All monsters are human - le massacre.

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**CET IMAGINE CONTIENT DES SCÈNES ASSEZ MORBIDES ET DÉTAILLÉS EN LIEN AVEC LE CANNIBALISME. CETTE PARTIE POUVANT CHOQUER CERTAINS LECTEURS, VOUS ÊTES AVERTIES DE CE À QUOI VOUS VOUS EXPOSEZ.**

Aux infos, on ne parle que de moi depuis des semaines. Partout, tout le temps, à toute heure du jour et même de la nuit. À chaque fois que j’ouvre la télé sur un bulletin de nouvelles, les présentateurs de toutes les chaînes font un récapitulatif des personnes que j’ai tuées – dévorées, plutôt. Mangées. Mastiquées. Avalées. Grignotées. Bouffées.

Ils parlent de l’enquête qui ne cesse de faire du surplace et qui n’avance pas alors que je continue ma tuerie. Ils critiquent les policiers qui essaient de m’arrêter sans pouvoir y arriver et qui font donc mal leur travail, ne faisant aucun effort – selon eux. La population est terrorisée, et personne n’est hors de danger. N’importe qui, n’importe quand, tout le monde peut y passer. Mon estomac n’est pas capricieux.

« Le cannibale de Londres a encore frappé! Harald, comme il se fait appeler, en est maintenant à sa 74e victime depuis le début de son massacre qui a commencé il y a de cela un peu plus d’un mois. Mais que font les policiers chargés de cette enquête? N’ont-ils donc aucune preuve, aucun témoin, ni même aucun suspect? La ville est effrayée! Nos citoyens vivent dans la crainte, il est temps que tout cela s’arrête. La famille de la première victime, Katie, veut que justice soit rendue à celui qui a tué leur petite fille. Rappelons-nous que son corps a été retrouvé… »

La seule chose qui me dérange dans toute cette histoire, c’est ce qu’ils disent et, surtout, ne disent pas. Ils mettent l’accent sur les premières victimes plutôt que sur les dernières, alors que ce sont celles-ci qui ont le plus souffert. Ceux et celles qui ont servis de cobayes ont été épargnés par mon manque d’expérience et sont décédés trop tôt, morts baignant dans leur propre sang.

Heureusement, les choses ont changés. Plus le temps passe, plus j’apprends. Plus le temps passe, plus je me perfectionne. Maintenant que j’ai expérimenté, je me suis qualifié. J’ai amélioré ma technique pour pouvoir retenir les gens dans le monde des vivants contre leur volonté. J’apprends à étirer la douleur jusqu’à la mort, jusqu’au maximum. Les gens me supplient de les tuer, ce que je ne fais jamais. Je n’obéis pas à leur requête, ce serait trop facile et trop simple, mais surtout trop dégoûtant. Je ne mange pas de viande froide, et je mange souvent.

« Pourquoi tu fais ça?, m’a un jour demandé une adolescente hystérique.

– Parce que j’ai faim.

– Pourquoi est-ce que tu vas pas à l’épicerie comme tout le monde?

– Parce qu’on n’y vend pas d’humains, là-bas.

– Pourquoi tu manges des humains?

– J’aime ça. Le goût est exquis.

– Pourquoi tu me tues pas?

– Parce que votre corps va refroidir, et vous ne serez donc plus mangeable, ce qui serait du gaspillage, ai-je répondu avant de prendre une autre bouchée de son épaule. »

Je suis reparti chasser cette nuit. Mon estomac criait famine – la petite blondinette de ce matin n’avait que la peau et les os, ce qui ne nourrit pas trop. Le capuchon de mon pull sur la tête, je suis sorti à la recherche de chair fraîche. Je déambulais dans les rues londoniennes lorsque je suis tombée sur une bande de fêtardes. Elles semblaient appétissantes, mais ne le seraient pas à les regarder marcher. Clairement, elles avaient bu, et pas qu’un peu. J’ai peut-être faim, mais pas au point de manger n’importe quoi.

J’ai donc poursuivi ma route afin de trouver quelqu’un de mieux, ce qui s’est révélé être un excellent choix – du moins au niveau gustatif. La jolie rouquine avait ses écouteurs sur les oreilles, et je pouvais entendre la chanson de Coldplay qui jouait dans son iPod. Facilement, je l’ai saisie et l’ai assommée contre le lampadaire pour éviter qu’elle ne se débatte. Je l’ai traînée jusqu’à chez moi, incognito. Ou presque.

Je l’ai attachée à la Chaise Mangeable – quel jeu de mot, je sais – et ai attendu qu’elle se réveille. Je l’ai vu remuer, essayant de se tourner sur le côté droit. Évidement, elle en a été incapable, ce qui l’a fait sursauter. Ses yeux se sont ouverts, regardant partout autour d’elle comme un écureuil sur la caféine. La peur pouvait se lire partout sur son visage, ce qui me fit sourire, je l’avoue.

« T’es qui toi? Qu’est-ce que je fais là? Où est-ce qu’on est?

– Doucement, ma belle, tu vas t’énerver, murmurais-je en effleurant sa mâchoire. Les membres crispés sont les plus difficiles à digérer.

– Di… digérer? Comme dans… manger?

– On a une petite futée ici!

– C’est toi, le mec dont tout le monde parle?

– Le super criminel qui mange les gens sans problèmes? Hé bien oui, c’est moi, le cannibale. »

         Le cannibale affamé qui n’a pu se retenir de prendre une bouchée. J’avais tellement faim!  Et elle semblait si délicieuse que, sans plus attendre, je lui ai mordu la cuisse. Elle était tendre et juteuse, simplement divine et exquise. Les cuisses, c’est vraiment la meilleure partie, je vous le garanti! Je sentais la peau de la jeune fille qui faisait « couic couic » entre mes dents alors que je la mastiquais, son sang chaud coulant sur mes lèvres et mon menton. Mes oreilles étaient bercées par ses hurlements stridents, résonnant comme de la douce musique à mes tympans. Elle criait, gigotait, mais rien ne changeait. Je l’avais bien attachée, c’était assuré. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était crier. Crier jusqu’à en cracher un poumon. Crier jusqu’à en perdre la voix. Crier pour me détendre, jouant de cette agréable sérénade. Sérénade agréable qui fût interrompue par la police qui défonça la porte de mon sous-sol.

« Pas un geste, éloignez-vous d’elle!, hurla celui qui semblait être leur chef. 

– Comment suis-je censé m’éloigner sans faire un seul geste? »

         Un des hommes de loi s’est avancé et m’a brusquement poussé loin de la rouquine, probablement parce que mon humour ne leur a pas plu. En me menottant, il m’a récité mes droits – que je connaissais déjà après avoir regardé beaucoup de séries télé. Ils m’ont traîné dehors alors que l’un d’eux libérait mon repas, et je fus déçu de n’avoir pu terminer ne serait-ce que l’entrée. Alors qu’on m’embarquait de force dans le véhicule de patrouille, je voulu savoir ce qui avait causé ma perte.

« Comment avez-vous fait?

– Nous avons sélectionné une jolie fille et l’avons placée autour de ton secteur de chasse que nous avions délimité, sachant que tu ne tarderais pas à frapper de nouveau.

– C’était donc un piège?

– Et tu as sauté en plein dedans. Ton repas s’arrête là, cannibale. »

Mille et une vies. [Imagines]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant