Tous les hommes et femmes des bas-fonds capables de tenir debout sont rassemblés dans le centre-ville. La battue va pouvoir commencer. On va avancer en lignes droites vers l'est, ratisser le moindre recoin pour coincer la vermine et en faire un carnage, puis revenir au centre-ville et s'attaquer à l'ouest. Ensuite faudra passer tout au désinfectant ; des kilos de désinfectant.
Moi et quelque collègues, on mène la danse, la vermine, ça nous connaît. Les habitants ont planqué leur porcs, leurs chèvres et leurs chevaux. La plupart d'entre eux sont pas équipés pour la chasse, moi, j'ai mes grosses bottes en cuir dur et mes gants. Les rats des bas-fonds, c'est pas de la rigolade ; même les chats hésitent à s'en prendre à eux. Les chats, les chiens et tout autre animal de ce genre devra y passer aussi. Le plus embêtant, c'est qu'on pourra même pas les bouffer, quel gâchis...
On distribue des matraques à tous ces braves gens. Rien de mieux qu'une matraque bien large pour assommer un rat avant de l'achever au couteau. Certains préfèrent utiliser les fusils, mais ces bêtes sont roublardes, elles sentent la poudre. Par contre quand on les accule, elles font face, et c'est là qu'on peut les frapper.
La conscience de la maladie qui les menace les rend fébriles ; les visages sont couverts de masques, de foulards, de filtres en tous genres, on ne distingue plus vraiment qui se trouve à côté de nous. Personne ne parle, pour inhaler le moins possible l'air des bas-fonds. On transpire comme des porcs à abattre... mais on est tous déterminés. Pas de quartier.
Quelques adolescents ont rejoint la marche. Leur énergie nous sera utile. Je crois reconnaître celui aux yeux gris, qui vivait avec son père il y a quelques années, sur les hauteurs ; je lui avais proposé mes services mais il m'avait envoyé bouler. Je me souviens bien du môme, son visage m'avait marqué. Il a bien changé. Avec son foulard blanc sur le visage, son regard perçant fait encore plus peur, sans compter qu'il a l'air de pas avoir dormi depuis des lustres... Je lui file une grosse matraque, et il saisit de l'autre main un gros couteau. Il se place à côté de moi.
Je crois qu'on va pouvoir commencer. La garnison va donner le signal de départ de la battue.
On avance, en rangs serrés, sur deux lignes. On marche aux coudes à coudes, si bien que même une souris aurait du mal à passer sans se faire repérer. Dès qu'un animal suspect se pointe, les matraques entrent action. On entend des jappements et des miaulements plaintifs résonner dans tout le sous-sol, ça fout l'angoisse... Ah, en voilà un, un gros rat dégueulasse. Il se met à montrer les dents et à se tordre dans tous les sens pour tenter de nous échapper, mais faut pas rêver. Je lui assène un gros coup de matraque sur le crâne. Il est tellement énorme que j'entends ses os craquer... Il reste là, la patte agitée de spasmes, et je l'éventre avec ma lame de boucher. Puis, je fourre le cadavre dans mon gros sac.
Les rats se succèdent, et on finit par tomber sur deux chats errants qui essaient de filer en douce. Ceux-là faut les choper avant qu'ils trouvent le moyen de grimper sur les toits. On les accule dans un coin, et un des collègues réussit à en assommer un. Mais le gamin à côté de moi a beau brandir sa matraque pour faire son affaire au second, on dirait qu'il y arrive pas... On a beau dire, tuer un chat, c'est pas comme tuer un rat ; mais celui-ci a un gros bubon sur le haut de la tête... Il en a plus pour longtemps, petit. Allez, fais-le, ou je m'en charge. Voilà, un bon coup sur le crâne. C'est comme ça qu'il faut faire. Comme il a pas de gants, il se sert de la matraque pour glisser le cadavre dans son sac. Je décèle pas de peur sur son visage, il est déterminé, et il a du cran.
Je lui mets la main sur l'épaule et j'essaie de lui sourire sous mon masque, mais il me regarde pas. Un autre rat est en train de se faire la malle. Il lui saute littéralement dessus et prend même pas le temps de l'assommer : il le plante directement au sol, la bestiole a même pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Joli coup. Pas facile de tuer un rat comme ça sans l'étourdir avant. Mais il aurait pu se faire mordre, il faut qu'il y aille mollo.
Mon sac est déjà bien rempli quand on arrive au bout du quartier est. Comme il pleut comme vache qui pisse aujourd'hui, on s'arrête tous au grand trou qui mène à la surface pour recueillir un peu de cette bonne eau qui tombe du ciel ; ça rafraîchit et on reste là, la bouche ouverte, le temps que la garnison nous donne le signal pour repartir. Le voilà : une détonation venant du centre-ville et qui résonne tout autour de nous. On y retourne. Ca va nous prendre la journée...
Courage, gamin. Mets tes pas dans les miens.
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
FanfictionL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...