Tell the world I'm coming home.

130 11 0
                                    

3 mois. J'ai été séparé d'elle pendant 3 mois, 92 jours exactement. 92 jours de tournée loin de mon cœur, 2 208 heures que je n'ai pas passées à ses côtés. Maintenant, c'est terminé. Il est temps de rentrer. La séparation a assez durée.

« Je reviendrai, Amalia, plus tôt que tu crois.

-Ouais, dans genre 13 semaines...

-Ça va passer vite, ok? J'te promets d'être là bientôt.

-Tu jures que tu vas revenir?

-Je reviendrai toujours vers toi, que je lui ai chanté.

-On est pas dans Spirit, a-t-elle rétorqué en riant. »

Sur le coup, je me suis trouvé comique. Enfin, je suis toujours comique! Mais peut-être que le fait de partir, de la quitter pour la première fois m'a rendu nerveux au point de me faire rire de mes propres niaiseries. Cependant, ce n'est que maintenant que je suis dans l'avion, en route vers elle, que je réalise à quel point cette phrase est profonde et significative, trop pour qu'un enfant puisse la comprendre entièrement.

Le cheval a chanté cette phrase avant de partir vers l'inconnu, vers le danger. Il l'a chantée avant de se diriger vers une lueur lointaine et étrange en ignorant ce qui pourrait lui arriver là-bas. Il aurait pu mourir, il aurait pu y laisser sa peau, il aurait pu être capturé et torturé, mais il a tout de même juré à sa mère que, quoi qu'il arrive, un jour, il rentrerait auprès d'elle. Moi, je l'ai citée à l'aéroport avant de monter à bord d'un avion qui aurait pu s'écraser. Je l'ai citée avant de monter à bord d'un appareil volant qui aurait pu être pris d'assaut par des terroristes. J'ai cité cette phrase à Amalia en ne sachant même pas si j'allais être toujours vivant pour lui téléphoner le soir même. Heureusement, me voilà encore en vie et en route vers chez moi.

J'ai tenu ma promesse. Dans moins d'une heure, je serai à ses côtés. D'ici là, je me tourne les pouces et fais du « air drumming » un peu partout autour de moi, ce qui énerve mon voisin. Je stresse un peu, mais juste un petit peu. On ne se cachera pas que 3 mois, c'est quand même beaucoup... Pleins de petits détails peuvent changer et évoluer en 92 jours, et j'ai peur que plus rien ne soit pareil à mon retour.

« Calme-toi, Ash, tout va bien aller. Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal, pas vrai? Si elle m'a fait promettre de revenir, c'est parce qu'elle m'aime, qu'elle tient à moi et qu'elle veut me revoir auprès d'elle, tentais-je de me raisonner afin de me rassurer. »

Progressivement, après ce qui semble être une éternité, le grand étendu d'eau s'efface et se fait remplacer par des plages et de jolis paysages nocturnes. L'Australie, illuminée par les lumières des lampadaires, se dessine tranquillement par le hublot, signe que nous arriverons bientôt à destination. Sous peu, l'avion se posera sur la piste de l'aéroport de Kingsford Smith. Les hôtesses de l'air énumèreront les consignes de sécurité et feront leur petit discours de secours en cas de crash, puis le pilote amorcera la descente. Certains prieront le ciel pour survivre en espérant qu'aucun malheur ne survienne, d'autres n'en feront pas de cas. Moi, je vais juste attendre de pouvoir sortir de l'appareil pour pouvoir me mettre à courir afin de rentrer plus vite.

*

Je stationne ma voiture dans l'allée alors que le soleil est en train de se lever. La lumière de ses rayons se profile à l'horizon, colorant le ciel de magnifiques teintes orangées. Excité mais épuisé par cette nuit passée dans l'atmosphère aérienne, je retire les clés du contact et ouvre ma portière, respirant un bon coup l'air de Sydney. Des odeurs de sable et d'eau salée chatouillent mes narines, me rappelant où je suis. L'odeur des produits de jardinage du voisin intoxiquent l'oxygène que j'inspire, le bruit des commerces qui se préparent à ouvrir pour satisfaire les touristes empli mes oreilles. Ça y est, je suis chez moi. Enfin à la maison.

Après avoir pris mon sac et ma valise, je me suis dirigé vers la maison silencieuse. J'ai sorti mes clés de ma poche afin de déverrouiller, puis je suis entré. Précautionneusement, j'ai déposé mes bagages près de la porte, ne voulant pas réveiller Amalia. Mes chaussures enlevées, je me suis mis sur la pointe des pieds pour aller rejoindre ma petite-amie au lit, dans notre chambre. En faisant le plus attention possible, je me suis glissé sous les draps chauds au parfum de vanille qui m'était si familier. J'ai placé mon bras autour de sa taille, nos corps emboîtés comme des cuillères. Au son de la respiration régulière de mon amoureuse, réconforté par la température qui émanait d'elle, je me suis assoupi, enfin en paix.

*

« Aaaah!, que j'ai cru entendre Amalia crier, semi-éveillé.

-Aïe!, que j'ai lancé en tombant sur le plancher, je crois.

-Ash...?, qu'elle a demandé d'une voix hésitante. »

J'ai ouvert les yeux, maintenant pleinement réveillé. Le plafond semblait plus loin, enfin plus haut qu'à la normal, ce qui m'a fait réaliser que je n'étais plus sur le lit. Non seulement ça, j'avais mal au crâne. Je me suis relevé et j'ai vu Amalia, assise sur ses genoux, une moue honteuse sur le visage. Je me suis assis sur le rebord du matelas avant d'être attaqué par les bras de ma petite-amie qui s'enroulèrent autour de mon cou.

« Tu m'as tellement manqué!

-Toi aussi, bébé, murmurais-je en la serrant tout contre moi, le nez enfoui dans ses cheveux.

-T'es revenu...

-Je te l'avais juré, tu te rappelles?

-Quand est-ce que t'es rentré?

-Cette nuit, enfin ce matin vue l'heure qu'il était...

-T'as fait de bons concerts, tu t'es amusé?

-C'était trop top! Les fans étaient hyper nombreuses pis elles étaient en feu! Et les villes étaient géniales, y'avait tous pleins de trucs à voir! »

Je lui ai tout raconté, tout énuméré ce qui s'est passé lors de ces 3 mois loin d'elle. Je lui avais déjà tout raconté au téléphone, mais j'avais hâte de pouvoir le lui dire en personne.

« Et puis voilà, ensuite j'ai pris l'avion pour revenir te voir. J'avais un peu peur d'ailleurs...

-De quoi, pourquoi?

-Que certaines choses aient changées durant mon absence, que tu m'aimes moins, que tu m'ais remplacé...

-Bref, t'étais parano.

-Ouais, j'sais...

-Je t'aime, Ash. J'suis là pour rester. Et j'suis bien contente de voir que t'as eu du plaisir, parce qu'il est hors de question que t'en ais encore sans moi.

-Qu'est-ce que tu veux dire?

-La prochaine fois que tu pars, tu partiras pas seul, du moins pas sans moi.

-Pour de vrai?! »

Je l'ai serrée dans mes bras encore plus fort, au comble du bonheur. Elle s'est mise à rire aux éclats alors qu'on a roulé sur le matelas pour finir allongés l'un sur l'autre, le sourire aux lèvres.

« Ah, hum, au fait... Désolé de t'avoir poussé en bas du lit. »

Mille et une vies. [Imagines]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant