Gabriel (Chapitre 156)

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Nous nous approchons lentement de l'arrière du bâtiment et je constate immédiatement avec un sourire qu'il n'y a pas de gardes, au moins de ce côté-ci.

Mais il y a quand même une certaine sécurité puisque l'on ne peut entrer dans le poste de contrôle que par l'entrée principale, de l'autre côté.

J'entraîne Azylis et Maly d'un mouvement expressif de la main et nous faisons lentement le tour du petit bâtiment.

Je peux voir d'ici la surprise d'Azylis devant l'architecture et le décors, mais pour moi qui suis parfaitement habitué, rien dans tout cela ne mérite qu'on s'extasie.

Si mes puces d'identification fonctionnent toujours... Nous arrivons en vue de la façade et je me dirige vers une porte métallique.

Mon bras se met à rayonner d'une lueur bleuté et je le passe lentement devant les détecteurs.

Avec un profond étonnement car je n'en espérais pas tant, je vois la porte s'ouvrir en coulissant sur la droite pour nous permettre d'entrer.

-C'est étonnant qu'ils n'aient pas changé les codes me permettant d'entrer.

Azylis hausse les épaules et me répond, légèrement tendue malgré elle.

-De toute façon, nous ne saurons jamais si c'est un piège où seulement une distraction si nous n'entrons pas... On y va ?

J'acquiesce et avance. Le lieu m'est terriblement familier. J'ai passé beaucoup de temps ici avec mes camarades de l'Académie à apprendre le différent fonctionnement de toutes ces machines...

L'intérieur est organisé en grands couloirs blancs et uniformes, parcourant tout le centre de contrôle, et en des pièces spacieuses et lumineuses, remplies de technologie.

Il y a normalement également un corps de garde assigné à résidence ici mais j'ai déjà compris qu'il n'est pas là. Ils ont dû partir en ville pour tenter de ramener un semblant d'ordre.

-C'est par ou maintenant ?

Je réponds rapidement à la question de Lydie, car j'ai parfaitement reconnu sa voix calme et son ton de commandement.

-La salle avec les verrières... Deuxième étage.

Je me dirige vers un escalier et elles me suivent rapidement. Je suis pourtant extrêmement mal à l'aise devant la facilité déconcertante avec laquelle nous entrons dans ce poste de contrôle et l'absence de gardes. Rien de tout cela n'est normal.

Je franchis la dernière marche de l'escalier et me dirige rapidement vers la dernière porte du petit et court couloir. J'hésite un instant. L'ouvrir comme ça, sans aucune protection ?

Mais je ne suis plus un homme en fuite... En revanche, je dois vérifier que la voix est libre avant qu'Azylis ne nous attire des ennuis à cause de son profil de femme recherchée par la police.

Je me tourne donc vers Azylis et Maly pour leur dire :

-Je vais entrer et vérifier qu'il n'y a personne... Dans ce cas-là, je vous ferais signe de venir.

-Il y aura forcément quelqu'un... Ils ne vont pas laisser tout le poste sans aucune surveillance...

J'acquiesce à la réponse d'Azylis avant de reprendre la parole.

-Je sais. Je vous demande juste le temps de le neutraliser... En douceur.

Je sors alors de derrière mon dos l'arme que j'ai à la main depuis plusieurs minutes. Azylis grimace et Maly ne peut s'empêcher de s'exclamer :

-Alors, c'est ça la "neutralisation en douceur" ? Une balle dans le ventre ?

-Non. Il n'est pas chargé. Mais il peut toujours servir à faire peur...

Sans plus de grands discours, j'ouvre la porte rapidement en passant mon bras sur les détecteurs.

Lorsque j'entre dans la pièce, la porte coulisse pour se refermer immédiatement derrière moi.

Je reconnais immédiatement la pièce, de forme demi-circulaire, donnant l'impression avec son immense verrière de s'avancer directement dans la forêt qui forme un étrange paysage non dépourvu d'un certain charme.

Les bureaux et les machines, imposantes, sont disposées tout autour de la pièce, notamment contre les parois de la verrière.

Et pour tout garder, un homme... Il me tourne le dos, planté au milieu de la pièce dans une étrange attitude, les mains croisés et le dos trop droit. Je lui donnerais environ cinquante ans.

Je n'attends pas une minutes de plus pour ressortir la vieille rengaine :

-Les mains en l'air ! Je suis armé...

-Bonjour, prince Gabriel...

Il se retourne lentement vers moi, me révélant un visage fin et altier. Quelque chose dans toute son attitude révèle une certaine noblesse et une fierté non dissimulée mais qui ne paraît pas déplacée sur un pareil visage.

Je garde pourtant un silence neutre quelques secondes avant de dire :

-Vous pouvez appuyer sur le bouton rouge, juste à côté de vous s'il vous plait ?

Il regarde le canon de mon arme pointé sur lui et esquisse un sourire.

-Difficile de refuser quand c'est aussi gentiment demandé.

Il appuie sur le bouton et la porte coulisse une nouvelle fois derrière moi. Azylis et Maly entrent rapidement et se postent derrière moi, contemplant avec curiosité l'unique être vivant que nous ayons croisé dans ce centre de contrôle.

Comme quoi, j'ai plutôt bien retenu mes cours de l'Académie...

Je n'hésite pas et pose rapidement la question qui continue de me torturer l'esprit :

-Êtes vous seul ici ?

-Oui.

-Vraiment ? N'est ce pas étrange ?

-Non, si l'on en connaît les raisons.

-Et peut-on savoir quelles sont ces raisons ?

-Facilement. Le poste a été entièrement  dégarni pour tenter de faire face aux troubles qui ont éclatés en ville. Je me demandais pourquoi la reine ne laissait ainsi pas la moindre protection. J'ai la réponse devant moi en votre personne...

Ainsi, ma mère nous avait encore indirectement aidé en simplifiant le travail. Une seule chose m'étonnait dans tout ceci. Edilyn était forcément au courant. Et elle ne s'était posée aucune question, n'avait pas réagit ?

Je relève lentement mon arme, soudain plus qu'attentif.

-Et la princesse ?

-Elle m'a dit de vous attendre...

Azylis, Maly et moi réagissons à cette étonnante nouvelle de la même façon : un tressaillement incontrôlable. Je parviens pourtant à rendre ma voix la plus normale possible pour demander :

-Nous attendre ? Pour quoi faire ? Ne mentez pas, je pourrais tirer...

-Votre arme n'est pas armée...

-Bravo pour les caméras d'espionnage. Mais même sans armes, je peux tout à fait être dangereux. Ne l'oubliez pas, je suis un assassin.

-De toute façon, j'ai reçu l'ordre d'être honnête. Je dois vous montrer un enregistrement... Uniquement à vous, prince Gabriel. Les autres sont libres de rouvrir les portes spatio-temporelles. Et après, si tel est votre choix, personne ne vous empêchera de partir...

Je ne comprends pas Edilyn. Regarder un enregistrement serait la clef de notre départ ?

Intemporel T1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant