Mille et une vies. [Imagines]

Le pompier prêt à se sacrifier.

Lieutenant Irwin, pompier de la caserne 51 de Sydney.13 juillet, l'une des journées les plus chaudes de toute l'année. L'air est sec et le soleil rayonne à son maximum, ce qui provoque des incendies.

Plus tôt ce matin, ils ont reçu un appel. Le foin d'une ferme s'est brusquement enflammé, et il brûle vraiment intensément. Ils se sont rendus sur les lieux aussi vite qu'ils ont pu et ont réussi à étendre cet incendie sans grande difficulté. Par chance, personne n'a été blessé. Les agriculteurs ont perdu la majorité de leurs meules ainsi qu'une petite partie de leurs récoltes, mais très peu comparé à ce qui aurait pu arriver. C'est une chance que les pompiers aient pu autant se dépêcher à intervenir.

Au retour de la caserne, il était l'heure de manger. Miller, la stagiaire, s'est activée derrière les fourneaux. En moins de 20 minutes, elle a préparé une lasagne maison avec extra-fromage, qu'elle s'apprêtait d'ailleurs à faire cuire, lorsqu'ils ont reçu un autre appel.

« Ambulance 61, camion-échelle 81, secours 3, herbe sèche qui s'est enflammée. Maison encerclée par les flammes, 2 femmes prisonnières au 42 rue Spooner. »

Le sang du lieutenant Ashton se fige dans ses veines lorsque la voix dans l'interphone mentionne son adresse, celle de la demeure familiale. Ses collègues le regardent un instant, et le visage de leur commandant leur confirme qu'il s'agit bien de chez lui. En vitesse, ils enfilent leurs bottes et leurs salopettes avant d'embarquer à bord des camions. La sirène et les lumières en marche, Hemmings les conduit jusqu'à l'incendie.

« Plus vite, Hemmings, lui ordonne son chef. »

Les maisons défilent à travers les vitres alors que les pensées du lieutenant se bousculent dans sa tête. Qui sont les deux femmes coincées dans la maison, sa mère, sa sœur ou sa petite-amie? Où est Harry et où est celle qu'il reste? Est-ce que sa famille va bien, est-ce qu'il y a des blessées? Un tas de questions et d'interrogations qui ne trouveront réponses que lorsqu'ils seront sur les lieux.

Enfin, après ce qui a semblé une éternité, les camions s'arrêtent. Ashton est le premier à sauter hors du véhicule et analyse la situation afin de faire agir ses hommes au plus vite. Les flammes entourant la maison sont hautes, mais pas infranchissables. Elles ne poseront aucun problème grâce aux uniformes qu'ils ont.

« Oh shit!, s'exclama Michael. »

Nouveau détail qui change un peu le plan : les rideaux du salon viennent de prendre feu. Ashton l'avait bien dit à sa mère, ses rideaux étaient dangereux tellement ils étaient vieux. Le feu est maintenant autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, donc il faut accélérer. Il faut évacuer.

« Hemmings et Hood, vous contrôlez le périmètre autour de la maison. Miller et Moretz, vous éteignez les rideaux. Clifford et Crawford, emmenez quelques outils et suivez-moi!, ordonne Ashton en se dirigeant vers l'entrée. »

Accompagnée par ses hommes, le lieutenant Irwin traverse le cercle enflammé et avance vers sa maison. Clifford, après avoir averti aux filles de s'éloigner de la porte si elles s'y trouvaient, défonce la porte. Les pompiers pénètrent dans la demeure et avancent à la recherche des prisonnières, elles qui se sont réfugiées dans la pièce centrale de la maison : la salle de bain. La fumée provoquée par les rideaux devient de plus en plus dense et de plus en plus dangereuse, ce qui inquiète Ashton.

« Pompiers de Sydney, où êtes-vous?, qu'il hurle avec l'espoir d'obtenir une réponse qui n'arrive pas. Maman? Lauren, Rosie, où est-ce que vous êtes?! »

Du bruit en provenance de la salle de bain se fait entendre. Alarmés, les pompiers se dirigent vers la porte fermée. Des toussotements, puis de plus grosses toux parviennent aux oreilles des hommes du feu, ce qui les « boostent » à faire vite, Il est plus que temps de les faire sortir.

Encore une fois, Clifford enfonce la porte. Les femmes, Anne-Marie et Rosie, sont assises dans la baignoire en train de tousser à cause de la fumée, et le fait d'avoir ouvert la porte n'aide pas. La boucane entre dans la pièce et s'infiltre dans les poumons des jeunes femmes qui ne portent pas de masque. Clifford et Crawford aident la mère à s'extirper du bain et la soutiennent alors qu'ils se dirigent vers la porte d'entrée. Rosie, elle, est en moins bon état. Elle est encore consciente, mais c'est tout juste.

« Tout va bien aller, je suis là, chuchotes Ashton en lui enfilant le masque à oxygène qu'il portait. »

Lorsqu'il regarde par la fenêtre, Ashton constate que le cerceau de flammes est toujours là. Prêt à tout pour sa petite-amie, il retire son manteau et le pose sur les épaules de Rosie. Ceci fait, il la prend dans ses bras et sort à son tour. Le jeune lieutenant traverse le feu en serrant contre lui le corps fragile de sa chérie. Il lui murmure des paroles encourageantes et va la déposer sur le brancard qui l'attendait. Du bout des lèvres, il embrasse le sommet de son crâne, puis va voir sa mère à qui on a posé un masque à oxygène.

« Maman, où sont les enfants?, demande-t-il, inquiet de les avoir vus nulle part.

– Lauren est chez une amie et Harry est allé jouer au foot avec les voisins, tout va bien, mon grand.

– Et toi, comment tu te sens?

– Un peu faible et fatiguée, mais ça peut aller. Comment se porte Rosie?

– Irwin!, l'interpelle Shay, l'empêchant de répondre à la question. »

Ashton presse l'épaule de sa mère, puis se précipite vers sa collègue ambulancière. Celle-ci tapote le cou, puis le poignet et ensuite le sternum de Rosie, le stéthoscope dans les oreilles, ce qui inquiète le pompier.

« Qu'est-ce qui se passe, il y a un problème?

– Rosie a beaucoup de difficulté à respirer, je pense que son système ne parvient pas à extraire correctement la fumée qu'elle a inhalée. On va l'emmener à l'hôpital par précaution.

– Je vous accompagne. »

Ashton monte à bord de l'ambulance et tient la main de la jeune femme durant l'entièreté du trajet. Il caresse ses cheveux en priant ciel et terre pour qu'elle s'en sorte. Il ne peut pas la perdre, il a besoin d'elle. Elle ne peut pas mourir, il ne peut pas avoir échoué. Mais...

Mais en fait, il n'y avait aucune raison de s'alarmer. Vous aviez cru que Rosie allait mourir? Hé bien non, pas cette fois. Ashton a réussi, il l'a sauvée.

Les médecins lui ont fait passer quelques tests, et les résultats n'avaient rien d'alarmant ni d'inquiétant. Rosie est asthmatique, ce qui explique les cillements de sa respiration. Ils lui ont donné des pompes et tout s'est calmé. Ils ont tout de même pris la décision de la garder jusqu'à demain, mais c'est seulement au cas où il y aurait rechute. De son côté, le lieutenant Irwin a choisi de rester avec sa petite-amie jusqu'à sa sortie. Dans la chambre, allongés en silence sur le petit lit, tout deux réfléchissent, perdus dans leur esprit.

« Merci.

– De quoi?

– De m'avoir sauvée aujourd'hui.

– C'est mon travail, chérie.

– Ton travail est d'évacuer les gens sans mettre ta vie en danger, mais y'as retiré ton casque et ta veste pourtant, pas vrai?

– Je l'ai fait pour te protéger, Rosie.

– Et je te remercie pour ça, Ash. T'as sacrifié ta sécurité pour la mienne et ça me touche beaucoup.

– Je serai toujours là pour me sacrifier si ça peut t'aider. J'entrerais dans une maison prête à s'écrouler pour toi, babe. J'me jetterais dans les flammes pour t'en sortir.

– Et moi, j'serai toujours là pour embrasser tes brûlures et tes blessures. »

axڏ