Intemporel T1 & 2

•Azylis• (Chapitre 82)

15 jours plus tard...

En prison... C'est la première fois que ça m'arrive. Avant, avant de ma lancer dans toute cette folle aventure, j'aurai éclaté de rire en disant que c'était plutôt normal...

Maintenant, je vois plutôt ça comme une chance de ne pas y avoir atterrit plus tôt.

Je m'assois lentement sur le lit. Il est en bois et a l'air relativement confortable. J'ai même droit à un bureau et à une petite salle d'eau à côté. Je suis plutôt bien logée.

Je secoue la tête. J'ai déjà pensé ces choses là. Je suis en prison depuis déjà... Quelques jours ? Plus ? Je n'arrive pas à rassembler mes souvenirs.

Je me demande distraitement si l'endroit ou Gabriel est retenu est très différent de celui-ci.

La porte de ma prison s'ouvre tout à coup. Un garde entre et me tend une denrée très précieuse par les temps qui courent : du papier et un stylo.

Je souris.

-Merci beaucoup, je vous avoue que j'apprécie cette attention...

Le garde incline la tête poliment. J'ai envie de dormir... Je sens une sourde inquiétude m'envahir.

-Personne n'a le droit de venir vous parler mais vous avez le droit d'écrire.

Je redresse tout à coup la tête. Mes yeux le fixent. Je me demande ce qu'il peut y lire. Sans doute une émotion complètement indéfinissable puisque je me sens vaguement ailleurs.

-Même à un autre prisonnier ?

Il hoche la tête et ne peux s'empêcher de demander avec curiosité :

-Vous pensez au prince ?

Il se reprend alors rapidement.

-Excusez moi, je suis trop curieux. Oui, vous pouvez écrire à un autre prisonnier...

-D'accord, merci beaucoup.

Je m'apprête à dire quelque chose puis me ravise. Après tout, il a plutôt raison. Je n'ai pas envie de dire à la terre entière à qui je vais écrire, même si ils peuvent le savoir par eux-mêmes.

Je pose cependant une nouvelle question.

-Savez-vous quand je vais être jugée ?

Il me dévisage d'un air étrange.

-Le jugement a déjà eu lieu.

-Que voulez-vous dire ?

Je sens mon rythme cardiaque s'accélérer. Je ne comprends pas. Comment est-ce possible ?

Il me regarde fixement, et je vois poindre pour la première fois dans son regard de soldat une étincelle de compassion. Instinctivement, j'ai peur de ce que je vais entendre.

J'ai également une vague sensation de déjà vu qui remonte des tréfonds de ma mémoire.

Le garde recule jusqu'à la porte.

-Le jugement a été rendu. On vous a injecté le sérum. Vous êtes en train de totalement perdre la mémoire... Dans deux jours, vous ne vous souviendrez plus de rien.

C'est impossible. C'est totalement impossible... Le garde ferme la porte en m'adressant un sourire triste, dépourvu de faux-semblants.

Il ment, c'est certain. Alors pourquoi est-ce qu'il m'est totalement impossible de me rappeler des jours qui précèdent ? Ce vide dans ma mémoire dont je viens de prendre conscience...