AU COEUR D'ENJEUX POLITIQUES(janvier 844)Livaï

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J'espère qu'on s'est pas fait repérer

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J'espère qu'on s'est pas fait repérer. Ces types-là, c'étaient des soldats. Pas de la garnison, ni des brigades, l'écusson que j'ai distingué sur la veste du grand blond ne me disait rien. On a pas eu la présence d'esprit de masquer nos visages, car ce salopard nous est tombé dessus sans prévenir. On a dû sévir avant qu'il attire tout le monde, mais les curieux ont quand même afflué.

On a une mission de protection aujourd'hui. Le gérant d'une boutique du centre qui se fait harceler par des voyous quand il rentre sa marchandise. Il doit bien savoir que c'est aussi un peu notre métier, mais comme il est pas dans notre secteur, ça a pas l'air de le gêner. Et puis il paie bien, ma foi.

On était en route quand ce connard s'est mis à gueuler. Soi-disant que je l'avais bousculé. Les rues pullulent de ces types qui hurlent au scandale à la moindre oeillade et en profitent pour vous délester de votre monnaie. Il a juste pas calculé à qui il s'attaquait, lui et ses potes. J'aurai pu le neutraliser sans utiliser le harnais, mais j'y ai pas trop réfléchit. Et si j'en avais eu le temps, il serait peut-être mort.

On se trouve devant le commerce de notre homme. Furlan discute avec le marchand et se propose de l'aider à décharger. Isabel papillonne et met son doigt devant le nez d'un passant qui jette un oeil un peu trop appuyé en direction de l'entrepôt. Puis elle lui montre les longs étuis en métal pendus à ses hanches en souriant jusqu'aux oreilles et l'inconnu passe son chemin.

Tandis qu'elle revient vers Furlan, toute fière d'elle, j'aperçois un autre quidam qui a l'air de vouloir se cacher. Je me dirige vers lui. Il recule en levant les mains, l'air penaud, et je l'attrape par le col. Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Laisse le monsieur tranquille. Je te comprends, hein, en temps normal, j'en aurai rien eu à foutre de son business, mais il se trouve qu'il nous a payés pour le protéger, et on est des hommes d'honneur. Va te trouver quelqu'un d'autre à détrousser. Il se barre sans demander son reste. Je distingue les silhouettes d'autres bandits qui s'extirpent de l'ombre et lui emboîtent le pas.

L'un d'eux referme la lame d'un couteau à cran d'arrêt pas loin de moi. Imagine même pas que ta menace veuille dire quelque chose. Tu ferais mieux de courir, mon vieux. Et puis, je suis pas d'humeur ; cette agression inattendue avant le boulot m'a mis en rogne. Mais pas que ça...

Isabel vient vers moi pour me demander si tout va bien, mais je la renvoie à Furlan pour qu'il l'occupe. J'ai envie de rester seul, j'ai des tas de trucs qui me tournent dans la tête.

Cet écusson... Je l'avais jamais vu avant... Deux roses pour la garnison ; une licorne pour les brigades... Ca ne peut vouloir dire qu'une chose...

Ces deux ailes entrelacées, une blanche et une bleue... Ce sont les ailes de la liberté. Celles du Bataillon d'exploration. Qu'est-ce que des loustics comme eux pouvaient bien faire ici ?

Je revois le visage du grand aux cheveux blonds qui m'a pas lâché des yeux jusqu'à ce que je me détourne. J'aime pas ce regard-là... enfin, disons qu'il m'a mis mal à l'aise ; et il m'en faut beaucoup. D'habitude, c'est moi qui fait ce genre de chose. Ils nous ont pas poursuivis, ni même interpellés. Ils auraient eu tout le temps de le faire...

Quelque chose me dit que ça va pas en rester là ; que ce type va de nouveau croiser ma route.

Je m'avance dans la ruelle, qui me paraît tout à coup plus sombre. Les maisons de chaque côté semblent se resserrer sur moi et leurs toits forment comme un dais au-dessus de ma tête... Je dois avoir un problème de vision, ce qui ne m'arrive quasiment jamais. A moins que ce ne soit une menace tapie dans l'ombre qui provoque ainsi mes sens et me mettent sur la défensive...

Une menace... sur nous trois. Elle va fondre sur nous dans peu de temps, je le sens. Je la sens plonger sur moi, de très haut, de très loin... Je pourrais pas éviter cette menace. Soit je l'affronte, soit je la laisse me dicter ses conditions...

Je me sens faible tout d'un coup, la tête me tourne et j'ai besoin de m'appuyer contre le mur. Qu'est-ce qui va nous arriver ? Je vais encore bien dormir cette nuit, moi...

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant