Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]

UN RÊVE DEVENU REALITE(juin 841)Furlan Church

Bon, il va bien falloir que je m'y colle. Livaï veut absolument que j'enfile ce harnais moi aussi. Hm, d'accord, vieux, mais montre-moi d'abord comment tu t'en sors. Parce que ça me paraît vraiment pas intuitif...

Il m'explique comment fonctionne la poignée de commande : une gâchette pour les câbles, et l'autre pour le gaz. Il faut bien contrôler le gaz si on veut pas aller s'écraser contre un mur. Quelle mort conne, quand j'y pense...

Sanglé comme il l'est dans les courroies, il a presque l'air d'un brigadier... Je le lui dis en rigolant, mais il me rétorque qu'au lieu de rire, je devrais essayer. Je fais un peu le tour de Livaï en observant bien comment les lanières sont disposées et je comprends alors que tout repose sur un subtil équilibrage du poids du corps.

Les copains ont l'air fortement impressionnés et Fester s'avance pour demander à Livaï si ça lui a bien pris que quelques heures pour trouver tout ça. Apparemment, oui. Ca m'étonne pas de lui, quand il a un centre d'intérêt, il fait jamais les choses à moitié.

Et alors, tu l'as essayé ? Je veux dire, vraiment essayé ? Tu as volé avec ? Livaï me dit que non, qu'il voulait attendre que je sois réveillé pour tenter le coup. Ca doit pas être difficile... On dit ça et on finit mort en un rien de temps. C'est pas une bonne idée... Selon lui, il suffit de s'orienter dans la direction qu'on veut et de lâcher le câble. Vas-y, mais fais gaffe, je le sens mal...

Il se tourne vers une maison voisine et actionne les deux gâchettes droite en même temps. Un bruit d'explosion et un nuage de fumée ponctuent son action et on le voit tous réellement décoller du sol, en direction du toit voisin. Aïe, ça va mal finir !

Mais Livaï se redresse en l'air et arque ses jambes devant lui pour anticiper le choc contre la surface. Il se réceptionne genoux fléchis, avec une certaine grâce, je dois dire. Je le voyais déjà en tache sanglante sur le mur... Il descend en laissant le câble se dérouler, comme une araignée au bout de son fil, mais ne pose pas le pied au sol. Il reste suspendu là, entre ciel et terre, comme s'il faisait déjà plus partie de l'humanité.

Il se balance au bout, nonchalamment, comme s'il nous avait oubliés. On dirait qu'il teste quelque chose ; comme s'il essayait de comprendre comment les différentes courroies réagissent autour de son corps quand celui-ci ne touche plus le sol.

Je cours le rejoindre. C'était super, Livaï ! Vraiment, t'es un pro ! Il secoue la tête et me répond qu'il va falloir s'entraîner dur pour bien réussir à garder l'équilibre une fois sanglé dans ce truc. Mais non, je t'assure, c'était impressionnant ! C'est alors qu'il me révèle qu'il a bien failli se laisser surprendre par la vitesse et la force de traction, et perdre l'équilibre en l'air. J'ai rien vu du tout, ça m'avait l'air parfait... Bon, s'il le dit. Et la pression du gaz est dure à prendre en main, il faudra faire des tas de tests avant de trouver la méthode de dosage. Ok, d'accord, tu t'y mets quand ?

Il rembobine le câble et se laisse tomber à terre en me regardant sérieusement, les poings sur les hanches. Il s'y mettra quand j'aurai passé mon harnais, qu'il me répond. Oh la la, il en démord pas, je vais pas y couper... Mais... Cela dit...

C'est vrai que ça a l'air génial, vu d'ici ! Je me laisserai bien tenter !