LE TEMPS DES ENNUIS(septembre 843)Isabel Magnolia

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Ouais, on va manger un bout tous les trois ! J'adore quand on sort ensemble ! Quand je suis avec eux, je me sens invincible !

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Ouais, on va manger un bout tous les trois ! J'adore quand on sort ensemble ! Quand je suis avec eux, je me sens invincible !

Ils m'emmènent dans le bar de Rodolf, un fier à bras qui aime parler fort et se la jouer un peu. Il est pas méchant du tout, il ferait pas de mal à une mouche. Et sa bonne femme fait une soupe d'enfer !

On s'installe à une table du fond et Furlan commande du ragoût pour trois. Je sens l'odeur d'ici, hmm... miam ! Hmmm... J'en salive d'avance... Il a l'air parfait, encore une fois... Quand la femme du patron ramène les assiettes, Furlan me donne d'office la plus remplie. Il sait que j'en raffole. Livaï se presse pas, mais moi j'ai la dalle ! Et avec du bon pain croustillant en prime ! Mais... ça va coûter cher tout ça. Livaï, tu es sûr que ça ira, hein ? Je veux pas que tu sois dans le rouge pour ça...

Il me trifouille les cheveux et me dit qu'il y a pas de problème, que je peux manger autant que je veux. Bon ben, si le frérot le dit, faisons honneur à cette assiette ! Je trempe mon pain dedans et en avale une grosse bouchée. Il est brûlant ce ragoût, et je me crame la langue en passant, mais bon sang, c'est délicieux !

Furlan mange aussi avec plus de retenue que moi - je sais bien que je suis pas sortable -, et Livaï picore un peu en regardant les alentours. Il a l'air soucieux... J'aime pas trop ça car frérot a le chic pour sentir venir les ennuis. Mais il peut rien nous arriver de mal ici.

Furlan commande une bouteille de gnôle. Je cours pas trop après, et Livaï non plus, mais je le connais, il va se la garder pour lui tout seul. Il commence à peine à la descendre quand le bar s'anime.

Rodolf, avec son éternel bandana autour de la tête, organise un tournoi de bras-de-fer avec les habitués et le lieu se remplit de cris d'encouragement et de gémissements dans l'effort. Rodolf les bat tous, évidemment. Faut voir ses bras, de vrais jambons ! Il se vante, et il a bien raison. Ses concurrents vaincus se frottent les bras et les mains tellement ils ont mal.

Mais ça lui suffit pas.

Il gueule à la ronde que celui qui le battra se verra offrir son repas plus un cadeau en prime de son choix. Même sa femme fait partie des lots ! Sa femme ?! Bah, pour la cuisine, elle se défend, mais pour le reste, je pense pas qu'un mec sain d'esprit en voudrait...

J'avale une nouvelle miche de pain à moi seule quand je sens que Livaï s'agite à côté de moi. Il a l'air intéressé. Furlan le remarque aussi car il pose sa bouteille. Hé, frérot, qu'est-ce qu'il y a ?

Il se lève et retrousse ses manches. Non ?! Il va pas relever le défi quand même ? Furlan, dis, dis, il va pas le faire, si ? Il en mène pas large et voudrait que frérot évite de se faire remarquer - en fait il craint surtout qu'il ramène la grosse dame avec nous -, mais il l'arrête pas. Hé, il peut vraiment faire ça ? T'as vu les biscoteaux de Rodolf ? Je sais que frérot est super fort, mais là c'est le niveau au dessus !

Il peut pas le battre ! Il a l'air d'un môme à côté de Rodolf ! Regarde-les ! Livaï et Rodolf se font face pendant un moment et le patron semble satisfait de voir que Livaï se propose ; comme s'il avait toujours eu envie de se mesurer à lui. C'est vrai que frérot est une célébrité, même dans le centre-ville !

J'arrête de manger et je m'approche pour rien rater. Rodolf se moque un peu de Livaï mais on dirait qu'il le prend au sérieux... et même qu'il transpire un peu ! Ou alors ce sont les duels précédents qui l'ont crevé... Ouais, il doit être à plat. Quoique... non, on dirait qu'il est toujours frais. Pourquoi il sue comme ça ?

Rodolf et Livaï se posent chacun autour de la table et se prennent la main, en serrant bien fort. Un type donne le top départ, et au moment où il prononce "c'est parti !", frérot abat le bras de Rodolf sur la table, avant même qu'on ait eu le temps de comprendre ! Ca fait un grand bang! au point qu'un des pieds de la table se fend en deux !

Rodolf tombe presque de sa chaise en se tenant la main de douleur. Son bandana est trempé de sueur. Il en a eu, du divertissement ! J'y crois pas ! Frérot est trop fort ! Le plus fort des bas-fonds ! Et il a même pas sué une goutte ! Il s'éloigne l'air de rien en balançant à Rodolf qu'il a gagné et qu'il doit tenir sa promesse.

Ouais, le repas gratuit. Bien joué, frérot ! Tu vas épargner tes sous ! Mais il a droit à autre chose... un truc de son choix... Il se dirige vers le comptoir, où la femme de Rodolf se tient immobile et silencieuse. Furlan soupire et retient sa respiration juste à côté de moi... Oh la vache...

Rodolf hurle à Livaï de pas prendre sa femme. Evidemment, couillon, qu'est-ce qu'il en ferait ? Il peut faire tomber n'importe quelle fille des bas-fonds en claquant des doigts, tu crois quand même pas qu'il va s'encombrer de ta moitié ?...

Livaï se penche sur le comptoir - la bonne femme le quitte pas des yeux, peut-être qu'elle aimerait bien partir avec lui après tout -, et tend la main pour saisir un truc derrière elle. Sur les étagères s'alignent des tas de produits assez chers et il déniche une boîte de thé. Un nouveau thé qu'il a jamais goûté. Croyez-le !

Livaï salue de la main et Furlan se remet à respirer. Il y a vraiment cru, ce béta !

Allez, on s'arrache et merci pour le repas !

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant