Allez, gamin, on va faire une balade.
Il est propre de partout ce matin. Mais il a toujours ces maudites cernes autour des yeux qui lui donnent l'air malade... Bah, ça ira bien, c'est plus mon problème. Il est habillé du mieux possible, les cheveux impec, les ongles soignés, autant qu'il donne bonne impression tout de suite ; pas question qu'ils changent d'avis.
Il me demande où on va ; je lui réponds qu'on va voir quelqu'un d'important. Il insiste : qui on va voir ? Quelqu'un que tu connais pas. Tiens-toi tranquille et marche à côté de moi, mouflet.
On sort dans la rue animée et quelques têtes se tournent pour nous reluquer. C'est vrai que j'ai pas la trogne du père idéal, et comme le petit s'est mis en tête de tenir mon pantalon dans sa pogne, le spectacle qu'on offre doit paraître encore plus surréaliste... Lâche-moi, morveux, j'ai une réputation dans le quartier, moi !
On remonte la grande rue jusqu'au quartier ouest. Il pose pas de question durant le trajet mais je sens ses yeux plantés dans ma joue ; je le regarde pas, pas envie de croiser son regard de chien battu... Il est remarquablement sage, je m'attendais à ce qu'il me fasse tourner en bourrique pour me faire payer mon manque de loquacité, mais apparemment il doit être un peu inquiet. T'inquiète, gamin, là où je t'emmène, c'est sans doute le meilleur endroit où tu peux crécher ; tout vaut mieux que tu restes avec moi...
On va pas tarder à arriver en vue du pensionnat. Il est temps que je lui dise un peu les choses quand même, histoire qu'il se braque pas trop. Enfin, je pense que l'idée lui plaira, mais je peux pas être sûr de sa réaction. J'ai pas envie de me retrouver à lui courir après dans le quartier devant ces braves dames au garde-à-vous !
Je me penche vers lui et je lui dis qu'il va rencontrer des gens très sympas ; des gens qui vont lui apprendre plein de choses utiles - enfin pour ce que j'en pense... Il y a là-bas de gentilles dames qui demandent qu'à le bichonner et il faut qu'il se comporte bien avec elles. Il me demande si c'est comme une école - Kuchel a dû lui parler de ça je pense. Je lui réponds que oui, que c'est une école, et qu'on doit se grouiller parce qu'ils nous attendent.
Il semble se détendre un peu et marche devant moi, presque en sautillant, comme c'est touchant ! Il a l'air emballé ! Tant mieux, au moins je me sens pas coupable... et de quoi d'abord ? De le confier à des inconnus ? Je lui ai pas révélé que ça serait permanent, mais... il a pas besoin de savoir ça, non ? Il va entrer, peut-être regarder dans tous les coins si c'est assez propre à son goût, et pendant ce temps, je m'éclipserai, ni vu ni connu.
On y arrive. Trois femmes, dont celle que j'ai déjà vue, et un homme, attendent devant la porte. Je distingue du coin de l'oeil deux membres de la garnison qui semblent en faction. Ils me mettent pas spécialement à l'aise, ceux-là, je vais pas m'éterniser... Le môme se calme un peu, se remet à marcher à côté de moi ; il tend la main, et je lui dis que c'est bien là.
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
Fiksi PenggemarL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...