•Edilyn• (Chapitre 130)

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Je reviens au présent et secoue la tête. J'ai presque l'impression d'être de nouveau nauséeuse, comme lorsque j'étais enfant...

Étonnants souvenirs... Je reste un instant pensive, la tête toujours entre mes mains.

Quelque chose m'échappe dans tout ça. J'ai au moins appris une chose : l'effacement de ma mémoire a été involontaire.

Ce qui explique sûrement le fait que j'ai pu si facilement en combattre les effets... Je ne peux m'empêcher de me poser des milliers de questions.

Difficile de ne pas faire le lien entre toute cette histoire et Lydie, seule personne que je connaisse à vivre dans le corps d'un robot. Le prénom est identique... Et je ne crois pas aux coïncidences.

Je me sens l'âme d'une romancière. Des milliers de théories toutes plus abracadabrantes les unes que les autres m'envahisse l'esprit.

Ce médecin... Aurait-il réussi ce qu'il désirait tant faire ? Permettre à des âmes de vivre une nouvelle vie dans un corps "cliniquement mort" ? Je ne vois pas trop comment cela serait possible...

Mais alors, de qui Lydie aurait-elle prit la place ? Problème à la fois insoluble et cornélien... Son père ne m'a pas fait l'effet d'être un homme sans cœur.

Il voulait que sa fille vive, oui, mais pas à n'importe quel prix.

Je grimace de nouveau. Que faisaient ce médecin et cet homme à l'intérieur même de l'hôpital du palais ? N'étais-ce pas un endroit dangereux vu leurs projets, totalement interdits par la loi ?

Je vais finir par avoir une migraine si je continue à me poser autant de question sans aucun espoir de découvrir les réponses...

Et d'ailleurs... Pourquoi est-ce-que ce sujet m'intéresse t-il tellement ?

Je me lève d'un bon de mon siège et entreprend d'arpenter de long en large mon salon. Je dois rapidement me rendre à l'évidence : je veux savoir ce qu'est devenu ce médecin, et surtout, jusqu'où il a réussi à mener des inventions...

Je tente de calmer mon esprit surchauffé pour pouvoir réfléchir calmement. Et soudain, l'évidence s'impose à moi.

C'est à Éric que je pense, quand je m'agite ainsi. Je ne veux pas sauver son âme en le condamnant à vivre toute sa vie enfermé dans une bille de verre...

Mais, et si il existait une solution ? Je dois absolument retrouver ce fichu robot et parler à Lydie... Je le dois.

Elle connaît peut être les réponses à mes questions... Et le moyen de sauver Eric.

Je ne supporte plus de le voir allongé dans ce lit, inconscient la moitié du temps, hurlant de douleur l'autre moitié.

Je cesse de me promener de long en large, réalisant ce que je viens de penser dans ma tête. Il existe peut être une chance de le sauver...

Infime. Une minuscule lueur d'espoir. Mais c'est tout à fait suffisant. Il faut que je découvre ce qu'est devenu ce médecin... Et à quel point en étaient ses travaux. Quitte à mettre à feu et à sang la terre entière.

Enfin, c'est une image, bien sûr...

***

-Alors, ça avance ?

La reine se tourne vers son mari, le fixant avec une légère impatience qu'elle maîtrise difficilement.

-Non, il n'y a rien à faire avec le parlement. Ils sont tous à la botte d'Edilyn, comme prévu. Mais tu te rends compte du problème, n'est ce pas ?

La reine laisse échapper un soupir.

-Et comment ! Elle est drôlement forte, notre adorable fille... Elle a réussit à inverser les rôles. Si nous n'y prenons pas garde, c'est nous qui allons nous retrouver au banc des accusés... J'imagine d'ici la scène. Edilyn prenant notre place...

Le roi se tourne vers la grande fenêtre, tentant de cacher sa colère. Mais ses poings se serrent malgré lui, laissant apparaître sa rage.

-Elle se croit bien maligne mais nous n'avons aucune raison de nous laisser faire. Qu'est ce qu'elle espère ?

-Gagner le pouvoir...

-Certainement. Mais toute la question est là : pourrait-elle réussir ?

-Si nous commençons à douter de nous-même, certainement, mais nous allons nous battre pour cette fichue république...

Le roi reste un instant silencieux. Ses épaules se voûtent alors et il se tourne vers sa femme pour dire doucement :

-Certes... Mais, tu sais, je n'ai pas envie de me battre pour ça...

-Moi non plus...

Elle se rapproche de lui et pose doucement sa main sur son épaule.

-Ce n'est pas pour la république que nous nous battons. Mais contre Edilyn...

-Notre fille...

-Je sais.

-Je crois que je préférerai encore me battre pour cette horrible république...

La reine tente un vague sourire avant de dire dans un murmure :

-Pourquoi serait-elle si horrible ? Elle sera peut être formidable... Après tout, elle n'existe pas encore...

-Tu as raison, laissons lui sa chance.

Il pose à son tour la main sur le bras de sa femme et regarde la vue superbe que l'on aperçoit depuis la fenêtre. Les tours de verre étincelantes du palais...

***

Bip...bip...bip....

Allons bon, sonnerie d'urgence. Je me relève d'un bond, un brin exaspérée. Comment puis-je tirer mes pensées au clair si je suis continuellement dérangée ?

J'appuie sur la touche centrale de l'écran et l'image d'un de mes hommes se matérialise.

Il s'incline mais se redresse extrêmement rapidement.

-Bonjour, princesse. J'ai pensé que vous souhaiteriez être au courant...

Je m'inquiète tout à coup. Je pense immédiatement à Eric puis me calme dans la foulée. Allons, je suis ridicule, cet homme ne connaît même pas l'existence de cet enfant.

-Oui, allez-y...

-Votre père et votre mère sont en ce moment même en train de faire une importante déclaration à la télévision... J'ignore comment mais aucun de nos services de renseignements n'a pu vous contacter.

Je blêmis de rage. J'ai pourtant la présence d'esprit de poser une question intelligente.

-Et comment avez vous fait, vous, alors ?

-J'ai fais ce que personne n'osait faire : enclencher la procédure d'urgence. Il semble que ça ait marché, puisque j'ai pu vous contacter...

-Bien merci, vous pouvez disposez. Ah, au fait, je vous élève au rang de capitaine.

-Oh ! Merci, merci vraiment et...

Je coupe d'un geste sec la communication. Je me relève et me dirige vers la porte de mon appartement.

Je m'en doutais. Deux gardes, fidèles à mes parents, montent la garde devant ma porte. Ils ne font pas un geste pour m'empêcher de sortir mais je devine qu'ils ont dû intercepter tous mes messagers...

Je fulmine une nouvelle fois. On dirait bien que je me suis encore fait avoir comme une débutante...

Que me préparent mes parents cette fois ci ?

Je commence à détester leurs surprises... Elles ont une saveur... Explosive.

Intemporel T1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant