Azylis (Chapitre 168)

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Dans le salon, seul le silence répond à mon abracadabrante déclaration. Je viens du futur...

Je sais qu'il ne vont pas me croire. Pas tout de suite...

C'est ma sœur, Meredith, qui s'exclame à voix haute la première.

-Et c'est avec ça que tu espères t'en sortir ? Tu te fiches de nous ?

Tugdual paraît terriblement blessé et mes parents gardent un dangereux silence. Je me décide à répondre, tentant de trouver mes mots.

-Je vous ai dit que j'avais été dans le futur. Laissez-moi vous expliquer toute mon histoire depuis le début... Ensuite, seulement ensuite, vous me jugerez. Cela vous va ?

Mon père fixe ses yeux dans les miens.

-Très bien, vas-y, mais je te rappelle au cas ou tu l'aurais oublié que je déteste les sales blagues.

-Je m'en souviens. Avant que je ne commence, pouvez-vous juste me résumer ce que vous avez pu savoir de mon absence ?

Ma mère, une femme absolument merveilleuse en temps normal mais là de toute évidence sur les charbons ardents, se décide à répondre à ma question.

-J'ai essayé de te joindre le jour même où tu as disparu. Je le sais parce que j'ai finis par m'inquiéter et par contacter au cas où la police. Au nom que j'ai donné, ils m'ont dit qu'ils t'avaient vue dans la matinée...

C'est Tugdual qui continue à sa place en prenant une certaine assurance au fur et à mesure qu'il commence à parler.

-Lorsque nous avons intensifiés les recherches quelques jours plus tard, vraiment inquiets, nous avons recontacté le poste de police pour avoir plus de détails...

Meredith l'interrompt pour continuer en se tournant carrément vers moi avec une franchise déconcertante.

-Ils nous ont résumé ta visite et le motif de ta visite. Tu ne nous avais pas dit que tu étais inquiète de la disparition d'un certain Gabriel Astra... Alors, nous avons tiré comme déduction que tu avais dû continuer à le chercher... Mais ou ? Toute la question se trouvait là...

Elle fait une légère pause tandis que j'enregistre toutes ses informations avec un pincement au cœur. Je leur ai donné tant d'inquiétude ! Ma sœur reprend la conversation, gardant son incroyable ton vif et enjoué.

-On a finit par penser que tu avais pu aller à l'appartement de ton ami qui avait disparu... Un voisin nous a affirmé t'avoir vu entrer dans l'appartement... Il ouvrait la porte de chez lui pour sortir quand tu entrais. Il a remarqué au passage qu'il avait mis de la boue dans toute la cage d'escalier en montant avec ses chaussures et il s'est mis en tête de nettoyer. Il jure que une heure plus tard, tu n'étais toujours pas sortie de l'appartement -où tu n'étais absolument pas censée entrer- ce que nous avons appris plus tard. Et nous n'avons jamais eu d'autres informations...

Tous les regards sont maintenant tournés vers moi. Avec une légère anxiété, je serre un peu plus mes doigts dans ma poche sur le bâtonnet argenté.

-C'est normal que vous n'ayez jamais eu d'autre information... Je ne suis jamais ressortie de cet appartement... Enfin, en quelque sorte.

Mes quelques paroles captives ma famille et je reprends fermement mon souffle pour continuer mes explications.

-Comme tu l'as dit, Meredith, je cherchais Gabriel Astra. Un garçon appartenant à la même université que moi et qui avait disparu depuis plus de trois mois. Je commençais à être réellement inquiète et c'est en votant le peu d'utilité du rendez-vous chez la police que j'ai décidé de tenter de trouver la vérité dans son appartement...

Je fais une légère pause avant de poursuivre en fixant des yeux le petit tapis rouge à mes pieds.

-A l'intérieur, j'ai découvert beaucoup de choses qu'il m'avait caché. En premier lieu, une photo sur laquelle on le voyait aux côtés d'une fille qui, à mes yeux, était sans aucun doute sa sœur. La ressemblance était trop frappante. La conclusion s'imposait donc d'elle-même : il n'était pas un orphelin sans racines. La deuxième découverte que j'ai faite...

Devant mon soudain silence, Tugdual ne peut s'empêcher de me presser de continuer.

-Eh bien ? Qu'est ce que c'était ?

-Ceci...

Et je sors de ma poche l'étrange petit bâton d'argent. Je reprends la parole tout en le tendant à ma mère pour qu'elle puisse le regarder. C'est ma seule preuve que je ne mens pas...

-Regardez-le mais n'appuyez surtout pas sur la pierre...

Le bâtonnet circule jusqu'à parvenir à ma sœur qui l'observe plus attentivement que les autres avant de me le rendre en prenant la parole.

-Tu ne le sais sans doute pas mais je me suis lancée dans des études de joaillerie... Et sans me vanter je suis plutôt douée. Eh bien, de tous les objets qui me sont passés entre les mains, je n'en ai jamais vu d'aussi étranges... C'est de l'argent, j'en suis certaine, mais je ne comprends pas comment ils ont fait les motifs et à quoi ça correspond... Ni comment la pierre est intégrée à l'ensemble. Pourquoi ne faut-il pas appuyer dessus ?

Je garde un léger silence en faisant rouler le bâtonnet entre mes doigts. Je me décide enfin, la gorge légèrement nouée par l'appréhension.

-Je vous ai dit tout à l'heure que j'étais allée dans le futur... C'est indirectement la faute de cet objet. Lorsque je l'ai trouvé, mon premier réflexe lié à la curiosité a été d'appuyer sur la pierre...

Mon père est un homme brillant, intelligent et bon joueur, habitué et aimant les enfants. Il ne possède qu'un défaut : n'accepter que les idées scientifiquement prouvées. Il a de l'imagination, oui. Mais pas pour la vraie vie. Il ne peut donc s'empêcher d'intervenir.

-C'est ridicule ! Azylis, nous t'avons cherché pendant sept ans, et je suis fou de joie de te retrouver, alors pourquoi tout gâcher par des mensonges que personne n'avalera jamais ?

J'esquisse un léger sourire, presque timide avant de répondre.

-Vous m'aviez juré de m'écouter. Je n'ai pas finis mes explications. Mais avant de continuer, je voudrais vous montrer quelque chose pour vous convaincre... Vous me jurez de ne pas vous affoler ? Dans quelques minutes, lorsque j'appuierai sur la pierre, je vais disparaître...

Intemporel T1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant