Le début de la fin. [Dark]

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« À force de traîner avec des fous, t'es en train de devenir comme eux. »

​Au moment où Lucas a lancé cette remarque en direction de Samantha, lors de cette fameuse nuit du 12 octobre, elle a cru qu'il exagérait, qu'il espérait ne plus être seul dans sa prison psychique. Elle a cru qu'il vivait un moment de psychose, un délire de fou comme il arrive souvent aux patients. En clair, elle n'y a pas porté tellement attention. Oui mais voilà... Lucas n'avait pas tout à fait tort. Ce n'est pas en traînant avec des fous qu'on le devient, mais en traînant avec des créatures étranges, des êtres paranormaux dont nous sommes les seuls à connaître leur identité. C'est en traînant avec des démons incognitos que l'on prend pour fou que, petit à petit, notre équilibre mental en vient à basculer du mauvais côté. À force de côtoyer le paranormal en solitaire, on fini par se croire dément. C'est une longue route dont il est difficile de revenir sain d'esprit, il est presque impossible de faire marche arrière et rebrousser chemin avant qu'il ne soit trop tard. Samantha avait malheureusement emprunté cette voix. En étant trop curieuse envers Lucas, elle s'est attiré de gros ennuis, et les événements survenus la nuit du 12 octobre n'était que la pointe de l'iceberg. 

Lorsque Lucas lui a fait voir les meurtres de sa famille, qui ne se sont jamais produits,  ce n'était que l'introduction. Les hallucinations ne faisaient alors que commencer, et ce qu'elle a alors vu aurait pu être considéré comme léger comparé à ce qui l'attendait. L'horreur n'en était qu'à son tout début, la suite était encore à venir. Plus le temps passait, plus il s'immisçait dans la tête de son infirmière nocturne. Le soleil couché et les patients endormis, quand Samantha s'affairait à son ordinateur, les images défilaient devant ses yeux sans qu'elle ne puisse rien y faire. Des scènes d'assassinats violents et sanguinaires, des scènes de cannibalisme, des scènes de viols, des scènes dignes des films les plus terrifiants à en faire vomir les spectateurs, voilà ce que Lucas lui montrait. Qui plus est, lui ne dormait jamais. Il lui arrivait de faire semblant, mais ce n'était toujours rien de plus qu'une illusion visant à narguer le personnel. Il était toujours éveillé, toujours prêt.

Il lui arrivait de faire semblant, mais ce n'était toujours rien de plus qu'une illusion visant à narguer le personnel. Il était toujours éveillé, toujours prêt.

La jeune infirmière, elle, était loin de l'être. Qui pourrait être prêt à se faire hanter durant 12h d'affilées? Chaque image, chaque seconde de vision d'horreur la terrifiait ou la dégoûtait à lui en faire dégobiller son dîner. Elle avait beau secouer la tête, se chanter une chanson cul-cul à voix haute, rien ne parvenait à les chasser, ces foutus extraits de massacres. Elle savait quand ils commenceraient à apparaître dans sa tête, mais elle ne pouvait les battre.

Dès que Samantha finissait sa ronde et s'était assuré que tout le monde dormait - ou avait l'air de dormir -, elle retournait à son bureau et notait des renseignements dans l'ordinateur.

Dès que Samantha finissait sa ronde et s'était assuré que tout le monde dormait - ou avait l'air de dormir -, elle retournait à son bureau et notait des renseignements dans l'ordinateur. Après quelques minutes de tranquillité, Lucas commençait à jouer avec elle et avec sa tête. Les films se mettaient en marche dans son esprit. Lucas avait pressé le bouton « play » du film qu'il avait écrit, réalisé et monté durant la journée et se délectait de la souffrance mentale qu'il infligeait à la jeune femme. Il procurait du plaisir à la faire souffrir et à lui faire vivre un enfer.

​Heureusement pour elle, tout cela prenait fin lorsqu'elle rentrait. Dès qu'elle quittait l'asile, une barrière semblait se bâtir entre elle et Lucas. C'est comme si l'hôpital était un dôme et qu'à l'extérieur de celui-ci, elle était libre de son esprit. Sa tête n'appartenait qu'à elle, Lucas ne pouvait pas y entrer. Ceci dit, toute bonne chose a une fin, pas vrai? Plus elle s'affaiblissait, plus il était facile pour lui de la torturer. Plus il la torturait, plus elle était faible, moins elle combattait. Il est arrivé ce que Sammy redoutait : elle n'avait désormais plus le moindre repère pour se protéger des attaques mentales. Les moments de paix se sont faits de plus en plus rare avant de disparaître complètement. Samantha ne pouvait plus se reposer sans que Luke ne vienne s'introduire dans ses rêves et les transforme en cauchemar. Ses heures de sommeil en une semaine se comptaient sur une seule main. Elle mangeait de moins en moins - elle vomissait tout ce qu'elle ingérait. Son poids diminuait un peu plus à chaque jour et son sourire avait disparu depuis longtemps. Autrefois une femme forte et pleine d'ambition, la tête remplie d'espoir, Samantha était devenue un zombie, une loque ambulante fragile à la tête remplie d'horreurs.

Voilà donc pourquoi Samantha, l'infirmière la plus compétente de Willow Court, a malheureusement cessé de pratiquer. Le Dr Hemmings lui a retiré ce droit, pour être exacte. Il a jugé qu'elle était devenu inapte à s'occuper des gens troublés, parce qu'elle était elle-même devenue bouleversée et psychologiquement perturbée. C'en est devenu alarmant. Samantha n'allait plus bien, même qu'elle allait très mal. Elle a même été admise en tant que patiente à Willow Court, dans la même aile que Lucas. Dans la cellule juste en face de la sienne. Là où elle peut le voir dès qu'elle jette un œil vers l'extérieur. Là où il est toujours éveillé, assis sur son lit à la fixer, à l'observer, à la hanter. Là d'où elle l'entend respirer, là d'où elle peut l'entendre lui parler. Là où elle ne peut lui échapper. Là où elle est à la merci de Toby.

Rendue à ce stade, Samantha croyait que Lucas ne pouvait aller plus loin, mais elle se trompait. Elle n'avait pas vu tellement plus que la pointe de l'iceberg, bien qu'elle était convaincue de l'avoir vu en entier. Elle ne se doutait pas qu'il pourrait aller encore plus profond dans les tourments de l'esprit, de son esprit. Elle ne se doutait pas que le pire était encore à venir. Pour le moment, la torture n'était que psychologique. Lucas lui réservait encore mieux, il lui réservait la crème de la crème : il allait bientôt la manipuler physiquement ET psychologiquement. Lorsqu'il en aura fini avec elle, Samantha ne sera plus qu'un petit pantin brisé bon qu'à être jetée.

Les visions du démon l'ont détruite, complètement. Elle ne pouvait pas tomber plus bas que terre. C'est du moins que ce que Samantha croyait, mais en fait... ce n'était encore que le commencement. Car plus bas que terre, il y a l'Enfer.

Mille et une vies. [Imagines]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant