Face à face, les coudes sur la table, ils se faisaient face.Dehors, l'orage faisait rage dans la nuit noire. Elle pleurait alors qu'il ne savait que faire pour la consoler.Il ne voulait pas admettre la raison de ses larmes : cela lui aurait fait trop mal. Leurs visages dépités essayaient de s'ignorer afin de ne pas avoir à s'affronter. Le jeune homme voulait nier ce qui ne pouvait plus l'être. Ils savaient tous les deux qu'il n'y avait plus rien à faire, plus rien à tenter. Ils ne pouvaient plus se sauver.
Longtemps, ils se sont aimés. Plusieurs fois, ils se sont séparés. Ils se sont laissés de nombreuses chances, des chances de tout recommencer. Des chances qui, au bout du compte, n'ont abouti à rien. Des chances qui n'ont fait qu'étirer ce qui aurait dû être terminé.
« Michael, je..., commença la jeune fille.
- Je sais, Cindy, je sais. Tu crois que cette histoire a assez duré et qu'il est temps que nous y mettions un terme. Tu crois qu'on a arrêté de s'aimer et que...
- Ça n'a rien à voir avec les sentiments et ça, tu le sais, le coupa-t-elle sans pourtant être brusque. Je te l'ai déjà dit et répété, Mickey. Tu sais qu'on ne peut plus continuer comme on le fait, comme on agit depuis trop longtemps d'ailleurs. Notre histoire... elle ne mène à rien de concret et tu le vois aussi bien que moi.
- Et alors? On s'aime!, protesta le jeune homme, sachant malgré tout qu'il n'avait aucune possibilité de la faire changer d'idée. »
Cindy soupira en enfouissant sa tête entre ses mains. Rompre avec son premier amour n'avait rien de facile, mais le fait qu'il argumente ne faisait que rendre la tâche encore plus difficile qu'elle ne l'était. Il n'y avait plus aucun espoir, alors pourquoi continuer de s'acharner? Pourquoi se battre pour une cause qui n'en vaut plus la peine? Pourquoi continuer une guerre que personne ne gagnera? Pourquoi tout ça? Pourquoi tous ces efforts pour une histoire déjà ruinée?
« On s'aime d'un amour qui nous détruit, Michael. On se fait souffrir mutuellement, on s'anéantit toujours un peu plus à chaque fois.
- Et alors? Ça entretient la passion! Se malmener ne fait que rendre la vie intéressante.
- La vie réelle n'est pas comme dans La Cité des Ténèbres et notre histoire n'a rien à voir avec celle que Jace Wayland entretient avec Jace Wayland. »
Bien qu'il était conscient du fait que ses propos n'avaient aucun sens significatif, Michael avait espéré que cette allusion la fasse au moins réfléchir. Qu'elle prenne un minimum en considération la phrase stupide qu'il venait de dire, ne fusse que 5 secondes.
« Au fond de toi, tu sais que cette relation n'a rien de sain, n'est-ce pas?
- Dans ton cœur, tu ne ressens rien qui puisse te faire vouloir qu'on s'en sorte?
- Il y a des mois que j'ai voulu ça, Michael. Il y a des mois que je n'attends que ça!, s'exclama-t-elle avec une once de désespoir dans la voix. Sauf qu'attendre ne mène à rien. Chaque fois, mes espoirs sont détruits. La lumière que je voyais au bout du tunnel s'éteint brutalement, me laissant dans le néant encore une fois. Dès que je sentais que nos chaînes me libéraient, elles finissaient par me resserrer davantage, m'emprisonnant encore plus qu'avant. Je souffre toujours un peu plus à chaque essai, parce que ça ne se termine jamais bien.
- Et tu crois que tout arrêter est une meilleure fin?
- C'était une erreur de s'acharner ainsi. Je crois qu'on s'accroche à une relation dont la flamme s'est éteinte, une flamme qui ne peut être rallumée. »
Prononcer cette phrase fut douloureuse à dire, mais elle l'était encore plus à entendre. Ces mots atteignirent Michael plus qu'il aurait cru, le blessant littéralement. Il pouvait presque sentir son cœur se déchirer en miettes avant d'exploser morceau par morceau. Il pouvait presque percevoir le couteau qui remuait entre ses omoplates, déchirant tout ce qui se trouvait à sa portée. Il souffrait de ce poison qui circulait dans ses veines, l'intoxicant un peu plus à chaque battement. Car c'est ce qu'ils vivaient depuis qu'ils se promettaient de survivre, un empoisonnement constant et permanent.
« On s'était promis pour toujours, murmura le jeune homme au cœur mutilé.
- On s'était également promis que jamais on ne se ferait de mal, sauf que c'est pourtant le cas. Avant de se consumer, la chandelle a tout brûlé, Michael. Il ne reste que des cendres de notre histoire, de la poussière de notre amour.
- Le phénix renait pourtant bien de ses cendres, non?
- Tu sais très bien ce que je veux dire, soupira-t-elle.
- Ce n'est pas parce que je comprends que j'accepte, Cindy.
- Tu ne crois pas que tout ça dure depuis assez longtemps déjà?
- Je t'aime, Cindy-Lou.
- Je t'aime aussi, Mickey, sauf que....
- Sauf que ce n'est pas assez pour continuer, compléta-t-il.
- Je m'en voudrais de te torturer.
- Je m'en fou moi! Torture-moi, mutile-moi, malmène-moi, mais ne me quitte pas..., supplia-t-il, les yeux larmoyants. »
Tendant les mains ouvertes vers elle en dernier recours, Michael attendit. Il attendit que Cindy ne se décide, ce qui ne vint jamais. Elle reposa les mains du jeune homme sur la table afin qu'il ne s'épuise pas à les maintenir en l'air avant de se lever et de repousser sa chaise. Il secoua la tête; il refusait d'admettre. Il refusait d'admettre qu'il était en train de la perdre. Il ne voulait pas que ce soit la fin, pas plus qu'il voulait lâcher prise. Il ne voulait pas avoir à dire au revoir, sauf qu'il n'avait pas le choix.
Elle l'embrassa sur la joue une dernière fois. Ce baiser était mouillé, mouillé par les larmes qui coulaient sur leurs joues. Ce baiser était leur dernier.
« Prends soin de toi, Mike, d'accord? Tu seras toujours dans mon cœur. »
C'est après avoir murmuré cette dernière phrase que la jeune fille quitta. Elle sortit de la maison, le cœur lourd malgré cette délivrance soudaine qu'elle ressentait. Elle descendit ces marches pour la toute dernière fois. Pas une fois elle ne se retourna. Elle avait décidé de tourner la page afin de débuter une nouvelle histoire. Serait-ce difficile? Oh oui!
« Le premier amour est toujours le plus fort, le plus puissant et le plus magique... mais c'est aussi celui qui est le plus dévastateur. C'est celui qui est le plus difficile à laisser partir, se dit la jeune fille. Ça fait mal, mais il fallait que je le fasse. Je devais le libérer, je devais nous libérer de cette relation sans avenir qui nous liait l'un à l'autre. Je nous ai libérés de cette malédiction qui nous retenait dans le passé, nous empêchant d'avancer. »
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Mille et une vies. [Imagines]
Genç KurguReccueil de plusieurs segments de vies de différents personnages dans des situations particulières. Parfois tristes, parfois romantiques, parfois violentes, ces histoires sauront peut-être vous émouvoir. Elles peuvent vous faire rire, elles peuvent...