Egon a dû remettre ses plans à plus tard parce que les gars se disent bien contents d'aider à remettre le quartier en état. Au moins on risque pas la mort - on a eu de nouvelles mauvaises expériences avec des fusils - et on peut rigoler. Même si Livaï nous surveille toujours sans en avoir l'air, l'ambiance est pas mal.
J'ai l'impression d'être revenu à l'époque de Clem.
Les pavés sont durs à frotter, mais Livaï nous donne toujours de bonnes méthodes chaque fois qu'on sait pas comment faire. On a même fabriqué un produit assez efficace pour enlever les traces de pisse ou de sang, en mélangeant le savon avec d'autres trucs. Ca nous empêche pas d'avoir mal aux bras, mais retrouver cette belle couleur de la pierre originelle, c'est gratifiant. J'y prendrais presque goût à force.
L'extérieur du quartier est presque fini mais il reste les maisons. Tout le monde ne s'est pas prêté au jeu malheureusement. Mais les commerçants s'y sont pliés avec enthousiasme ; de toute façon, les sérieux savent qu'un établissement propre ramène plus de monde. Cependant, il en reste un, qui a pas encore donné l'impression de s'intéresser au grand nettoyage.
Livaï a décidé qu'on allait y descendre et bouger un peu tout le monde. Il a révélé ne pas être très chaud car c'est un endroit où il a jamais mis les pieds et où il ne compte pas revenir par la suite, mais il se doute que ça doit être aussi sale qu'ailleurs, bien davantage même.
On s'est tous dirigé vers le bordel du quartier est.
Les souteneurs ont essayé de nous refouler parce qu'ils voulaient pas qu'on vienne gêner les habitués du coin. A peine entrés, on a tous compris que c'était urgent. Les lieux étaient vraiment cradingues, ça sentait absolument tout ce qui peut schlinguer dans les bas-fonds - il vaut mieux pas tenter de deviner l'origine de tous ces fumets suspects -, les sols étaient dans un piteux état, et les résidentes aussi.
Je pense pas qu'elles se lavent tous les jours, celles-là. Moi non plus, loin s'en faut, mais moi je vends pas mon cul.
On a jeté les clients dehors en leur disant de revenir quand ce serait propre. Les gérants ont râlé, tempêté, mais Livaï leur a fourré son balai et sa serpillère sous le nez - ses deux meilleurs amis depuis le début de la journée - et leur a ordonné de récurer les lieux s'ils voulaient rouvrir vite. Ils ont pas pipé - Livaï est très connu dans le coin maintenant - et ont obtempéré sans faire d'histoire.
On a vidé les chambres de la literie et on s'est tous attelés à la lessive dans la fontaine pendant que les gérants et souteneurs décrassaient les planchers et que les autres faisaient les poussières et les toiles d'araignée. On avait une drôle d'allure avec nos pierres à récurer, en train de frotter comme des dingues pour enlever toutes ces traces de... je sais pas quoi ! Au bout de quelques minutes, j'avais plus de bras.
Ensuite, on est allé les pendre à des filins qu'on a pris l'habitude de tendre en travers des rues pour faire sécher le linge. Personne y avait pensé avant évidemment. Toutes les rues du quartier est sont décorées de cette façon maintenant. Ca change totalement l'ambiance, c'est presque joli en fait.
Les poings sur les hanches, je suis en train d'admirer le travail fini quand Livaï me tire par la manche. Il reste des choses à nettoyer. Il me montre du doigt les catins toutes assises dans un coin depuis un moment, dans l'attente de pouvoir regagner leurs pénates. Je saisis tout de suite ce qu'il veut dire.
Livaï et quelques gars parmi les plus âgés font rentrer les autres afin de vider un peu la place, et on ordonne aux filles de se mettre les pieds dans la fontaine et de se déshabiller. Elles semblent un peu timides, puis se mettent à glousser en relevant leurs jupes. Livaï leur ordonne à son tour de tout enlever et de se savonner de bon coeur, leurs frusques comprises. Y a tout ce qu'il faut pour ça.
On leur tourne le dos pour pas les mettre mal à l'aise - enfin, il en faut beaucoup pour mettre mal à l'aise une pute des bas-fonds - et je finis par entendre des rires et des clapotis derrière mon dos. J'y peux rien, je suis un mec, et des rires de filles accompagnés de la pensée qu'elles sont nues, ça me fait bel et bien de l'effet. Mais je me retourne pas, j'ai ma fierté. Livaï, lui, a l'air de s'ennuyer. Je remarque bien quelques types collés au coin de la rue qui tentent de jeter un oeil lubrique sur la scène, mais je leur dis de déguerpir.
Finalement, les filles finissent de se laver, et quand elles se présentent de nouveau devant nous, elles sentent bon la rose. Elles se dissimulent tant bien que mal derrière leurs vêtements mouillés tandis qu'elles remontent la rue pour rentrer chez elles. On les suit de loin et Livaï peut alors inspecter le travail. Le bordel est propre comme un sou neuf, c'est son verdict.
Avant de partir, Livaï fait comprendre aux gérants que s'il apprend que cet endroit est redevenu un cloaque infâme, ils entendront parler de lui. Ils hochent la tête avec précipitation et toute la brigade de nettoyage quitte les lieux.
Je m'étire en constatant qu'il reste plus grand chose à faire. Encore quelques réverbères à astiquer et la fontaine à nettoyer après les évènements du jour. Et les habituelles ordures à aller brûler.
Si je calcule bien, ça nous a pris presque deux semaines pour en arriver à ce résultat. Je coule un regard vers Livaï. C'est moi ou je vois un sourire sur son visage ? Livaï qui sourit ?!
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
FanfictionL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...