 3D et reconstituer l'image de ton champs de vision que ton œil directeur n'a pas, comme pour la tache aveugle. Chez les dys, il n'y a pas vraiment d'œil directeur et le cerveau reçoit les deux images en traitement, ce qui donne que les lettres comme le 'b' et le 'd' s'inversent, que les lignes peuvent se croiser... etc. Là, l'œil le plus directeur semble être ton œil gauche. Essaie de viser avec celui-ci et si c'est toujours légèrement décalé, ce qui n'est pas impossible à cause de la dyslexie, recale le par rapport à comment c'était décalé. Tu vois ce que je veux dire ?
Elle hocha vigoureusement la tête. 
- Vas-y Béatrice, l'encourageais-je. 
Elle lève de nouveau son arme, ferme l'œil droit et vise. Tire. Elle touche la cible, presque au centre, tout juste décalé à droite.
- Donc quand tu vises tu sais que tu dois viser très légèrement à gauche de ce que tu veux vraiment viser pour l'atteindre. C'est vraiment très bien Béatrice. Continue comme ça, c'est super !

Je vis le regard que me décrocha celle qui semblait être sa sœur. Je la regarde tirer de nouveau puis m'approche d'elle pour d'un doigt descendre son épaule droite et la reculer.
- Garde ton épaule basse pour la stabilité de ton tir. 
A peine j'ai replacé son épaule qu'elle la fait tourner pour sortir de la position que je viens de lui corriger. Elle tire et manque la cible. Tandis que Béatrice elle; ne la rate plus. 
- C'est comment ton prénom à toi ?
- Morgane.
- Vous êtes sœurs ?
- Bah oui, lâcha Morgane.
- Oui, répondit simplement Béatrice en même temps. 

Je garde pour le restant de la séance un œil sur la prétention de Morgane MONNIER et sur les progrès de sa petite sœur. Je corrige quelques autres matelots mais globalement ça va assez bien.

Puis Jo leva la séance pour la pause déjeuner. 


Hello mon p'tit pote de wattpad !
J'avais une question : comment es-tu tombé.e ou as-tu découvert l'histoire ? Je suis curieuse de savoir comment tu es arrivé.e jusqu'ici :)
J'espère que tout va bien pour toi, que la semaine dernière était cool et que celle ci le sera tout autant ! 
A très vite pour la suite de la mission ;)
L. 🤍

Une formation ~ Antoine GriezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant