A PROPOS DU COUTEAU (mai 825) Kenny Ackerman

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Et bien, je suis bon pour une corvée de lessive, moi ! Ce porc m'a giclé dessus ! Heureusement que j'ai ma vieille vareuse pour cacher ça, sinon je me serais fait coincé sur le retour. J'ai toujours eu le bon sens de la retirer avant de travailler. Livaï va râler, c'est sûr. Mais pour fêter ça, on ira se payer un gueuleton dans le troquet d'à côté.

Où est-il, ce nain ? J'ai beau gueuler, personne ne vient. Il est toujours là quand je rentre, pour me rappeler d'essuyer mes pompes dehors avant d'entrer. Je le fais quand même, histoire de dire. Il est peut-être sur un gros coup et va rentrer plus tard.

Bon, j'attends encore une heure et s'il est pas rentré, j'irai le chercher. Je connais son secteur. J'en profite pour vérifier un peu ses nouvelles acquisitions ; il me laisse pas rentrer dans sa chambre quand il est là.

Ce gamin vole un peu tout et n'importe quoi, à se demander s'il collectionne pas les trucs inutiles. De l'argent, bien sûr, ça, ça me regarde pas, c'est à lui ; une vieille boîte à musique cassée ; trois bouquins, dont un sur l'arithmétique ; où il a trouvé ça ? des fourchettes, des cuillères en veux-tu en voilà ; un bougeoir tout tordu. Et dis donc, un paquet de cibiches à moitié entamé ! L'est pas un peu jeune pour ça, lui ? Même moi j'ai attendu mes dix ans pour m'y mettre ! Bah, après tout... Je lui en pique un peu quand même, ça se partage, ça. Et ça, c'est quoi ? Mon vieux... un écusson de la garnison ! Je reconnais bien les deux roses. Comment il s'y est pris ? Ou bien il l'a juste ramassé ?...

Je remets tout en place, mais de toute façon, c'est toujours très bien rangé dans son petit univers. Ses fringues de nains, ses chaussures de nain... Tout bien plié et aligné. Je l'empêche pas de récurer la baraque, mais je lui interdit de toucher à ma piaule ; j'aime bien mariner dans mon jus et le parfum de mes panards me rassure, hé hé !

Il devrait plus tarder. Il va me faire les gros yeux en voyant ma chemise pleine de sang - il insiste toujours pour faire la lessive parce qu'il dit que je sais pas faire, moi -, puis après il se fera un thé, comme d'habitude, il m'en proposera, je lui dirai que j'en veux pas, il boira son thé dégueu et puis il ira sortir les poubelles avant d'aller à la pompe publique laver tout ça. Il se plaint pas, il m'a dit une fois que laver, récurer, essorer, passer le balai ou le torchon lui vide la tête ; que quand il fait ça, il pense plus à tout ce qui l'embête. Je m'en voudrais de le priver de ça, ce trésor !

Je mets les pieds sous la table et m'allume une clope. Pas mauvaise, cette marque. Je fume pas souvent, mais après le boulot, c'est bien agréable. J'envoie un rond de fumée vers le plafond. Qu'est-ce qu'il fout ? Livaï, sérieux, tu le fais exprès pour voir si je m'inquiète ? Encore dix minutes et je viens te chauffer les oreilles ! Il s'est peut-être trouvé des potes... ou une copine, le salopiaud ! Oh là là, je viens juste de penser au fait que je vais sans doute devoir gérer ça aussi, bientôt ; les hormones vont pas tarder à le travailler. Et puis il va être beau gars, y a pas de doute. Il va en briser, des coeurs !

Bon, ça suffit, copine ou pas copine, il va falloir qu'il rentre. Je me lance vers la porte et qui arrive à ce moment ? Le joli coeur ! Te voilà, c'est pas trop tôt ! Ouais, ma chemise est crade, je sais !

C'est quoi, cette dégaine ? C'est vrai qu'il rentre souvent pas très frais, mais pas à ce point-là. On lui est tombé dessus, pas d'erreur. Il a une estafilade sur la joue et une plaie plutôt moche au bras. Encore des chiens ? Il répond pas, mais il me serre les genoux des deux bras. Eh là ! tout doux, microbe. Qui t'a fait ça, hein ? Bon, d'accord, tu veux garder tes batailles pour toi, c'est entendu. Chiale un bon coup, ça ira mieux. Je lui tapote un peu la tête ; ses cheveux sont pleins de terre.

Fais déjà voir ces bobos. C'est un couteau, ça. Ca a pas pénétré très profondément, heureusement. Je lui désinfecte ça avec de la gnôle et il grimace de douleur. Chochotte, va ! Tu en verras des pires que ça ! Je pique un linge propre et je lui fais des pansements improvisés. C'est bon, ça fait plus mal. Ca fait plus mal, je te dis !

Plus tard dans la soirée, devant sa tasse de thé, il me demande de lui apprendre réellement à se battre au couteau. J'hésite un peu... Il a dû se faire larder par des caïds du coin. Il vaut mieux faire ce qu'il demande, sinon je vais pas arrêter de m'inquiéter.

Pour commencer, le nain, montre-moi comment tu le tiens. Evidemment, dans ce sens-là, tu peux rien faire de bon. On dirait que tu vas attaquer un morceau de bidoche ! Mais un humain, ça vit, ça respire, ça bouge, ça se défend ! En le pointant simplement comme ça, tranchant et pointe en avant, tu peux pas y mettre toute ta force. T'as pas le bon angle pour attaquer. Couper des cols, des bras, des mains, des doigts, tu peux vraiment y arriver que si tu mets le couteau comme ça ; voilà, la pointe en bas, c'est mieux. Il doit devenir une extension de ton bras. Aborde ton ennemi par derrière, ta lame sera placée comme il faut pour finir le boulot. Tourne-toi. Tu vois, tu mets ta main sur sa bouche comme ça, et en un tour de main, c'est fait. Montre-moi ; c'est pas mal, tu as le poignet souple. Mais tu manques d'habitude. On va y remédier...

Quand t'auras chopé le truc, tu pourras plus tenir une arme blanche autrement, crois-en Kenny l'Egorgeur !

Quand t'auras chopé le truc, tu pourras plus tenir une arme blanche autrement, crois-en Kenny l'Egorgeur !

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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant