UN RÊVE DEVENU REALITE(juin 841)Furlan Church

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Merde, la journée est déjà bien avancée ! Et Livaï m'a pas réveillé en plus ! Il est où ? Ah bah tout s'explique ! Il dort comme un bienheureux ! Ca lui arrive pas souvent mais quand c'est le cas, il fait pas semblant ! Une vraie masse ! Debout mo...

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Merde, la journée est déjà bien avancée ! Et Livaï m'a pas réveillé en plus ! Il est où ? Ah bah tout s'explique ! Il dort comme un bienheureux ! Ca lui arrive pas souvent mais quand c'est le cas, il fait pas semblant ! Une vraie masse ! Debout mon vieux, on a les environs de la nouvelle épicerie à aller examiner !

Il se lève, se gratte la tête et tente d'aplatir ses cheveux ébouriffés. On dirait un chat dans un bol de crème. Comment ça, prendre le temps de te laver ?! Tu t'es lavé hier soir, t'es propre déjà ! Allez, saute dans un falzar et on décolle !

Les gars sont dehors, en train de jouer aux dès ou aux cartes. J'essaie de faire bonne figure, du genre "on a travaillé toute la nuit, on est crevés", mais je sais bien qu'ils sont pas dupes. J'envie Livaï des fois ; il a toujours l'air fatigué, une nuit blanche ne laisse aucune trace sur lui.

On marche d'un bon pas jusqu'à la limite du centre-ville. Un nouveau magasin vient d'y ouvrir - enfin le dernier propriétaire a vendu les murs - et les produits qu'il fourgue sont intéressants. Je rentre dans le bâtiment - Livaï reste dehors et mémorise les rues possibles pour de futures embuscades - et je me mets à déambuler comme un bon client. Le gérant me fait un sourire ; je sais bien que comme tous les commerçants ici, il doit avoir un fusil planqué quelque part. J'ai pas l'intention de faire de l'esclandre. Bien au contraire. Je visualise le volume de marchandise et les prix qu'il pratique. Hm, mon gars, ta prochaine livraison devra attendre, on en a plus besoin que toi !

J'attrape un truc au hasard - un sac de farine ou de levure - et je vais payer, tout en gardant mon sourire le plus innocent. Je ressors de la boutique et je lance le sac à Livaï qui le réceptionne d'une main. Il me pose des questions : ouais, pas mal ce qu'il vend, et les prix sont plutôt élevés, on aura pas de mal à concurrencer. Et toi, tu as repéré de bons endroits ? Ouais, il me dit. La rue de devant est un peu trop fréquentée, mais la ruelle de derrière donne directement sur l'arrière de la boutique, il doit s'y faire livrer.

Mentalement, je me trace plusieurs itinéraires possibles. Quand je reviens à la réalité, Livaï a pris de l'avance et marche quelques mètres devant moi, le sac jeté sur son épaule. C'est là qu'un voleur à la tire se jette sur lui, du côté de la rue qui est dans l'ombre, et tente de le lui arracher. Je sursaute mais j'interviens même pas, je sais très bien comment ça va se finir.

Livaï lui décoche une droite bien sentie et le type va valdinguer dans un coin, hors de vue. Il a même pas pu ne serait-ce que le toucher. Ils apprendront jamais... Il doit vraiment avoir un genre de sixième sens, ou un truc du genre. Il est très difficile de le surprendre. Faut vraiment que son attention soit focalisée sur une chose bien précise pour y arriver.

On est en route vers la planque quand on croise deux membres des brigades spéciales, au pas chancelant. Qu'est-ce qu'ils font là, ceux-là ? Ca fait un moment qu'on les a pas vus, on commençait à s'habituer, c'était bien. Ils dépassent Livaï et je le vois se retourner pour les regarder. Je pense d'abord qu'il est en train de reluquer le cul de la nana - plutôt pas mal d'ailleurs -, avant de réaliser que c'est pas tellement ça qui l'intéresse.

C'est leur équipement qu'il mate. Sa bouche forme un O parfait, et je le connais depuis assez longtemps pour savoir ce que ça veut dire : il a un plan en tête et veut le mettre à exécution tout de suite.

Minute, Livaï ! Laisse ces gentils fonctionnaires tranquilles ! J'essaie de le forcer à avancer mais il m'échappe, et se met à suivre les deux soldats de loin, la main dans la poche. Et merde. Dans quoi il va m'entraîner encore ?

Pendant la filature, Livaï me glisse à l'oreille qu'il a toujours eu envie de voler. Et moi, ça me tente ? Ah, mais oublie ça, on sait même pas comment ça marche ! Ca a l'air super dangereux, j'ai pas envie de finir écrasé sur un toit comme une merde ! Il me répond qu'il veut juste essayer, et qu'après on leur rapportera leur matériel. Tu penses qu'il le fera ! Il rêve de ce jouet depuis des années et il a enfin la possibilité et la force de s'en emparer, il va pas laisser passer ça !

Bordel, Livaï, arrête ! Ca m'intéresse pas, j'ai pas envie de voler, je veux juste rentrer, sois raisonnable pour une fois ! Mais il m'écoute pas et continue de suivre les deux soldats, qui tournent dans une rue écartée. Et voilà, pile poil ce qu'il fallait pas faire. C'est un cul-de-sac là-dedans, l'endroit idéal pour cacher des corps !

Euh... dis Livaï, tu vas pas les tuer au moins !? Pas de blague, hein !

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant