« Louis, t'es où? Qu'est-ce que tu fais?
– Je me repose dans la chambre.
– T'as pas le temps pour ça maintenant, il faut partir!
– Pourquoi ça?
– On doit être à l'aéroport dans moins de 20 minutes!
– Pourquoi?
– La règle qui consiste à arriver 3h d'avance à l'aéroport, ça te dit quelque chose?
– Vaguement.
– Tu l'as déjà appliquée?
– Y'a fort longtemps. »
Je soupire, posant ma main sur mon front en signe d'exaspération. Je cours partout dans la maison comme une poule sans tête alors que monsieur fait la sieste. Tantôt cherchant ceci, tantôt cherchant, tout cela pendant que lui, il se la coule douce. Je suis en état de stress intense, ce qui n'est visiblement pas son cas. Partir en voyage m'angoisse. Je n'ai jamais voyagé. Je n'ai jamais quitté mon chez moi pendant plus de deux jours et voilà que je quitte mon pays pour deux semaines. C'est une différence énorme, majeure, exponentielle! Je ne me sens pas bien.
Louis sort de la chambre, vêtu simplement. Un short et un tee-shirt blanc, c'est tout ce qu'il a sur le dos. Il fait pourtant froid dehors. Il neige dehors. Je me retiens d'éclater de rire.
« Louis, tu sais quelle température il fait?
– 27 degrés, j'ai vérifié sur mon téléphone.
– À Cuba, peut-être, mais pas à Londres. Tu vas te geler les fesses!
– Mes fesses vont bien aller, chérie. Ceci dit, c'est très gentil de t'en préoccuper, qu'il ajoute en m'adressant un clin d'œil.
– Tu veux rire? C'est 2 degrés qu'on ressent ici!
– Allie, j'aurai même pas le temps de le ressentir! On va sortir de la maison pour embarquer dans une voiture chauffée pis, quand on va s'en extraire, c'est pour aller dans un aéroport aussi chauffé et un jet dont on sera maître de la température qu'il fait!
– Ah ouais, c'est certain que... Attends, t'as bien dit jet? »
J'allais faire le tour de la salle de bain pour m'assurer que rien d'utile et de nécessaire n'y était resté lorsque je me suis arrêtée, debout entre le cadrage de la porte. Je me retourne et lui fais face, les yeux plissés. Je le regarde et analyse son expression faciale afin de déterminer son niveau de sérieux – ce qui est fort compliqué considérant le nombre de fois où je l'ai vu ainsi.
« Est-ce que j'aurais dû préciser le privé du jet?
– Tu te fous de ma gueule, c'est ça?
– Qu'est-ce que j'ai fait encore?
– Trop. T'en fais beaucoup trop, comme toujours, que je soupire hochant la tête.
– Tu mérites d'être trop gâtée, qu'il répond en s'approchant de moi. »
*
Lorsque l'appareil décolle, je suis anxieuse. Louis me tient la main. Son pouce caresse les jointures de mes doigts. Ses lèvres me chuchotent des mots à l'oreille. J'ignore ce qu'ils disent. Ce ne sont que des bruits en plus, mêlés à ceux que fait le jet. Celui-ci se met à bouger. Il roule sur la piste. Je serre la main de mon copain. J'enfonce mes ongles dans sa peau. J'aurais dû vaincre ma peur plus tôt.
L'avion privé quitte le sol, on s'envole.
*
« Tu vois? C'était pas si mal! Qui plus est, t'es vivante et moi aussi. T'as réussi à combattre ta peur, Allie. »
En embarquant à bord de l'appareil, j'avais froid. Il neigeait à travers le hublot. J'étais fébrile, stressée et énervée. Lorsque j'en ressors, presque 16 heures plus tard, le soleil brille et les palmiers se font secouer par la brise. Le soleil est en voie de se lever. Je me sens plus légère, je me sens bien. J'ai passé le plus clair du vol à dormir, je suis reposée et pleine d'énergie. J'ai troqué mes jeans et mon pull pour une jupe et un tee-shirt, je suis prête pour Cuba. À notre arrivée, une voiture nous attend pour nous amener à notre hôtel. Direction le Playa Blanca!
*
Notre admission est terminée, nous sommes installés dans notre chambre, le numéro 3921. Elle est située au deuxième étage du petit bungalow. La porte de la chambre ouverte à l'aide de la clé magnétique, Louis me prend dans ses bras comme le font les nouveaux mariés et me fait entrer à l'intérieur, fait quelques pas et s'arrête avant d'entrer dans la salle de bain. Il me pose sur le sol et prend ma main. La salle de bain est assez grande et comporte un bain. Le comptoir est bas, plus que la normale. Le miroir est très large, il fait toute la longueur du mur. Un séchoir est compris ainsi que plusieurs produits de toilette. Il y a un coffre-fort dans la garde-robe qui se trouve juste avant la salle de bain. Un long miroir est posé sur le mur juste en face.
Louis m'entraîne vers l'autre partie de la chambre, là où se trouvent deux lits simples et deux petites tables de chevet.
« Quel lit?
– Celui du fond. »
Se fiant à mon choix, il pose ses effets sur le lit qui est le plus près de la porte et s'allonge dans celui qui sera le nôtre pour les nuits à venir. Moi, je me dirige vers la porte du patio et l'ouvre, sortant sur le balcon qui donne sur la petite rue. Il est en forme de « L », c'est super. Si je vais au fond, je peux voir la mer – en partie, l'autre étant cachée à cause des buissons. Mes mains posées sur la balustrade, j'inspire l'air salé de la mer et je souris. Je sens que ses vacances seront les meilleures de ma vie.
Perdue dans mes pensées, je n'entends pas les pas de mon petit ami qui se rapproche. Je sens ses mains se poser sur mes épaules et s'enrouler à ma poitrine alors que son menton trouve sa place au creux de mon épaule.
« Alors, ça te plaît?
– C'est superbe. L'endroit, la chambre, tout est splendide.
– Même moi?, demande-t-il de sa petite voix timide.
– Surtout toi.
– Je t'aime.
– Je t'aime aussi.
– Peut-être m'aimeras-tu moins après avoir passé 14 jours en ma compagnie.
– J'en doute.
– Prépares-toi, Allie chérie, les surprises ne sont pas finies, au contraire! Elles ne font que débuter. »

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Mille et une vies. [Imagines]
Roman pour AdolescentsReccueil de plusieurs segments de vies de différents personnages dans des situations particulières. Parfois tristes, parfois romantiques, parfois violentes, ces histoires sauront peut-être vous émouvoir. Elles peuvent vous faire rire, elles peuvent...