Je traîne avec Livaï dans le quartier du marché. On a laissé l'étal aux potes, nous, on fait les courses. Je me suis dit qu'on pourrait se faire un bon gueuleton en commun dans la planque ce soir ! Livaï est plutôt bon en cuisine et je me défends aussi pas mal. C'est pas tous les jours qu'on mange à notre faim, mais ça a bien donné ce mois-ci et les réserves des collègues sont pleines aussi.
C'est toujours moi qui marche devant, Livaï aime bien rester en arrière, au cas où j'aurai laissé passer quelque chose d'intéressant. C'est moi qui tient les cordons de la bourse. Livaï est pas du genre dépensier mais il lui prend des lubies de temps en temps... Non, aujourd'hui, on achète que de quoi croûter. On a chacun notre part des recettes, comme d'habitude, mais Livaï me laisse aussi gérer sa part.
Maintenant que je le dis... il me fait vraiment confiance pour pas mal de choses. Notre relation s'est beaucoup consolidée depuis qu'il a officiellement décidé d'assumer le rôle de leader. Enfin, il l'assume qu'à demi, je me charge du reste. On est bien plus que des collègues, je le considère comme mon ami. Il y a beaucoup de Clem en lui... sauf pour le sourire. Clem riait tout le temps, Livaï est plus réservé. Il nous a pardonné ce qu'on lui a fait - apparemment, c'était pas lui le coup du vandalisme de notre réserve. Mais certains ont préféré par rester, il leur faisait trop peur. D'autres ont pris leur place.
Même s'il le montre rarement, je sais qu'il tient à nous tous. Sinon, il resterait pas, non ? C'est très difficile de savoir ce qu'il pense sur les gens ; par exemple je sais pas vraiment ce qu'il pense de moi. Il doit apprécier ma présence car il me laisse même rentrer dans sa chambre. Je suis le seul à avoir ce traitement de faveur. On a passé beaucoup de temps ensemble, moi pour lui apprendre le calcul, et lui pour m'apprendre à me battre. On reste toujours les meilleurs dans nos domaines respectifs mais je me plaît à penser qu'on fait une bonne équipe, rien que nous deux.
Bon, on a acheté à manger pour la semaine, on peut se rentrer. Mince, où est Livaï ? Ah, le voilà. Il est en arrêt devant un groupe de types louches, qui semblent avoir envie de passer inaperçus ; mais on voit qu'eux. Qu'est-ce qu'il y a, là-bas ? Ah oui, je vois. C'est le coin des gars de Rovoff, qui font leurs petites affaires. Livaï se tourne vers moi et indique le bâtiment du doigt. Apparemment, il se passe quelque chose dans le sous-sol. Je le rejoins et je lui demande ce qu'il veut qu'on aille voir ; la milice a jamais rien vendu d'intéressant pour nous. Mais il m'attrape par la manche et me tire à l'intérieur.
Je garde bien ma main près de la bourse dans ma poche pour pas me faire voler. Les commissions bien calée dans le creux de mon bras, je laisse Livaï me guider dans l'escalier. En bas, le sous-sol est vivement éclairé de lanternes et d'étranges objets sont disposés dans tous les coins. Des clients - parce que ce sont bien des clients - déambulent entre les tables et jettent un oeil à la marchandise. On dirait des armes, j'en avais jamais vues des comme ça. Ca ressemble à des fusils, mais en plus petits et plus léger. Ca rutile de partout.
Livaï me lâche le bras et je le perds de vue un instant. Eh, me laisse pas seul ici ! Je le retrouve planté devant une table sur laquelle trône un harnais de manoeuvre tridimensionnelle. Ouhlà, c'est pas légal ça ! Je le dis à Livaï mais il est comme hypnotisé par l'objet et le lâche pas des yeux. Je crois les avoir jamais vus aussi écarquillés...
Avant que j'ai pu dire autre chose, il demande au type qui garde la marchandise combien ça coûte, cette merveille. Le type annonce un prix. Pfioou, eh ben, il se gênent pas ! C'est totalement hors de prix ! Si on disposait de ce montant, on serait déjà là-haut en train de prendre du bon temps ! Livaï, laisse tomber, c'est trop cher ! Et puis tu en ferais quoi, de toute façon ? On en a pas besoin, non ?
Mais Livaï continue de regarder le harnais comme un gosse devant un magasin de bonbons. ca se voit qu'il en a envie... Mais faut pas y compter. Et envisage même pas de le voler, se mettre mal avec la milice Rovoff, c'est le pire truc à faire. Il finit par laisser tomber et c'est moi qui le ramène à l'extérieur.
On marche côte à côte sur le chemin du retour. Livaï a les mains dans le dos et il a pas l'air content. Ou bien il réfléchit. Je l'arrête tout de suite. Non, on va pas voler ce truc. Puis, je lui demande ce qu'il compterait en faire.
Il me révèle qu'il a toujours voulu en avoir un. C'est vrai que quand je regardais les membres de la garnison s'en servir, quand j'étais petit, ça avait l'air vachement bien. Pouvoir voler sur les toits comme un oiseau, c'est le rêve quand on vit ici. Mais à part ça, je vois pas... ouais, après tout, ça pourrait être un outil de travail. Avec ce truc, on peut faire diversion, et même tomber sur le dos des pigeons sans qu'ils s'y attendent ! Et même... oh, d'accord, je vois où tu veux en venir... Non, Livaï est pas stupide.
Si tu comptes t'en servir pour t'échapper d'ici par le puits de lumière, tu te goures, mon pote. Si on se fait choper là-haut avec ça, je donne pas cher de notre peau. Et les papiers, tu y penses ? On est rien sans ça, même pas des hommes. Tu feras quoi sans papiers une fois là-haut ? Je vais te le dire : rien du tout. N'y pense plus... Enfin, si, moi je continue d'y penser, tout le temps, je veux me barrer d'ici, je lui ai déjà dit. Mais de cette façon, ça mènera à rien. Je préfère être en liberté ici plutôt qu'en taule là-haut.
Non, je suis pas lâche, juste réaliste. Fais pas la tête. On va se rentrer et préparer un festin pour tout le gang. T'en dis quoi ? Ca, ça reste du domaine du possible, qu'il me répond.
Mais je sais bien que la vision de ce harnais 3D reste dans un coin de sa tête...
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
FanficL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...