Mille et une vies. [Imagines]

Heartache on the big screen.

Nouvelle-Zélande, Auckland, 10h23. On est en train de jouer Long Way Home et, plus la chanson progresse, plus je stresse. À la fin de ce morceau, ce sera à moi de parler pour conclure cette soirée. D'ici à peine 2 minutes, la musique va s'arrêter. Je vais faire ma grande demande lors de la grande finale du spectacle.

J'ai choisi de demander la main d'Aliya ici, chez elle, dans son pays natal, et ce, le jour de nos retrouvailles après des semaines de séparation causée par la tournée. Qui plus est, ce sera devant des milliers de fans, prêtes à applaudir lorsqu'elle acceptera de m'épouser. Mon discours est au point, je le sais. Je l'ai changé des centaines de fois afin de m'en assurer, je l'ai à maintes reprises répété devant la glace. Les garçons m'ont même aidé! Ils sont au courant de tout, tout est donc prêt.

Ça y est, c'est bientôt le moment. Michael vient jouer quelques temps à mes côtés – probablement afin de me rassurer. Je le regarde d'un air inquiet et angoissé, voir même terrorisé. Il me fait un clin d'œil avant de courir vers son micro pour ne pas rater son solo. Le temps continue d'avancer et la boule dans ma gorge continue à s'amplifier.

« Voyons, de quoi t'as peur, Ash? Elle va dire oui, tu le sais bien! Pourquoi elle te dirait non? Y'a aucune raison de paniquer, tout va bien aller. »

Mais quand les dernières notes sont jouées, c'est plus fort que moi, je commence à paniquer. Les fans continuent à hurler et à crier, ce qui me laisse à peine quelques secondes de plus pour tenter de me calmer. Je me tourne vers les coulisses et je la vois, Aliya est là. Mon regard croise ses jolis yeux noirs et, tout à coup, je me sens prêt à faire le grand saut.

« Je suis vraiment très content de vous voir, et je suis ravi d'être de retour dans ce beau pays! Chaque artiste a quelques endroits coups de cœur, la Nouvelle-Zélande est l'un des miens. C'est ici que j'ai rencontré ma petite-amie, que j'annonce en me levant de mon siège pour descendre de ma plateforme. La première fois qu'on a joué, c'était dans une toute petite salle avec à peine 10 spectateurs. Aliya était là, dans la toute petite foule. Nos yeux se sont croisés et... je suis tombé amoureux. Un jour, je lui avais fait une promesse. Je lui avais assuré qu'il viendrait un moment où le groupe se produirait dans une grande salle, et nous y voilà. 4 ans plus tard, nous sommes là, dans cette salle de 12 milles personnes. J'ai tenu ma promesse, chérie! Et là, y faut que tu montes sur scène, parce que j'ai une surprise pour toi. »

Aliya soupire, mais s'avance. Elle vient se poster à mes côtés et salue la foule avant de me jeter un regard interrogateur. Les gars me montrent leurs pouces en l'air, ce qui m'entourage à poursuivre dans ma lancée.

« Aujourd'hui, je voudrais te faire une nouvelle promesse. J'aimerais te jurer que pour toujours je t'aimerai et que jamais je ne te quitterai. J'aimerais te jurer fidélité et loyauté, te promettre de te chérir à jamais. Alors, Aliya, je me demandais... si tu voulais bien m'épouser?, que je demande en posant un genou par terre et en sortant la bague de ma poche. »

Des petits « aw » se font entendre alors qu'Aliya, elle, ne dit rien. Elle reste complètement muette, les yeux rivés sur le bijou et sur la petite boîte de velours noir. J'attends une réponse qui ne franchit pas ses lèvres.

« Alors, Aliya?
-Ashton, je...

-Oui?

-Je ne peux pas t'épouser. »

Sa réponse est comme une bombe : elle fait exploser la salle. Le calme et le silence règnent un moment, puis les fans se mettent à parler entre elles. Je n'en reviens tout simplement pas. J'avais tout planifié, tout préparé! Mais je dois avouer que ça, je ne m'y attendais pas. Même les gars sont surpris par sa réponse, même eux pensaient jamais qu'elle dirait non! Ils ont tous la bouche ouverte en forme de « O », pétrifiés sur pace, les yeux rivés sur nous. Personne ne sait quoi faire ni quoi dire, aucun de nous ne sait comment réagir.

Sous le choc, je quitte la scène en pressant le pas, mes gestes affichés sur tous les écrans. J'ai honte. Je me suis royalement et publiquement fait humilier. Je suis totalement déconcerté par ce qui vient de se passer. Pourquoi a-t-elle refusé? Pourquoi ne pourrait-elle pas m'épouser? Je ne comprends pas. Assis sur le sofa de la loge, les mains dans les poches et le regard vague, je tente de comprendre. J'entends des pas qui se rapprochent, puis de touts petits coups sur la porte. Celle qui n'est pas ma fiancée entre et vient s'asseoir à côté de moi. D'un geste navré et désolé, elle pose sa main sur mon bras. Je ne la regarde pas. Je souffre à l'intérieur, j'ai mal. Elle m'a fait mal.

Elle empoigne mon menton entre ses longs doigts fins et me force à la regarder. Elle a l'air triste, il me semble.

« Écoute, Ash, c'était pas une bonne idée de me surprendre comme ça, surtout devant autant de gens.

-J'ai bien remarqué, marmonnais-je. Tu t'attendais à quoi, à ce que je te dise "Hé, chérie, sois surprise quand je te demanderai en mariage au concert du 17!" peut-être?

-...

-Et pis pourquoi t'as dis non d'abord?

-Je voulais t'en parler ce soir, justement...

-Me parler de quoi?
-Je peux pas t'épouser, parce que je veux rompre. »

BAM! Une autre bombe qui, encore une fois, me laisse choqué et sans voix. Aliya est en train de se transformer en terroriste, et mon cœur semble être sa cible. Décidément, cette soirée est de pire en pire... Est-ce que l'attaque est bientôt finie?

« Quoi?! Mais... mais pourquoi? Je t'aime moi! Tu m'aimes pu?
-Je t'aime encore, seulement...

-Seulement quoi? Qu'est-ce qu'il y a? C'est quoi le problème?

-Le problème, c'est que tu peux pas m'offrir ce que je désire.

-Qu'est-ce que tu veux, Ali? T'as qu'à demander et je te l'offrirai!
-Je veux une vie normale, Ash. Je veux une relation normale avec un gars ordinaire.

-Je vais quitter le groupe dans ce cas!

-Non!
-Oui! Je peux t'offrir ce que tu désires.

-Je refuse que tu renonces à ton rêve, Ash.

-Je l'ai réalisé, mon rêve. Je veux maintenant être avec toi.

-Il est trop tôt pour que tout s'arrête, pas déjà. Profites-en, ok?
-J'veux pas en profiter sans toi, murmurais-je, les yeux humides et une boule dans la gorge.

-T'auras malheureusement pas le choix, mon ange. Un jour, tu trouveras une femme à qui faire ta demande, une femme qui, elle, te répondra oui. Mais cette femme-là, c'est pas moi pis ça le sera pas.»

         Ceci dit, elle m'a embrassé la joue et elle est partie. Elle m'a laissée là, comme ça, juste après m'avoir plaqué alors que je venais de lui demander de m'épouser. Et CRACK! Ça, c'est le bruit de mon cœur qui se casse de manière irréparable.