AU VOL ON RECONNAÎT L'OISEAU(juillet 841)Marwin Orel, capitaine des brigades

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Je suis devenu la risée du régiment

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Je suis devenu la risée du régiment... Jamais de mémoire de militaire un soldat ne s'était fait voler son équipement... Je vais devoir attendre longtemps mon avancement... D'ici à ce que je perde mes galons... Kora ne s'en sort pas mieux...

Quand on s'est réveillés dans cette ruelle, on a bien senti tout de suite que quelque chose allait pas. Me trouver dans cet endroit mal-famé sans aucun matériel, ça m'a fichu une trouille monstre. Kora en menait pas large non plus. On a remonté discrètement la rue et on a replongé dans le centre-ville.

Je me sentais tellement honteux... Il fallait absolument pas qu'on voit notre uniforme... J'aurai arraché nos écussons si j'avais pu ! On s'est pointés à la caserne et les gars de Rovoff nous ont pris en charge. Je voyais bien sur leurs faces de rats qu'ils se foutaient de nous. Bon sang, c'est votre secteur ! Vous laissez courir ce genre de malfrats ?! Qui a bien pu nous voler nos harnais ?! Qui en aurait l'usage ?! Il va falloir remédier à cela, et punir les criminels comme il se doit !

Je gueulais là-dedans pour donner le change, mais ça les empêchait pas de se marrer en cachette. Ils se foutaient de nous... Une fois seuls dans une pièce à part, Kora et moi avons écrit notre rapport, en omettant aucun détail tant qu'ils étaient frais. Quand j'ai relu le tout, je me suis senti tellement stupide que je l'aurai déchiré en mille morceaux... Mais c'était bien ce qui c'était passé : on a été pris en filature, on a essayé de semer nos fileurs, on s'est perdus dans une voie sans issue, et au moment de revenir sur nos pas, on nous a attaqués depuis les toits. Non, on a pas eu le réflexe d'utiliser notre harnais, on a l'ordre de l'utiliser qu'en cas d'urgence ! C'était pas une urgence, il suffisait juste de revenir en arrière, bande de connards !

C'est ce que j'ai pensé très fort quand j'ai dû répéter tout ça à nos collègues. C'était le pire moment de ma vie... La garnison me guette... Je vais aller m'occuper de retrouver les chats errants, je le sens... Un capitaine qui se fait avoir comme un bleu par des voleurs des bas-fonds, y a pas pire dans une carrière...

En tout cas, le major Dork en fait toute une affaire maintenant. Il estime que ce serait le déshonneur sur les brigades spéciales si ça venait à se savoir - et ça se saura - et si les coupables étaient pas châtiés. Le déshonneur des brigades... Il a fallu que ça tombe sur moi...

Je suis dans ma chambre en train de me morfondre quand on frappe à ma porte. Je vais ouvrir ; c'est Kora. Elle tient une enveloppe à la main. Elle a pas besoin de me dire ce que c'est ; j'y ai pensé moi aussi...

Elle m'annonce qu'elle va déposer sa démission. Que finalement, les brigades spéciales, c'est pas pour elle. Elle y est entrée il y a seulement quatre mois... Une bien gentille fille... Je la regarde, essayant de l'imaginer en tenue civile... Ouais, pourquoi pas ? Finalement, elle les aura peut-être, ses mouflets.

Tandis qu'elle s'éloigne dans le couloir, je me demande si je vais pas suivre son exemple. Je préfère prendre les devants plutôt que de me faire virer. Partir la tête haute. Et...

Attends, Kora ! Ca te dirait d'aller manger un bout ? Je connais un bon restaurant dans le Mur Rose !...

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant