LA GUILDE LANG(mai 840)Livaï

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Furlan et moi, on a cuisiné tout le reste de la journée

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Furlan et moi, on a cuisiné tout le reste de la journée. Ca m'a changé les idées.

Quand ils sont tous arrivé devant la planque, je leur ai ordonné de bien nettoyer leur pompes avant de rentrer. On s'est tous assis et Furlan et moi on a fait le service. Je sais pas trop si cette image correspond à celle qu'ils ont d'un chef de gang. Mais je vois pas pourquoi je ferais pas ce genre de truc ; après tout, je suis pas un tyran. Ils ont bien mérité ce bon repas.

On s'en est mis plein la panse. La bière coulait à flot - on s'était gardé un fût de côté - et ça parlait fort. Ils nous ont félicité pour la nourriture ; certains avaient jamais aussi bien mangé. J'aime bien les écouter parler, de tout et de rien, même quand ils ont un verre dans le nez. Je ne participe pas toujours, mais je les écoute. C'est bien pour un chef de savoir ce dont ont besoin ses hommes. Faut pas qu'ils s'attendent à de grands discours de ma part, mais ils peuvent compter sur ma présence.

Maintenant que j'y pense, je suis presque le plus vieux du gang. Enfin, je connais pas les âges de tout le monde - je connais même pas le mien -, mais c'est bien ce qu'il me semble. Plus le temps passe et plus je me sens responsable d'eux.

Hagen me donne une claque dans le dos, puis se reprend en s'apprêtant à s'excuser. Je lui réponds que je suis pas en plumes, et il rit de sa familiarité. C'est pas mal d'être avec eux, de faire partie d'un groupe... d'avoir l'impression d'être normal. Cette idée - que je serais pas quelqu'un de tout à fait normal - me prend la tête de plus en plus souvent... Mais dans ce genre de situation, j'ai pas à y penser. Je suis juste comme eux, un pauvre type qui essaie de survivre dans ce putain de monde qui fait pas de cadeau. Et puis, c'est pas comme si j'avais pas connu pire ; il est derrière moi, je crois.

Les potes tombent de sommeil. Je les laisse se pieuter un peu partout dans la baraque, tandis que je fais la vaisselle. J'aime toujours autant. D'habitude ça me vide l'esprit, mais là je cogite un peu trop sur des tas de trucs.

Tandis qu'on se fume une cigarette, le cul posé sur les marches de la planque - jetez pas vos mégots, les gars ! -, je peux pas m'empêcher de repenser à cette merveille aperçue au marché noir. Comment une telle beauté sans proprio a pu atterrir dans les bas-fonds ? La milice Rovoff vend ces trucs ? Pour qui ? C'est pas la première fois que je les vois vendre des trucs illégaux - et j'en soupçonne encore d'autres -, mais ça, ça me paraît vachement culotté.

Furlan doit bien se douter que j'y pense encore. Je me suis promis d'avoir un de ces harnais un de ces jours ; qu'importe l'usage, pour peu que je puisse m'en servir pour la sensation. Mais c'est vrai qu'on pourrait lui trouver une utilité pour nos affaires. Je nous vois tous harnachés dans ces engins, filant au-dessus des bas-fonds comme si on était les rois du coin !

Faut que j'arrête, on est pas le bataillon d'exploration, bordel.

Ca doit pas être facile à manoeuvrer, il faut sans doute s'y entraîner beaucoup ; et on a rien sous la main pour ça. Je saurais même pas comment faire ; même pour l'enfiler, ça me paraît une sacrée aventure... Bah, si les couillons de la garnison y arrivaient, ça doit pas être compliqué.

Furlan m'observe. Il sait à quoi je pense. T'inquiète, vieux, j'ai pas l'intention de chier sur les pompes de la milice. Je rêve, c'est tout. J'ai le droit, non ?

Après tout, il nous reste quoi à part rêver ?

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant