Premier jour d'hiver - Calum & Kaycee.

246 14 2
                                    

Nous étions en train de faire des pizzas pour le repas. Au départ, nous ne savions pas quoi manger.Aucun de nous n’avait vraiment envie de cuisiner, du moins rien de compliqué. J’avais envie de quelque chose de simple et Calum, lui, avait simplement faim. J’ai proposé de commander un truc, n’importe quoi. Après tout, n’est-ce pas le moyen le plus simple, le plus rapide et le plus efficace pour se nourrir sans avoir à se servir de la cuisine?

« Pourquoi commander ce qu’on peut préparer?, qu’il a rétorqué, un sourire aux lèvres. 

– Qu’est-ce que t’as en tête, toi?, ai-je demandé. »

C’est à ce moment que Calum a proposé la pizza. Évidemment! Pourquoi n’y avais-je pas pensé? Sur le coup, je me suis mise à rire de ma question stupide. Il m’a prise pour une folle, mais bon. Ce n’est pas comme si c’était la première fois.

Le four préchauffait et nous, on cherchait. Avions-nous tous les ingrédients nécessaires? Heureusement, oui. Certains se trouvaient seulement… loin dans le réfrigérateur, cachés derrière d’autres aliments. Nous étions fin prêts!

Nous avons donc étendu la sauce sur les *pains plats* et ajouté du peppéronien quantité industrielle, deux couches valant mieux qu’une seule. Au diable les calories!Quand on mange de la pizza, ce n’est pas pour manger santé, n’est-ce pas? C’est comme dire qu’on essaie de moins fumer, mais qu’on consomme de la fausse nicotine électronique à la place d’une vraie cigarette, c’est juste… Ça ne se fait pas.

« Mark va me tuer quand il va apprendre à quel point j’aurai mal mangé durant les vacances.

– C’est pourtant le but des vacances, non? Et puis, de toute façon, c’était ton idée!, m’exclamais-je en levant les bras en l’air en signe d’innocence. »

Il a fait la moue, mais ça n’a pas duré. Je lui ai donné un bisou sur la joue et ai été aussitôt pardonnée. Puis, pendant que je râpais le fromage, Calum a éparpillé des champignons sur la pizza.

«Tu sais que ta mère va être énervée si tu manges pas tes légumes, qu’il m’a dit en souriant comme un con. 

– Et tu sais que Mark le sera tout autant, ai-je rétorqué sur le même ton. »

         Il a haussé les épaules en guise de « je m’en fou », et ce, même si ce n’est pas ce qu’il disait tout à l’heure. L’appétit devait avoir corrompu son cerveau, lui qui se préoccupe tant de sa santé – et de ce que Mark va penser – normalement! Il faut dire que notre repas répand une odeur si exquise…

Et voici donc notre délicieuse pizza que nous regardons cuire dans le four, impatients de pouvoir la déguster. Je commençais maintenant à ressentir un creux dans mon estomac, tout de même bien moins profond que celui que mon petit-ami! Mon petit-ami dont la faim le tenaillait et le torturait. Il soupira et releva la tête pour regarder l’heure – mais surtout la minuterie.

« Kaycee, il neige, il neige!, hurla-t-il, fébrile. »

         Je ne pus placer le moindre mot. Calum se précipita dehors, ouvrant la porte et se jetant littéralement à l’extérieur. J’ai toujours cru qu’il s’habituerait à la neige canadienne…mais non. Même après 3 ans, il est toujours aussi excité qu’un enfant. Il n’a toujours pas retenu non plus que la neige est froide et que, quand elle tombe du ciel, c’est parce qu’il fait 0 degré Celsius.

« Cal, couvre-toi un peu au moins! »

         Je glissai mes pieds dans mes bottes et enfilai rapidement mon manteau afin de le rejoindre. J’empoignai son manteau et ses bottes avant de le suivre dehors– il était parti dehors pieds nus, le con. Calum était là, allongé dans la neige collante. Il faisait un ange, ce qui était assez ironique puisqu’il en est déjà un.

         Je lui lançai son manteau dessus et m’agenouilla pour lui mettre ses bottes, soupirant.

« Bah quoi?, questionna-t-il innocemment en se relevant, son poids posé sur ses avant-bras.

– Combien de fois est-ce que je t’ai dit de pas sortir en tee-shirt et en chaussettes quand c’est l’hiver?

– Probablement plusieurs fois, mais…

– Mais rien, Cal, tu vas encore attraper froid!

– Et alors? Tu t’occuperas de moi quand je serai malade, chuchota-t-il en souriant.

– Avant, faut être certain que tu le sois, murmurais-je, un rictus machiavélique se dessinant sur mon visage. »

         Aussitôt dit, aussitôt fait, je lui écrasai une balle de neige dans la figure. Il est resté un moment surpris avant de finir par réagir, mais il était trop tard. Je m’étais déjà éloignée de lui avant qu’il n’ait le temps de réagir. J’allai me cacher derrière un arbre, sauve et sec. Je me décidai à risquer un coup d’œil vers lui, ce que j’aurais dû éviter de faire. Je reçus à mon tour une boule de glace cristallisée en pleine face. De la vapeur d’eau condensée, c’est étonnement froid et violent à recevoir lorsqu’on ne s’y attend pas.

« Calum Thomas Hood, j’espère que ta main droite est prête à prendre le relai de la mienne!, hurlais-je en ramassant de la neige. »

         Et nous avons fait la guerre. Calum derrière le barbecue, moi derrière l’arbre, la neige étant notre seule arme. J’admets… avoir été assez mauvaise. J’admets avoir été touchée plus que j’ai attaqué. Je commençais maintenant à avoir froid, totalement mouillée par la neige fondue – la neige qui a fondu sur moi plutôt. Je croisai mes bras sur mon corps et sortis de mon abri.

« Je demande la paix, dis-je en m’avançant vers lui. J’en ai assez de recevoir de la neige.

— T’as froid?, demanda-t-il en s’approchant également, se collant à moi.

— Oui et j’ai faim aussi.

— Moi aussi, j’ai… Merde! »

         Il était trop tard. Nous nous sommes précipités à l’intérieur avec l’espoir de sauver notre pizza, mais… lorsque nous sommes entrés, une odeur de brûlé flottait dans l’air. En ouvrant le four, nos doutes se confirmèrent : la pizza était maintenant immangeable. Nous l’avons oubliée pendant notre bataille.

« Bon, hé bien… on se commande de la pizza? »

Mille et une vies. [Imagines]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant