LE TEMPS DES ENNUIS(mai 843)Furlan Church

516 63 6
                                    

Il est temps d'aller acheter nos recharges de gaz

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Il est temps d'aller acheter nos recharges de gaz. On y va à trois maintenant.

Isabel marche devant nous, toute guillerette comme à son habitude, Livaï et moi juste derrière. Avec nous deux, elle risque pas grand chose, mais de toute façon, depuis que Livaï lui a appris a bien manier le couteau, elle y est aussi habile que moi.

Depuis que les brigades spéciales sont revenues dans les bas-fonds, on doit constamment se cacher le visage durant les raids, pour pas être reconnus. Ca nous permet de passer incognito le reste du temps. Y en a de temps en temps qui se promènent dans le coin du marché noir, mais la milice Rovoff y patrouille elle-même et fait pression pour que les autorités n'y traînent pas trop. Elles n'auraient aucun moyen de prouver qu'on vend de la marchandise volée de toute manière.

Les gars de Rovoff paraissent anormalement agités ces temps-ci... Apparemment, le prix de passage de l'escalier a encore explosé, sans parler de ceux des papiers en règle, et on entend des gens se plaindre. C'est sûr que si on a économisé dans le but de se tirer, c'est un coup dur.

Isabel tire la langue au type qui l'a poursuivie jusque chez nous. Elle rate pas une occasion de se moquer de lui quand elle le peut. Le type ne bouge pas, mais on voit bien qu'il ronge son frein. Fais gaffe, Isabel, il pourrait bien vouloir se venger un jour, on peut pas toujours être derrière toi. Isabel est pas du genre à prévoir les choses, elle vit au jour le jour sans s'occuper du lendemain. Je l'envie un peu, au moins elle profite de chaque moment au maximum et semble pas trop souffrir de vivre ici.

Moi, j'en ai de plus en plus marre, des bas-fonds. Je me creuse la tête pour trouver un moyen de décrocher les papiers de citoyen sans se ruiner, mais j'en trouve aucun. J'en fais des insomnies, pires que celles de Livaï. Mais même si je trouvais ce moyen pour me permettre de me tirer, rien ne dit que je pourrais amener les autres avec moi. Les laisser derrière me tue ; cette idée tourmente Livaï aussi. Je continue de faire comme si je n'y pensais plus, mais j'y pense tout le temps en fait.

On arrive dans le secteur de la milice. Tiens, il y a de nouvelles sentinelles à l'entrée. On dirait qu'elles contrôlent les identités. Ce sera vite fait, on a pas de papiers, nous, et de toute façon ils nous connaissent. Comme de juste, on nous laisse rentrer sans faire d'histoire. Isabel se glisse au milieu des clients anonymes et je le perds de vue un instant ; pour la retrouver près de la réserve de gaz. Un milicien la repousse un peu brutalement. Je m'avance et l'informe qu'elle est avec nous et qu'on a besoin de se refaire en gaz.

Il sourit de toutes ses dents - enfin, celles qui lui restent - et fait le compte : six bonbonnes de gaz. Il annonce le tarif et je siffle entre mes dents. Livaï hausse un sourcils et ses pupilles se rétractent, ce qui chez lui exprime tout à la fois la surprise et la menace. Il demande pourquoi les prix ont autant augmenté, et le type nous sort un vague prétexte, comme quoi c'est devenu plus cher à fabriquer, tout ça. J'en crois pas un mot.

Bon, ça reste encore dans nos prix, mais si ça monte encore, il faudra se rationner. On ramasse nos achats et le type nous glisse, sur le ton de la confidence, l'expression plus complice, que si on veut pouvoir continuer à se fournir en gaz à l'avenir, payer ce prix est nécessaire. Je comprends à demi ce qu'il veut dire par là : la milice doit avoir des problèmes avec son fournisseur. Message reçu. Livaï hoche la tête, signifiant qu'il a lui aussi compris. Isabel nous imite, mais je suis pas sûr qu'elle sache pourquoi.

Les gars, il va falloir économiser le gaz. Livaï, t'as entendu ? Plus question de se la péter en vol, on s'en tient au strict minimum.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant