Intemporel T1 & 2

Chapitre 8 : Azylis

À peine ai-je posé le pied au sol que je me mets à courir droit devant moi sans vraiment réfléchir, mes poursuivants sur les talons.

Où aller ? Je n'en sais rien. J'ai toujours été très désorganisée, mais là, c'est vraiment le pompon... Tout ce que je fais, c'est jouer au lapin devant les chasseurs...

Car ils me suivent de près, ces fichus gardes dont j'ignore encore la fonction exacte... Je repense avec un brin de regret à toutes ces années où je n'ai jamais pu comprendre les amateurs de footing...

Je comprends mieux, maintenant. C'est un entraînement pour être apte à survivre en cas de course-poursuite dans le futur...

Suis-je bête ! Tandis que je cours, avec pour seule compagnie mon humour noir, j'entends l'aéronef se remettre en fonctionnement.

Je n'ai pas besoin de me retourner pour deviner que l'élégante machine métallique tourne sur elle-même pour disparaître petit à petit dans une spirale temporelle... Comme me l'a si gentiment expliqué Ady.

Un spectacle que je regarderais bien pour me convaincre un peu plus que je ne rêve pas mais dont je ne peux hélas profiter à sa juste valeur.

Bon... Il serait temps de réfléchir un peu. Ici, tout le paysage ressemble à une immense forêt tropicale comme chez nous, mais... entretenue !

En effet, des routes serpentent entre des arbres gigantesques et au milieu de plantes étonnantes. Mais tout est désert.

Moi, prudemment, je cours sur le bitume d'une étrange couleur blanche, en tâchant d'ignorer les cris derrière moi qui me commandent de m'arrêter. Une pensée dans tout cela m'étonne et je me concentre dessus plutôt que sur le reste.

Je comprends parfaitement le langage parlé ici... On parlerait français sept siècles plus tard ? Une intéressante question que je n'éluciderais malheureusement que plus tard.

Actuellement, je suis beaucoup trop occupée à courir et à me concentrer pour ne pas bêtement trébucher...

Je jette un coup d'œil aux arbres qui bordent la route et retiens une grimace de frustration.

Je n'ai aucune envie de pénétrer au milieu de ces drôles de plantes que je ne connais pas et dont je me méfie... Mais je n'en peux vraiment plus...

Une clairière apparaît alors dans un tournant et je m'y engouffre sans réfléchir. Je cours vers une haie et cherche des yeux un repère possible.

Bingo ! Je viens d'apercevoir un arbre assez haut pour me cacher mais où l'on peut grimper facilement.

En un temps record, je ne croyais moi-même pas cela possible, j'escalade les branches basses jusqu'à disparaître dans le feuillage. Tout cela s'est passé si vite que j'en reste moi-même pantoise.

Bien perchée sur une branche haute et solide, je peux maintenant me risquer à jeter un coup d'œil à mes mes poursuivants. De toute évidence, ils sont furieux de ma soudaine disparition.

Ils ignorent totalement le lieu où je me trouve et je m'autorise un léger soupir de soulagement.

Ils se sont séparés en deux groupes, l'un inspectant les parages, et ils ont fort à faire car ils ignorent ma crainte de la forêt, et l'autre continuant de courir sur la route. Je les plains car la course commençait à devenir fatigante...

Les hommes du groupe le plus près de moi s'éloignent pour finalement disparaître dans la verdure des arbres de l'autre côté de la prairie. Toute seule, sur ma branche, je laisse échapper un profond sourire d'auto-satisfaction.