Intemporel T1 & 2

•Edilyn• (Chapitre 129)

Chapitre dédié à ff_livres pour m'avoir porté chance ! :p

Je me cache un peu plus derrière le meuble ou je me suis abritée. Je n'ai vraiment pas envie que maman me découvre ici...

Pourtant, lorsqu'une étrange lueur bleue envahit la pièce, de nouveau plongée dans l'obscurité, je relève un tout petit peu la tête, incapable de réfréner ma curiosité.

La jeune fille est toujours allongée sur le lit. J'aperçois un peu mieux son visage trop mince encadré de ses longs cheveux noirs... Elle est jolie. Si seulement elle pouvait ouvrir les yeux et cesser de faire ce bruit terrifiant en respirant...

Je me rabaisse dans ma cachette dans un éclair de panique. Le premier homme, celui que l'autre appelle le "docteur" s'est approché et branche des milliers de fils étranges autour de la jeune fille.

J'entends l'autre personne sangloter dans la salle. J'ai l'impression que beaucoup de temps est passé... J'ai froid, j'ai un peu peur aussi... J'ai envie d'éternuer.

Mais je me retiens et risque un nouveau coup d'œil. Le spectacle est si étrange...

Un fluide bleu aux reflets d'or semble circuler autour de la jeune fille. Il s'élève de quelques centimètres au dessus de son corps pour rejoindre deux endroit où il s'accumule sous forme de sphère.

Deux sphères colorées... L'une bleue et l'autre dorée. Et soudain, tout s'arrête. Le fluide cesse de circuler, deux objets tombent par terre, et l'on entend plus l'étrange respiration...

Toujours cachée derrière mon meuble, je vois le docteur ramasser les deux sphère maintenant bien réelles et qui brillent comme deux petits soleils.

Il tend la dorée à l'autre homme.

-Tenez, et gardez là précieusement, c'est l'âme de votre fille... Attention à ne surtout pas la briser !

L'homme, encore trop sous le choc pour réagir, saisit la sphère puis finit par réussir à articuler quelques mots que je ne comprends pas.

-M...merci. Avez-vous... Avez-vous réussi votre expérience ?

Le docteur prend alors pour répondre une voix douce qui résonne agréablement à mes oreilles.

-Oui, j'ai réussi... J'ai ici une copie de l'âme de votre fille. Personne n'avait jamais réussit à faire ça...

-Je sais, vous me l'avez déjà dit...

-Mais rappelez-vous, je vous avais aussi dit autre chose... Je vous ai dit pourquoi je souhaitais la sphère ! Je veux tenter de sauver l'âme des gens, et de la réintégrer dans des corps cliniquement morts pour ne voler la place de personne. Or, je dois faire des expériences pour cela. Et je refuse d'utiliser des âmes véritables... Faite moi confiance, je trouverais une solution pour votre fille...

Je lève légèrement les yeux au dessus de ma cachette pour constater que le docteur a doucement posé l'une de ses mains sur l'épaule de l'autre homme. Celui-ci esquisse un sourire triste, comme soudainement vieilli de dix ans. Il contemple la jeune fille sur le lit.

-Je ne suis toujours pas certain d'avoir pris la bonne solution... J'aurai aimé qu'elle soit consciente, pour lui demander son avis... Et maintenant, elle est morte sans l'être tout à fait ! Elle est là, à la fois si proche et si inatteignable ! Prisonnière de cette sphère ! Oh ! Docteur, je...

-Calmez vous. Si vous voulez changer quoi que ce soit, c'est faisable. Il suffit de briser la sphère.

-Les... Les deux, non ?

Le docteur secoue lentement la tête.

-Non. La copie de l'âme de Lydie n'est pas l'âme de votre fille. Elle ne contient pas ses pensées actives, sur le moment. Mais seulement tout son passé. Si je l'injectais à n'importe qui, cette personne resterait elle-même, mais avec les souvenirs d'un autre...

-C'est un peu compliqué pour moi, docteur...

-Je comprends. J'insiste, rentrez chez vous. Parlez en à votre femme et prenez tranquillement une décision. Vous savez ou me trouver si vous avez besoin de mon aide.

L'homme salue de la tête, serrant comme un trésor plus que précieux la petite sphère dorée qui continue de luire dans le noir.

Il se retourne et s'avance vers la porte du fond. Il a auparavant prit dans ses bras la jeune fille maintenant silencieuse et la sphère est dans sa poche.

Sur le seuil de la porte, il se retourne une dernière fois vers le docteur.

-Merci. Merci, je sais que c'est interdit et que vous prenez des risques. Merci de croire que vous pouvez encore améliorer le processus et parvenir à sauver des vies sans danger... J'espère qu'un jour, ma fille pourra en personne vous remercier... Au revoir docteur.

La porte se referme, et le docteur reste seul, au milieu de la pièce. Enfin, pas si seul que cela, puisque je suis toujours là, apeurée et frigorifiée de la tête aux pieds.

Que font les autres ? Ou me cherchent Gabriel et Aevin ? Il est tard maintenant, ils sont peut être déjà partis dormir...

Une brève pensée illumine mes yeux. En tout cas, c'est sûr, j'ai gagné la partie de cache-cache.

Le docteur s'éloigne à son tour. Une fois à peu près certaine qu'il est parti, je me relève lentement. J'ai des fourmis dans les jambes... Et partout d'ailleurs.

Je remarque alors un léger détail qui n'est pas sans avoir de l'importance. Je n'ai pas entendu le claquement de la porte de l'appartement...

Je pousse alors un léger cri. Le "docteur" se tient juste devant moi, sa sphère toujours à la main. Il n'a pas l'air bien méchant... Mais à cause de l'ambiance étrange, du froid qui m'a envahit, j'ai peur.

Je le bouscule légèrement et fonce vers la porte. J'entends alors un cri horrifié et le tintement du verre brisé.

Dans la bousculade, le vieil homme a laissé tomber la sphère bleue. En quelques instants, le fluide s'en échappe et se dissous dans l'atmosphère.

Le docteur paraît brisé. Il se tourne vers moi :

-Cours donc, petite, va avertir ta famille... Après tout, qu'importe ? Personne ne pourra comprendre, mais j'étais si proche de sauver des vies !

Son accent soudain brisé me touche. Je longe le mur vers lui et murmure :

-Ne vous inquiétez pas monsieur...

Il ne m'écoute pas. Je recule d'un pas et sens vaguement quelque chose s'enfoncer dans ma manche puis dans mon bras.

Derrière moi, il y avait tout un dispositif de plusieurs seringues, prêtes, remplies de différents liquides dont je ne définis pas les usages.

A mon léger cri de surprise, l'homme a détaché ses yeux de la sphère brisée. Il relève la tête et ses yeux s'agrandissent d'horreur à la vue de mon bras à la manche déchirée et des seringues.

Je me sens étrange, nauséeuse... Je m'écroule dans les bras du docteur qui panique :

-Malheureuse enfant ! J'espère qu'il n'y avait rien de dangereux... Il faut que j'appelle quelqu'un. Tout seul, je n'arriverais pas à t'aider...

Je sombre dans un étrange brouillard avec un dernier sourire. Maman va me tuer, mais c'est la première fois que je parviens à gagner une partie de cache-cache.