Chapitre 5 : Gabriel

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Bip...bip...bip...

-Une intrusion dans le secteur 5 mon commandant !

L'homme fait brusquement tourner son siège pour faire face à l'écran de l'ordinateur de son subordonné.

Il a quarante-cinq ans peut-être et une rude habitude du métier. Rien ne laisse présager aujourd'hui plus que les habituels exercices de routine.

-Bien, identifiez immédiatement cet engin... A qui appartient-il ?

Le jeune garçon hésite. Les cheveux caramel, vingt ans environ, il ne comprend pas vraiment ce qui s'affiche sur son écran. C'est presque impossible si l'on reste logique... Ou très grave.

-L'ordinateur est formel. Il s'agit de la machine qu'à utilisée jadis pour fuir le prisonnier 438.

-Bon sang, écartez-vous de là...!

Et le commandant s'installe devant l'écran, bousculant l'autre au passage. Ses yeux se fixent sur le rectangle lumineux devant lui. Pas de doute à avoir, l'autre imbécile ne s'est pas trompé...

Mais alors ? Gabriel Astra n'est pas dans l'engin, il en a la preuve assez facilement puisque tout le monde sait très bien où il se trouve actuellement... Alors c'est qu'il y a un vrai problème. Une erreur comme il ne devrait jamais y en avoir.

-Donnez des ordres à la patrouille. Il ne faut surtout pas que le pilote nous échappe. Capturez-le à n'importe quel prix.

Le subordonné hésite quelques secondes. Ses yeux sont lui aussi fixés sur l'écran.

Une curiosité étrange le saisit, le poussant à se demander qui est le mystérieux pilote de l'appareil.

Mais il ne doit qu'obéir. Les remords, ce serra un autre jour, quand son chef sera plus conciliant et moins en colère. Il se force donc à répondre d'un ton neutre :

-Bien mon commandant, ce sera fait.

Claquement de talons, et le jeune homme court vers la sortie.

Un dixième de secondes plus tard, l'ordre se fait entendre dans les hauts-parleurs géants de la base et une dizaine d'hommes en uniforme se précipitent pour rejoindre les grandes portes de la base et intercepter le mystérieux pilote...

***
Quelques minutes plus tard, cellule de Gabriel.

Je fixe d'un regard neutre l'homme qui vient de pénétrer dans ma cellule. C'est au moins un visage nouveau, ce qui n'est déjà pas si mal.

Mais je dois avouer qu'il m'est profondément antipathique. Je tente pourtant de mettre mes préjugés de côté et l'observe en quelques secondes d'un regard neutre.

Cinquante ans, impeccablement rasé, costume de circonstance et bien conservé, voilà le portrait fidèle de l'avocat qu'on m'accorde.

Poliment bien qu'un peu froidement je l'admets, je tends une main pour saluer le nouvel arrivant. Ma fierté me pousse à l'envoyer balader, à lui dire que je n'ai besoin de personne.

Mais je doute que ce serait cette conduite qu'aimerait me voir tenir Azylis... Et le souvenir de ses yeux bleus suffit à me donner la force d'esquisser même un sourire un peu froid.

Mais mon pompeux avocat -cela se voit dans toute sa façon d'être- hésite quelques secondes à accepter de me serrer la main, avant de lentement se décider.

Ensuite, il commence la conversation à bâton rompu, tout en se baissant légèrement pour éviter de toucher le plafond et en ne me regardant jamais droit dans les yeux, ce qui m'arrache un sourire narquois.

Intemporel T1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant