La fin de Louanor.

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Encore ce matin, Eleanor s’est rendue sur Twitter. Encore une fois, elle y a lu un tas d’insultes qui avaient au moins l’avantage d’être diversifiées. Chaque jour, elle se fait écrire que son couple n’a rien de réel et qu’il est « fake ». Chaque jour, elle se fait dire qu’elle ne sert qu’à cacher un couple gay. Chaque jour, on lui dit que son petit-ami est amoureux de son meilleur ami et qu’elle n’est là que pour couvrir cette relation. Chaque jour, on lui dit qu’elle n’est là que pour cacher tout ça. Chaque jour, on lui dit que, tant qu’à avoir choisi une « beard », Louis aurait pu choisir mieux qu’elle. N’importe quelle idiote aurait pu faire mieux qu’elle, selon les commentaires.

« Elles sont seulement jalouses, El, lui dit souvent Louis. Elles t’envient et sont jalouses, parce qu’elles aimeraient être à ta place. Ces filles sont des complexées mal dans leur peau qui se vengent sur toi. Elles déversent leur frustration sur celle qu’elles aimeraient être. Elles se dégoûtent elles-mêmes, alors elles te le font payer alors qu’elles te connaissent pas.

-Ça fait mal, Lou…, chuchote-t-elle à chaque discussion dans ce genre-là, les larmes aux yeux.

-Je t’aime, d’accord? Je t’aimerai toujours, quoi qu’elles puissent dire ou penser. Ça ne changera jamais rien à mon amour pour toi, chérie. Je suis amoureux de toi, et c’est tout ce qui importe. C’est tout ce qui compte. Arrête de te préoccuper du reste, mon ange, qu’il répète en lui embrassant le front. »

Et Eleanor a beau essayer, il est difficile d’ignorer ces propos incessants et répétitifs, tel que : « T’es moche, pis en plus, t’es même pas capable d’avoir l’air amoureuse de ton mec. T’es vraiment bonne à rien en fait. » Elle a beau essayer, c’est impossible à réaliser. Il lui est difficile d’ignorer les murmures qui fusent derrière son dos, et ce, partout où elle va. Elle ne peut même plus aller s’acheter de café sans être harcelée! Il lui est difficile d’ignorer le fait qu’elle se fait huer à chaque fois qu’elle est avec Louis. C’est partout, tout le temps et constamment. 

Depuis plus de deux ans, le train quotidien d’Eleanor Calder se résume à ça. Depuis maintenant 1141 jours, ainsi va sa vie. La jeune femme ne peut désormais plus s’y résoudre. Ça dure depuis trop longtemps. Cette fois, elle en a mare. Elle en a mare au point où il faut que ça cesse. Elle ne peut plus supporter cette situation désagréable et invivable. Elle ne peut plus en supporter davantage. L’étudiante ne voulait qu’être heureuse avec son petit-ami, son petit-ami célèbre. Son petit-ami dont les fans sont parfois irrespectueuses et méchantes. Son petit-ami dont les fans lui pourrissent la vie. Elle ne peut malheureusement pas avoir cette vie avec Louis.

Eleanor aime son petit-ami, vraiment! Elle l’adore profondément, seulement… elle ne supporte plus la vie qu’elle mène avec Louis. Le hic est qu’elle ne pourrait pas la supporter non plus sans lui. Mais que faire d’autre? Elle ne voit qu’une seule option, la finale solution : mourir. C’est ce qu’elle a décidé alors que Louis était parti bosser. 

Alors qu’elle était en train de terminer la lettre, sa lettre d’adieu destinée à lui expliquer, il téléphona.

« Allô?

-Hey babe, qu’est-ce que tu fais?

-Je…j’étudiais un peu, toi?, mentit-elle après hésitation.

-J’ai décidé de profiter de ma pause de répétition pour parler à l’amour de ma vie, lui dit-il, et elle pouvait l’imaginer en train de sourire. Est-ce que je te dérange?

-Non non, ça va. Je crois que j’avais aussi besoin d’une pause.

-Est-ce que ça va, El?

-Oui pourquoi?

-T’as l’air…étrange. T’es certaine que tout va bien?

-Tout va bien, Louis, lui assura-t-elle.

-Tu me le dirais si quelque chose allait pas, hein El?

-J’retourne à mes études, bisou mon cœur! »

Et elle raccrocha avant de devoir répondre à cette question, ne voulant pas lui mentir davantage. Eleanor ne voulait pas gâcher sa journée, ni son concert et encore moins sa carrière. Elle voulait seulement partir sans causer trop de douleur à son amoureux – impossible, évidemment.

Les larmes coulèrent sur ses joues et mouillèrent la feuille de papier presque terminée. Elle écrivit la dernière phrase que Louis lira avant de la plier, puis de l’emmener dans la salle de bain. Elle la déposa sur le comptoir du lavabo avant de se glisser dans la baignoire, complètement habillée. L’eau était glacée, mais qu’importait? D’ici quelques minutes, elle serait morte de toute façon.

Après s’être assuré que le sèche-cheveux et le fer plat étaient bien branchés, elle inspira un grand coup.

« Je t’aime, Louis Tomlinson, murmura-t-elle. »

Eleanor mis en marche les deux appareils avant de les immerger dans l’eau. Aussitôt, les deux éléments se rencontrèrent et provoquèrent de grands dégâts. Le corps de la jeune femme, seul organisme vivant présent, fut pris de soubresauts dût à l’électrocution dont elle était victime – et dont elle était également l’organisatrice. Elle sentit le courant traverser ses membres, brûlant ses tissus et libérant le sang partout et n’importe comment. Les battements de son cœur se mirent à accélérer avant de brusquement s’arrêter. En 2 minutes, tout était terminé. Eleanor Calder est morte.

Ce n’est que plusieurs heures plus tard que Louis rentra. 

« Eleanor!, s’exclama-t-il. T’es où mon amour? »

Il la chercha dans la cuisine, dans le salon et dans la chambre. Il était tout excité à l’idée de lui raconter comment s’était déroulé le spectacle! Mais en entrant dans la salle de bain, son enthousiasme retomba, et l’horreur se dessina sur son visage. Le corps – sans vie – de sa petite-amie gisait au fond du bain, couvert de brûlures. Elle tenait toujours ses appareils de coiffure en main, et ses yeux étaient grands ouverts, presque exorbités. Il mit sa main devant sa bouche et se mordit les doigts pour ne pas hurler. En s’agrippant au lavabo pour ne pas tomber, il fit tomber une feuille de papier.

« Je suis désolé de te faire vivre ça, Louis. Je suis désolé, mais je n’en peux plus. Je ne peux plus vivre, c’est trop douloureux et trop difficile. Être avec toi me fait mal, mais ne pas l’être serait pire encore. Je n’ai rien trouvé d’autre que la mort. Ce n’est pas ta faute, mon ange. Les années passées à tes côtés ont été les plus belles de toute mon existence, et sache que je ne les regrette pas. Je ne regretterai jamais la relation que j’ai eue avec toi.

Quoi qu’il arrive, je t’aimerais toujours, Louis. Je suis désolé de ne pas avoir été assez forte pour te suivre. »  

Mille et une vies. [Imagines]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant