Chaise musicale qui se termine mal.

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   Alors que Michael était sous la douche, je feuilletais les magazines. Ces magazines dont il faisait la couverture avec son groupe. Ces magazines dans lesquels ils étaient de plus en plus mentionnés. Ces magazines qu'il récupérait pour garder des souvenirs de ces précieuses années. Ces nouveaux magazines qu'il venait d'acheter et qui traînaient maintenant sur la table basse du salon, prêts à être lus.

« Plus tard, je les montrerai à nos enfants, tu verras Luna, qu'il me disait. Ils verront à quel point papa a réussi. Ils seront témoins de l'accomplissement de papa. Ils verront que papa a réalisé son rêve après s'être battu pour y arriver, qu'il répétait, des étoiles dans les yeux. »

         Je repensais à toutes les conneries que ces papiers pouvaient bien sortir. Était-ce une bonne idée de les garder? Après tout, comment distinguer le vrai du faux à travers ces mots? Comment faire confiance à ces journalistes qui fouinent? Ils sont payés pour écrire, mais pas pour réfléchir.

         Assis sur le sofa, je lisais ces revues. Je critiquais mentalement toutes les bêtises que ces torchons pouvaient bien sortir, exaspérée.  Je n'arrivais pas à croire que de gens puissent réellement croire à ce qui est écrit. J'en ai balancé un qui disait qu'Harry Styles avait été vu avec une « mystérieuse inconnue » qui pourrait être sa nouvelle conquête. ... quand est-ce qu'on leur dit que Gemma la « mystérieuse inconnue », c'est sa sœur?

         Je m'immobilisais en voyant la couverture d'une revue à potins. C'était Michael sur la couverture. Michael avec une fille. Michael qui semblait trop près de cette fille. Cette fille que je n'avais jamais vue avant. Cette fille aux seins siliconés qui se frottait contre mon mec. Cette fille qui, avec MON mec, faisait la une de tous les magazines en date d'aujourd'hui.

« Qui est cette jolie Barbie? C'est la question qui se trouve sur toutes les lèvres, disait l'article. En tout cas, qui qu'elle soit, on peut dire qu'elle sait choisir ses hommes! »

         Si elle savait choisir ses hommes, elle en aurait pris un disponible. Si elle savait choisir, elle n'aurait pas pris MON homme. Mon homme avec qui elle était partout dans les revues.

« Michael Clifford serait-il de nouveau célibataire? À voir sa proximité avec les demoiselles, tout porte à croire que oui!Que dira Luna? »

         Oh, tu vas voir, Michael va en entendre parler de ça. Michael n'y échappera certainement pas. Luna en a beaucoup à dire...

         Telle une furie – ce que j'étais –, je me dirigeai vers la salle de bain. Je cognai avant d'entrer pour y trouver un Clifford torse nu en train de se raser. Il fredonnait, debout devant le lavabo, une serviette autour de la taille. Si je n'avais pas été aussi en colère, je crois que j'aurais essayé de le tenter. S'il n'avait pas eu de crème à raser au visage, je crois que je l'aurais giflé. Il était là à me regarder à travers le miroir, souriant.

« Ça va, babe?

— Si ça va? Tu me demandes si je vais bien?

— Bah oui...

— Bah figure-toi que non, ça va pas!

— Qu'est-ce qui se passe, mon amour?

— Ce qui se passe? Si elle est pas trop conne, t'as qu'à demander à ta Barbie de te l'expliquer!, hurlais-je en balançant le magazine contre son torse.

Ma Barbie?, questionna-t-il, confus.

Ta petite pétasse aux seins refaits, la blondasse aux implants mammaires,  ta maîtresse, ta...

— Ma maîtresse? Franchement, Luna, c'est ridicule tout ça!, me coupa-t-il en riant avec malaise.

Tu veux savoir ce qui est ridicule, Michael?  Ce qui est vraiment ridicule, c'est toi. Pourquoi t'es limite en train de lui pogner le cul sur cette photo? Pourquoi t'es limite en train de lui laver la gorge sur celle-là?

— C'est du...

— Si tu me dis que c'est du montage, j'crois que j'te frappe, grognais-je.

Mais c'est pas ce que tu crois!, se défendit-il.

Ah non? Ça y ressemble grandement, rétorquais-je froidement en reculant.  Tu m'as trompée avec elle, c'est ça?, questionnais-je. »

         J'avais les larmes aux yeux. Un sanglot était en train de remonter dans ma gorge, et j'ignorais si j'allais pouvoir le ravaler. J'ai posé la question alors que je me doutais que trop de la réponse qu'il allait me donner. C'est, je crois, ce qui a fait le plus mal.

« Je t'aime, Luna.

— Ça répond pas à la question, Michael. C'est pas ce que je t'ai demandé.

— La réponse à ce que t'as demandé est non.J'connais même pas cette fille.

— T'as même pas les couilles d'avouer.T'as même pas les couilles d'avouer la vérité alors que tu peux même pu nier. T'as même pas les couilles d'avouer que tu m'as trompée, murmurais-je faiblement en baissant la tête.

Luna, chérie, chuchota-t-il en caressant mon visage.

— Me touche pas, Michael!, m'exclamais-je en retirant sa main. Me touche pas après l'avoir touchée elle. Mets pas sur moi ces mains que tu as mises sur elle. Je t'interdis de poser ta peau sur la mienne après l'avoir déjà posée sur elle. »

Je reculais encore, maintenant adossé au mur. J'avais besoin de m'éloigner de lui, de créer une distance entre nous –ou, du moins, ce qu'il en reste.Malgré tout, Michael était encore trop près de moi. Je suis sortie de la salle de bain. J'avais besoin d'air. J'avais l'impression d'étouffer entre ces 4 murs avec lui. Évidemment, il m'a suivie.

« Mon cœur, j'te jure, y'a rien eu entre Kathy et moi!

— Kathy?

— Oui, Kathy Smith. Oh, merde, souffla-t-il après un moment, réalisant qu'il venait de se trahir.

S'pas toi qui disais pas la connaître il y a à peine 2 minutes?

— ...

— C'est bien ce que je croyais. »

         Blessée, je me suis dirigée vers ce qui était la chambre que je partageais avec lui. Trahie, j'ai pris ma valise et je l'ai remplie. J'y ai inséré mes vêtements et mes effets personnels, mais pourtant... elle était plus pesante qu'à mon arrivée. Avais-je plus d'objets? Non. J'avais seulement plus de souvenirs. Cette valise, c'était toute ma vie avec lui. C'était ces presque 2 ans en sa compagnie. Ce sont ces moments de rires et de peines accumulés. Ce sont nos câlins et nos baisers, mais aussi nos soirées devant la télé.

« Luna, qu'est-ce que tu fais? Pourquoi tu fais ta valise, tu pars? Où tu vas?, me harcela-t-il.

— Je rentre chez moi.

— Mais... Mais tu es chez toi! Ta place est ici, ta place est avec moi!

— Non, Michael, ma place n'est plus ici auprès de toi. Elle ne l'est plus depuis que tu l'as refilée à Kathy Smith. »

Ses yeux m'ont suppliée, ses bras se sont tendus vers moi. Mes yeux se sont détournés, mes bras ont empoigné ma valise. Il m'a suppliée de rester, je l'ai ignoré. Il a soupiré de désespoir, j'ai inspiré pour me donner du courage. Il s'est pris la tête à deux mains, j'ai relevé la mienne. Il a tenté de faire un pas vers moi, j'en ai fait trois.

Je suis partie.

Mille et une vies. [Imagines]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant