L'intrus aimé par gustru.

51 3 0
                                    

« Gustru, regarde ça! T'as vu ce qu'elle a fait? Elle a totalement effacé Elena de la mémoire de Damon, elle a changé tous les souvenirs qu'ils avaient ensemble! Tu comprends ce que ça signifie? Maintenant, il reste plus rien pour préserver son humanité. Elle était le dernier lien qu'il avait avec son côté gentil, gentil pour Damon, je veux dire, ça reste Damon, donc... Ça va être le chaos. »

Voilà comment j'occupe mes samedis soir : je regarde Vampire Diaries avec mon chat. Enfin, mon chat dort plus qu'il ne porte attention à ce qui se passe sur l'écran de ma télévision, mais il est tout de même présent – et assez lourd sur mes jambes. Malgré tout, Gustru est là pour m'écouter me plaindre et pour ronronner – ce que j'interprète comme des approbations de sa part – lorsque je m'inclus dans le scénario et que j'élimine la source de problème qui empêche mes personnages préférés de vivre heureux et en paix. S'il n'y avait que moi, si j'étais vraiment toute seule, j'aurais l'air d'une idiote qui marmonne dans sa chambre d'université alors que les autres étudiants font la fête.

Serais-je en train de rater quelque chose? Serais-je en train de passer à côté d'une étape importante de ma vie en restant enfermée comme je le fais? Je ne parle pas à de nouvelles personnes, je ne crée pas de liens significatifs avec des gens qui pourraient devenir importants, je ne me fais pas de nouveaux meilleurs amis, j'évite les contacts humains, les endroits bondés et les fêtes... Serais-je en train de gâcher ma vie d'étudiante? Je me sens tellement anxieuse et pourtant tellement bien. Un jour, je m'en fous, je veux seulement réussir mon baccalauréat et en finir avec l'école alors que le jour suivant, j'ai envie de participer à plein d'activités et de me joindre à un tas de clubs étudiants.

« Ça suffit, il faut que j'arrête de me torturer comme ça. Je suis bien comme ça, je suis heureuse avec la vie que j'ai, tant pis si je passe à côtés de certaines choses. »

Cette décision maintenant prise, je peux me concentrer sur mon émission à nouveau. Avant tout, il me faut de la nourriture. J'ai faim. Je me lève et me dirige vers la petite cuisine où je fais chauffer des grains de maïs. Assise sur la table – ce que je ne devrais pas faire –, je regarde le sac qui tourne dans le micro-onde. Je le regarde prendre de l'expansion, et je réalise que je n'ai décidément rien de mieux à faire si j'assiste à la cuisson de mon popcorn. De mes sacs de popcorn, puisque j'en fait cuire deux. Quatre minutes à attendre dans la petite cuisine de mon étage que ma collation soit prête.

*

« C'est quoi ce bordel? »

Je ne m'attendais pas à voir quelqu'un dans ma chambre, je n'attendais aucune visite. Je ne m'attendais surtout pas à voir un gars à moitié saoul allongé sur mon pupitre. Il sent l'alcool, c'en est presque insupportable. Que devrais-je faire? Appeler la sécurité? Le frapper avec un balai et le pousser dehors? Je regarde Gustru, roulé en boule sur le dos de ce garçon, et je suis presque émue devant la scène. Il ronronne. Il est bien là où il est.

En soupirant, je regarde l'étudiant endormi en mangeant la collation que j'avais prévu avaler en regardant ma série. Je crois qu'il est dans ma classe. Michael, si je me souviens bien. Ses cheveux changent de couleur à chaque semaine ou presque. Au retour de la semaine de relâche, il avait un piercing au sourcil. Cet anneau dans son visage lui donne un air de mauvais garçon, mais c'est un air qui ne lui va pas. Il est toujours souriant, ses yeux sont toujours pétillants de bonheur. Il est assez beau. Qui plus est, mon chat l'aime bien on dirait.

« C'est pas le genre de soirée que j'avais prévu. »

Non, c'est bien loin de ce que j'avais prévu faire de mon samedi soir. De toute façon, il se fait tard. J'ai regardé assez d'épisodes pour ce soir, je vais aller dormir aussi. On verra demain matin.

*

« Debout Aurore, c'est l'heure se de lever! »

La seule réponse à laquelle j'ai droit est un grognement de sa part à lui et d'un coup de griffe de la part de mon chat. Quel traître.

« Allez, bouge de là, j'ai des travaux à faire! »

Tranquillement, Michael ouvre un œil, puis l'autre. Son regard se promène dans la pièce et s'arrête sur les affiches qui se trouvent sur les murs. Il a l'air totalement perdu et désorienté.

« Bon matin.

Skyler, c'est toi?

La seule et l'unique! Je crois. Tu connais mon prénom?

Je te trouve jolie, donc je m'en suis souvenu. Est-ce que je suis dans ma chambre?

Non, t'es dans la mienne.

Oh merde... »

J'ignore si c'est l'effet du lendemain de veille, mais il a l'air de se sentir coupable. Il se frotte les yeux avant de se relever et de s'asseoir sur mon bureau. Il se tient la tête comme s'il voulait l'empêcher d'exploser ou de tomber. Je lui tends deux pilules et un verre d'eau, qu'il prend sans poser de question. Ce doit être l'effet du lendemain de veille.

« J'ai passé la nuit ici?

Ouais.

J'suis vraiment désolé, Skyler.

Sky.

Sky?

Je préfère me faire appeler Sky.

Ah, d'accord. Je suis vraiment désolé d'avoir envahi ta chambre...

Et de m'avoir piqué Gustru, ce qui m'a empêché de te foutre à la porte.

Quoi?

Mon chat, je crois qu'il te préfère à moi. Il a passé la nuit sur ton dos, à côté de ta tête, autour de toi. J'ai essayé de le prendre pour pouvoir le mettre sur mon lit pour ensuite te pousser hors de ma chambre, il a sorti les griffes. Normalement, il dort avec moi dans mon lit.

J'y peux rien, je suis irrésistible, rétorque-t-il, et son sourire provoque chez moi un sentiment de bien-être que je ne saurais expliquer. N'empêche, je culpabilise vraiment. Ma présence a dû te gêner, surtout qu'on se connaît pas tellement...

J'ai connu pire.

Mais t'as connu mieux. Et là, tu m'as pas vu sous mon meilleur jour.

Ni sous ta meilleure nuit. »

Michael se lève et se dirige vers la porte. Il l'ouvre et s'enfonce dans le corridor avant de revenir sur ses pas. Cette fois, il s'arrête devant ma porte, mais n'entre pas.

« Tu viens?

Où ça?

Prendre un café à la cuisine avec moi. »

Un petit sourire sur le visage, je le suis. Après tout, ce n'est qu'un café dans la cuisine commune de l'étage, ce n'est rien. Qui plus est, j'en ai envie. Je crois qu'il me plaît bien. Il est plaisant à regarder, il a une voix agréable à entendre et il me fait rire. Ce n'est qu'un café dans la cuisine commune de l'étage, mais qui sait où cette aventure pourrait nous mener?


Mille et une vies. [Imagines]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant