IL PLEUT DES MORTS(mars 832)Théodor Vester, marchand itinérant

655 83 15
                                    

Bon, ils vont me laisser passer, ces satanés fonctionnaires ? Ca fait des années que je vends mes produits dans les bas-fonds, pourquoi ils me cherchent des problèmes ? Je sais, c'est parce que je viens du Mur Maria ; on m'a fait le même coup quan...

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Bon, ils vont me laisser passer, ces satanés fonctionnaires ? Ca fait des années que je vends mes produits dans les bas-fonds, pourquoi ils me cherchent des problèmes ? Je sais, c'est parce que je viens du Mur Maria ; on m'a fait le même coup quand je me suis présenté aux Murs Rose et Sina. Ils plaisantent pas là-dessus.

C'est vrai que ça fout la trouille, ce qui se passe. Mais bon, faut pas devenir si suspicieux non plus, les gens ont besoin de manger. Mon patron accepte gracieusement de vendre ses produits ici pour presque rien, c'est un homme bien ! Allez, messieurs de la garnison, laissez-moi passer, c'est rien que du bon ! Voyez, je suis en pleine forme, mon cheval aussi, tout va bien !

Ah, tout de même ! Je vais pouvoir appeler le monte-charge. Même mon canasson commençait à en avoir marre d'attendre ! Cette bonne carne ! Allez, monte là-dessus, ma vieille ! On va nous descendre en bas. Et bien, et bien, les rues m'ont l'air bien boueuses. On dirait que la pluie fait son effet ici aussi. Ca m'arrêtera pas, c'est pas pire que là-haut. Y a même un quartier du Mur Rose qui a été quasiment inondé.

Je me dirige vers mon principal revendeur, la grande boutique du centre-ville qui fourgue principalement de quoi manger. Je fais gaffe à ce qu'aucun coquin ne s'amuse à me piquer de la marchandise pendant le trajet. Ce sont de pauvres bougres ici. Le vol, pour eux, c'est la vie. Parfois je me demande comment tout ce merdier souterrain peut fonctionner...

Je décharge tout ça à l'arrière du bâtiment, un des rares à être construits en pierre. Le bois non traité, par ce temps, ça doit pas être jobard. Le gérant a un entrepôt où tout ça sera bien au sec et à l'abri de la vermine. Il me paie ce qu'il me doit, je le salue, et on se quitte bons amis, comme toujours. Il a de la chance, son commerce marche bien grâce à la présence de la garnison toute proche. Mais quand même... faudrait me payer une fortune pour que j'accepte de vivre ici. Il doit bien avoir assez pour se barrer des bas-fonds. Je comprendrai jamais ceux qui décident de rester ici. Quant à ceux qui ont pas le choix... ben... je les plains.

C'est fou ce que ça schlingue en ce moment... L'humidité et la chaleur modérée en cette saison, ça fait mariner toutes les odeurs ensemble, c'est assez horrible, je dois dire... Quand on pense à la vermine et aux macchabées qui pourrissent dans tous les coins, c'est pas étonnant. Faut croire que les habitants les sentent plus. Ca me coupe même l'envie d'aller prendre du bon temps au bordel, comme je le fais à chaque fois. Mieux vaut ne pas s'attarder ; parce que au-delà de ce qu'on subit là-haut, les bas-fonds, c'est pas le coin le plus propre non plus. Etonnant d'ailleurs qu'il y ait pas de malade ici aussi. Peut-être que ce fichu microbe - ou quoi que ce soit - préfère lui aussi vivre au grand air.

V'là que ça me gratte de nouveau. Ca fait déjà quelques jours que ça arrive, en plus du mal de crâne. Pourtant, j'ai ni boutons, ni rougeurs. C'est très désagréable... C'est vrai que je suis allergique à un tas de trucs depuis que je suis petit, mais là je vois pas ce que ça peut être. A moins que je sois devenu allergique à l'air des bas-fonds. Manquerait plus que ça ! Ha ha ! Je vais demander à ma chère épouse de me faire un bon massage et un bon grog, ça passera. J'ai hâte de me glisser dans mon lit douillet et d'oublier ce froid et cette puanteur.

Je viens de me gratter jusqu'au sang... Ca fait un mal de chien, bordel ! J'ai dû me faire piquer par un truc, je vois que ça !

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant