[15 Avril 2022]
- On est éliminé de la Ligue des Champions.[17 Avril 2022]
- On a gagné mais j'ai pas été assez bon.[20 Avril 2022]
- J'ai pas été efficace.Samedi 30 Avril 2022
San Mamés Stadium, BilbaoPDV d'Antoine
On quitte le terrain et je peine à retenir mes larmes. Derrière mes camarades, je rentre au vestiaire, la tête baissée. Il fallait que la semaine où mes parents sont venus je sois nul. Nul de A à Z.
Simeone prend la parole, puis Koke. Mais je suis incapable de comprendre ce qu'ils disent, je suis incapable d'écouter. Leurs paroles me parviennent aussi compréhensible que dans de l'eau. Ce mois d'Avril aura été un désastre pour l'Atlético. Moi en particulier. Et mes parents, Kath, Arman.. ils ont assisté à ça en première ligne.
- Prenez votre temps chicos, je vais m'occuper des journalistes. Et je ne vous laisserai pas trop dans la fausse aux lions, finit Simeone.
J'ai pas envie d'affronter les journalistes. Je veux plus. Je veux disparaitre, là. M'enfoncer dans le mur du vestiaire et disparaître.Une main se tend vers moi. Je redresse la tête, Koke.
- Aller, viens. Une bonne douche ça nous fera du bien. Au moins pour l'odeur.
- C'est toi qui pues, je réplique.
- Tu reprends du poil de la bête, cool !Il n'a pas tord : la douche fait du bien. Je reste un moment l'eau tombant directement sur mon visage. Je n'ai toujours pas envie de sortir. Mais je finis quand même par le faire. Je passe mes vêtements floqués du logo de mon club et m'assois sur le banc.
J'envois un message à Kath :
Tu peux venir s'il te plait ?
Sa réponse est immédiate :
Je ne peux pas passer la sécurité- Ben ? je l'interpelle avant qu'il ne sorte.
- Oui ?
- Tu peux aller me chercher Kath s'il te plaît ? Elle ne peut pas passer la sécu, et elle connait pas les couloirs jusqu'ici.
- Oui, bien sûr. J'arrive.Il n'y a presque plus personne dans le vestiaire quand elle arrive.
- Je vais affronter les journalistes, je vous laisse. A tout à l'heure Anto.
J'hoche la tête.
- Je vais pas y arriver.
- A ?
- Tenir devant les journalistes.
Elle ne répond pas tout de suite.
- Je ne peux pas y échapper. Ils vont me tomber dessus. Le mois d'Avril a été mauvais pour l'Atlé et je suis complètement nul.
- Antoine, arrête de dire ça s'il te plaît ! Et ne le pense plus. T'es loin d'être nul ! Je t'assure !
Je craque complètement. Ce n'est pas quelques larmes, mais un torrent qui s'échappe de chacun de mes yeux.
- Antoine, souffle-t-elle en me prenant dans ses bras. Antoine, non je ne voulais pas te faire pleurer.
- C'est. Pas. Toi, je hoquette.
- Pardon ?
- C'est pas toi, je répète.
- Explique-moi.
- J'y arrive pas. Je suis trop nul. J'ai pas réussi à mener mes collègues à la victoire, que ce soit avec l'Atlé ou avec les bleus. J'ai fais une saison de merde.
- Antoine, arrête de dire ça ! S'il te plait !
- Tu peux pas comprendre toi ! je m'exclame un peu violemment. Pardon, je me reprends aussitôt.
Dans son regard je vois qu'elle ne m'en veut pas. Dieu merci. Il ne manquerait plus que je me mette à dos la personne qui compte le plus pour moi en cet instant.
- Tu... tu m'aimes encore ?
- Bien sûr que je t'aime encore. Mais je t'en prie, arrête de dire que tu es nul, tu m'arraches le cœur à chaque fois que tu prononces ces mots. Evidemment que je t'aime toujours. Je ne t'aime pas pour le foot. Je t'aime toi, l'humain. Antoine Griezmann. Et, oui, je ne peux pas comprendre. Ce n'est pas ma vie. Pas directement en tout cas. Parce que je vis avec toi, les victoires et les défaites je les vis aussi. Même si c'est différent parce que je ne suis pas sûr le terrain. Parce que je ne suis pas actrice du match. Alors oui, avec tout ça, je ne peux pas comprendre comme toi. Mais je peux imaginer tout ça. Et imaginer à quel point ça fait mal. Moi non plus, je n'ai pas eu que des victoires dans ma carrière. Alors j'imagine assez bien ce que tu traverses.
- C'est pas pareil. Toi c'est pire, je renifle en me sentant soudainement honteux.
- Non. C'est pas vraiment pire, parce qu'on les vit tous les deux intensément. Très intensément parce que ce sont nos métiers, nos vies. Ce ne sont pas le même genre de défaites, mais ça n'implique pas que pour toi ta défaite est moins importante, moins douloureuse, que la mienne pour moi.
- Je suis pathétique, t'as un métier bien plus difficile que moi, bien plus dangereux, t'es même moins bien payée que moi alors que tu risques ta vie... Et je me permet de me plaindre comme ça. Je suis vraiment lamentable !
- Antoine ! Reprends-toi !
Je l'ai énervée.
- C'est exactement le contraire de ce que je t'ai dit ! Ta défaite et ta tristesse, ta colère sont valides, tu es légitime de ressentir tout ça ! reprend-t-elle plus calmement. Les journalistes t'ont retourné le cerveau ? Il est où mon Antoine à moi ?
- Enterré je crois.
- Je vais aller creuser et retourner la terre de chaque tombe s'il le faut pour le ramener, crois moi ! Antoine ! Ta valeur n'est pas déterminée par une défaite.
- C'est plus une, mais une série de défaite là.
- Et ça ne détermine toujours pas ta valeur. Simeone t'a gardé titulaire. Pour le match retour t'as très bien joué, ça n'a certes pas abouti, mais tu étais bien sur le terrain ! Tu as tenté plein de fois, tu as saisis les occasions, et tu as été en chercher. Et dimanche aussi tu as bien joué. Tu te remets d'une blessure qui t'a gardé un moment à l'écart. Physiquement c'est déjà un premier coup, et je te l'ai déjà dis, mais je te le répèterai mille fois et tant qu'il le faudra, moralement ça a été difficile aussi pour toi.
J'attends qu'elle mentionne le fait qu'elle soit parti pour la contredire, mais elle ne le fait pas.
- Tu as vraiment besoin de te reposer. Physiquement et mentalement. Ton corps a besoin de repos, il accuse le coup, et tu tiens au mental, parce que t'as un mental d'acier. Mais à la moindre fissure, tout pourrait s'écrouler comme un château de cartes. Si tu n'as plus confiance en toi, tu vas tomber, t'écrouler. Alors que tu es un très bon joueur. Tu ne crois pas ?
Elle ne me laisse pas le temps répondre et continue.
- Si tu n'es pas un bon joueur, pourquoi Didier te reprend encore avec les bleus ? Pourquoi Simeone te titularise ?
Cette remarque me file comme un électrochoque.
- Et me sors pas un symptôme de l'imposteur Antoine, tu as travaillé dur depuis si jeune ! Ta confiance en toi a été ébranlée, sacrément fragilisée. Entre les journalistes, tes performances qui ne correspondent pas à tes attentes, et ça je peux très bien le comprendre. Mais il faut que tu vois plus global que ce que ta déception te laisse voir. Et que tu retires le filtre de ta colère dans ce que tu perçois.
Je ne trouve d'abord rien à répondre. Je sais qu'elle a raison de toute façon.
- Antoine ?
Je redresse la tête.
- Je t'aime. Et imprime ça dans ton cerveau, dit elle en appuyant d'un doigt sur mon front. Je. T'aime.
- Je t'aime aussi Kath.Simeone entre dans le vestiaire.
- Oh, hola Kath ! Antoine...
- J'arrive.
- Aller. Courage. Je serai juste derrière les journalistes, d'accord ? Je t'attendrai.
Je me lève difficilement.
- Attends !
Je me retourne et elle m'embrasse longuement.
- Me quedo contigo Antonio. [Je reste avec toi]On quitte ensemble le vestiaire. Et derrière nous, avec deux petites minutes de décalage j'entends Kath sortir à son tour. Elle nous double, à son passage, sa main glisse dans la mienne avec une légère pression.
On arrive alors devant les journalistes, flashs, caméras et micros. Je redouble d'efforts pour me concentrer sur leurs questions et y répondre. Simeone se tient à côté de moi comme il m'a dit et je cherche ma petite-amie du regard derrière le mur de journalistes. Une fois que je l'ai repérée, je suis prêt à répondre.
Grâce à mon coach qui met fin aux interviews, on est enfin libéré. Je suis rincé de la journée. Tout ce que je veux c'est aller dormir, me réfugier dans un monde onirique où je n'affronterai pas cette défaite.
Je retrouve Kath à la sortie, avant de monter dans le bus.
- On va prendre l'avion, je lui dis. Tu veux pas venir avec nous ?
- Antoine, je ne peux pas m'incruster comme ça. Déjà les vestiaires je ne suis pas sensé avoir le droit.
- S'il-te-plaît, je la supplie. Je vais demander à Simeone. J'ai besoin de toi à côté de moi.
Koke vient de quitter Beatriz et passe à côté de moi pour monter dans le bus. En passant, il me pince légèrement le trapèze comme en signe de soutien. Je me retourne pour trouver mon entraineur.
- Simeone ? Simeone! Je sais que normalement on peut pas, mais, s'il-te-plait, est-ce que Kath peut rentrer avec nous ? S'il-te-plaît !
Il a l'air d'hésiter une seconde.
- Si je fais ça pour toi, je devrais accepter pour les autres aussi. On a pas assez de place pour toutes les compagnes, sans même compter les enfants, elles ne peuvent pas les laisser.
- S'il-te-plaît... j'insiste.
Il réfléchit encore un peu.
- Je suis désolé Antoine, je ne peux pas accepter.
Je suis à deux doigts de fondre en larmes.
- Hey, on se retrouve vite à la maison, me dit Kath. En plus il y a Graffitis. Il saura t'accueillir, me sourit-elle.
- Par contre, ce que tu peux faire, c'est rentrer avec tes parents et Kath. J'aurai préféré que tu rentres avec nous car c'est plus rapide et que vous avez besoin de vous reposer après le match, mais on peut faire une petite exception pour aujourd'hui. Je t'enverrai le planning kiné.
- C'est vrai ? je m'exclame. ¡Gracias Simeone!Je le prends dans mes bras, il eu un instant d'hésitation avant de m'enrouler de ses bras. Puis il me laisse partir avec Kath pour rentrer par la route, avec les quatre heures de voiture, entassés à cinq, qui nous attendent.
Hola mon p'tit pote de wattpad !
J'ai encore adoré écrire ce chapitre, je mets clairement toute ma douceur dans les paroles de Katherine lorsqu'elle discute avec Antoine pour qui s'est une fin de saison vraiment compliquée. Le chapitre précédent ramenait un peu de sourire dans la période, j'espère qu'à défaut de la joie celui-ci aura apporté un peu de baume au cœur. Bref, j'espère que ça t'a plu autant que j'ai aimé l'écrire.
Je te dis à très vite pour la suite !
L. 🤍
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Une formation ~ Antoine Griezmann
FanfictionUne formation peut-elle vous changer profondément ? 2 ans après Katherine a fini sa formation SEAL et revient en Espagne pour vivre avec Antoine, Arman et... Des départs fréquents, des imprévus, des blessures, des voyages, leur vie de famille survi...