365 jours...et pas un de plus.

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Je n'en pouvais plus. Les coups étaient de plus en plus forts et de plus en plus fréquents. La jalousie était de plus en plus excessive. Mes peurs étaient de plus en plus présentes et ne s'apaisaient jamais, jamais elles me quittaient. Je me sentais comme un animal en cage. Le moindre de mes gestes était surveillé et mal interprété. Le moindre mot prononcé pouvait me faire valoir une claque. Je vivais chaque jour dans la crainte de chaque journée qui commençait et qui aurait très bien pu être ma dernière. Maintenant, il était temps que ça s'arrête. Je voulais reprendre ma vie en main. Je voulais revivre.

Un matin, après avoir entamé mon nettoyage de la cuisine salie par la frustration de monsieur, je me suis tannée. J'étais en train de ramasser les débris d'assiette brisée lorsqu'une image s'est imposée dans mon esprit. Je me suis vue à 40 ans, toujours enfermée chez moi – ou plutôt chez lui, là où je ne me sens pas chez moi ni confortable. Je me suis vue entourée de minis-Niall qui cassaient tout et qui me frappaient quand quelque chose les contrariait. Je me suis mise à trembler devant cette vision d'horreur. Non, il était hors de question que cette vision se réalise.

Mon torchon laissé sur le plancher, je me suis relevée. J'ai épousseté mes vêtements. La colère et l'adrénaline dans les veines, je suis sortie sans avoir demandé d'avis. Pour la première fois depuis bien longtemps, je me suis sentie bien. Je me sentais libre et vivante. Le soleil caressait ma peau blanche et aveuglait mes yeux, mais cela ne m'importait pas. J'étais...comblée. Je déambulais dans la ville comme bon me semblait, je souriais et je saluais les passants, heureuse de voir de la civilisation. Je savourais cette liberté que je m'étais donnée. Évidemment, je savais que ça ne durerait pas. Je savais que, cette escapade, j'aurais à la payer à mon retour.

« Non, pas question, ai-je pensé. C'est à moi de rétorquer. Maintenant, c'est mon tour de répliquer. »

À ce moment, j'ai décidé de me battre. J'ai pris la décision de ne plus jamais laisser quiconque diriger ma vie. J'allais me battre pour reprendre cette liberté enlevée. Cette fois, Niall allait payer. J'allais reprendre tout ce temps, toute cette année qu'il m'a arraché.

*

« Alors, elle est où ma bière? Le dîner est prêt? »

Aussitôt rentrée, la porte à peine refermée, Niall m'adressait déjà la parole en posant des questions auxquelles il se doutait que je n'avais pas de réponse. Sa voix était calme, mais grave. Plus que d'habitude. Surtout, elle était lourde de sous-entendus. Assis sur le sofa, les jambes étirées sur la table basse, il regardait un match de soccer. Je ne me surpris point à éprouver du dégoût envers cet homme.

« Ta bière est dans le frigidaire. Pour ce qui est du repas, t'as qu'à te commander un truc si t'as si faim que ça, parce que y'a rien de prêt, criais-je presque pour qu'il m'entende à travers le mur qui nous séparait. »

À peine venais-je de terminer ma phrase que, déjà, le lion sortait de ses gonds. J'ai entendu ses pas se diriger furieusement vers la cuisine avant de rebrousser chemin. Le bruit de ses pieds sur le plancher s'est rapproché alors que je venais de l'entendre sacrer.

« D'où tu me parles comme ça? Tu crois que, parce que t'es sortie aujourd'hui, t'as le droit de t'adresser à moi n'importe comment?

– T'as bien pris ce droit, toi, alors pourquoi pas moi? »

Et c'est sans surprise que j'ai reçu une claque en plein visage. Avant, j'aurais été blessée, physiquement comme psychologiquement. Plus maintenant. La douleur physique, je ne la ressens plus depuis longtemps. Moralement, je n'en peux plus. Chaque coup n'est qu'un niveau de haine de plus, un stimulant qui me motive à tout plaquer.

Grâce à une force en moi que je ne soupçonnais pas, je l'ai repoussé. Les mains sur son torse, je l'ai fait reculer de quelques pas. Ma rage et ma colère, ma soif de liberté me donnaient la force de me défendre maintenant que j'avais décidé de ne plus me laisser dominer. Niall m'a regardée, surpris par ma réaction. Visiblement, il ne s'attendait pas à tant de rébellion. Ce n'était que le commencement.

Je m'en suis retournée à ma valise et, sans dire un mot, j'ai continué à la remplir. Les respirations bruyantes de Niall me parvenaient aux oreilles, mais je faisais fis de les entendre.

« J'peux savoir c'que tu fais?
– Comme tu peux le voir, j'fais ma valise, Niall.

– QUOI?! Comment ça tu fais ta valise?

– C'est fini, Niall. Je pars.

– Hum non, j'crois pas. Ce sera fini quand je dirai que ça l'est, pas avant. Tu restes, qu'il m'marmonne en pesant bien chacun de ses mots.

Non, Niall. »

Le blondinet à la face d'ange qui cache ses démons s'est avancé vers moi, le dos droit et le corps imposant. D'une voix grave, il a répété sa phrase, le regard noir e le visage crispé. Cette fois, je n'ai pas baissé les yeux devant lui. Je l'ai fixé sans siller, pas une seule fois. Pour une fois, je n'ai pas plié. Pour une fois, Niall a été le premier à craquer.

Comme ça, brusquement, il a éclaté en sanglot devant moi. Sa tête enfouie entre ses mains, les épaules secouées, il pleurait. C'était bien la première fois que je le voyais comme ça : vulnérable. Vulnérable, fragile et sensible. Je suis restée là à le regarder sans comprendre ce qui était en train de se passer.

« Écoute, Noah, je sais que j'ai pas toujours été gentil avec toi, mais... J'ai besoin de toi et j'avais peur de te perdre. Mais j'veux pas te perdre, babe! Je t'aime.

– J'suis désolée, en fait, non, j'le suis pas. J'ai pas à m'excuser de te dire que l'amour, c'est loin d'être ça, Niall.

– Alors quoi, t'es en train de dire que j't'aime pas?!, qu'il rétorque en haussant la voix.

Peut-être. Peut-être que tu m'aimes pas, peut-être que tu m'aimes mal. Mais d'une façon ou d'une autre, j'en ai plein le cul de tout ça. J'en ai ras-le-bol de toujours avoir peur quand tu rentres. J'en ai mare de toujours devoir faire attention à tout pour pas me ramasser un coup ou une claque. J'en ai assez de situation, j'veux plus de ça. J'veux plus être une victime, j'veux vivre. J'veux vivre ma vie comme j'en ai envie sans toujours craindre d'être punie.

– J'vais changer!

– J'serai pas là pour y assister.

– Mais j'ai besoin de toi!

– Mais moi, j'ai besoin de quelqu'un qui me respectes, Niall. Pas seulement lors des premiers mois.

– Tout va s'arranger!

– Tout est trop cassé pour être réparé. Tu m'as trop brisée pour que j'puisse te pardonner. »

Sans un mot de plus, j'ai empoigné ma valise et je suis partie. J'ai quitté cet appartement dans lequel je ne me suis jamais sentie à l'aise, quitté cette relation empoisonnée, quitté Niall. En une heure, j'ai tout plaqué. J'ai recommencé une nouvelle vie, ailleurs et bien loin d'ici, une promesse en tête.

Plus jamais de relation malsaine. Plus jamais de peur. Plus jamais de soumission envers quiconque. Plus jamais d'enfermement, que la liberté à présent. Plus jamais de ça, de toute cette année remplie de coups, de larmes et de souffrance.

J'ai vécu 365 jours ainsi. Maintenant, c'est fini. 365 jours, pas un de plus.


Mille et une vies. [Imagines]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant