LA RAISON DU PLUS FORT...(octobre 834)Livaï

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Je n'ai aucune preuve

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Je n'ai aucune preuve. Aucune pour légitimer mes doutes. A part mon intime conviction.

Ca fait un bon moment maintenant que Clem est mort. Mais ça me semble hier. Quand la nouvelle à fait le tour des bas-fonds, je n'y ai pas cru tout d'abord ; mais je me suis vite résigné car... encore une fois, j'en avais le pressentiment.

Quelques jours avant, j'avais encore fait un cauchemar que je me rappelle encore parfaitement. La plupart des gens se souviennent plus volontiers de leurs beaux rêves, soit disant parce que c'est plus agréable. Avec moi, c'est vite fait, je fais jamais de beaux rêves ; donc je ne me souviens que des mauvais.

Dans ce cauchemar, dont je me suis réveillé en sueur, j'étais à terre et je souffrais. J'entendais les bruit de sabots d'un cheval quelque part près de moi, et aussi un cri, qui articulait un nom, celui de Clem. Après qu'une détonation ait retenti, j'ai vu l'arrière d'une charrette se précipiter vers moi et j'ai senti les roues me pénétrer dans le corps... Je me souviens du son de mes os qui craquaient, de la douleur infinie, et de la peur en voyant les sabots des chevaux s'approcher de mon visage... Je me suis réveillé juste avant ; j'ai respiré très fort et très bruyamment pendant plusieurs minutes, cloué sur le sol à bas de mon lit sans pouvoir me relever. Chacun de mes os me semblait brisé...

Je n'avais jamais eu de cauchemars si réalistes jusqu'à présent. Et l'impression de danger imminent, de mort inévitable, m'avait pris aux tripes. Je ne savais pas ce qu'il voulait dire. Tout ce que je savais c'est que ça avait un rapport avec Clem.

Je serais bien allé le voir pour lui raconter. Mais il m'aurait sans doute ri au nez sans le prendre au sérieux. C'est ce que je me suis dit... Mais non, s'il m'avait cru ? De tout façon, de quoi aurais-je pu le mettre en garde ? Je n'avais rien compris à ce rêve !

Ce n'est qu'après la tragédie que j'ai compris. Le détails ont circulé : la charrette attelée de deux chevaux, les fusils cachés, celui qui était mort piétiné... et Clem, tué d'une salve dans la tête. Tout devenait clair. J'y avais assisté. J'étais là... non, j'aurais pu être là.

Pourquoi ne me suis-je pas laissé faire ? Pourquoi n'ai-je pas cédé ? Il y a peu, je m'étais presque décidé à le faire, à rejoindre la bande... Mais à cause de mon putain d'orgueil, Clem est mort... Je sais, c'est stupide de me mettre ça sur le dos, j'y suis pour rien ! Mais... si j'avais été là... peut-être que tout le monde serait en vie... Ou peut-être que je serais mort ! Peut-être, mais au moins je me sentirais pas coupable, j'aurai pu tenter quelque chose ! Je déteste me sentir aussi impuissant... Mais peut-on savoir quel choix sera le meilleur ? Y' en a-t-il seulement un ?

Je déteste de ne rien pouvoir faire en sachant que j'aurai pu changer les choses ! Ca me tue...

Quant à cet Egon... il a beau faire bonne figure, je suis sûr qu'il y est pas pour rien. C'est comme si je voyais le sang de Clem sur ses mains... Personne d'autre ne le voit, c'est sûr. Je sais pas ce qui s'est passé réellement, mais je suis presque sûr qu'il est au moins en partie coupable, d'une manière ou d'une autre. Ou alors c'est parce qu'il faut que je passe mes nerfs sur quelqu'un ?... Par respect pour Clem, je ferais rien payer à personne. Il est leur chef maintenant. Ils le suivent et lui font confiance. J'ai pas le droit de me mêler de ça.

Depuis le bûcher, je suis de nouveau en période d'insomnie. Et à chaque fois que je repense à tout ça, la souffrance dans mes os et le mal de crâne reviennent, comme une douleur fantôme...

Comme si je payais dans ma propre chair la mort de ces deux hommes...


Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant