La fille Lang a pas reparu. Les rumeurs disent vrai : elle a dû se faire choper, c'est pour ça qu'on est dans la merde.
Tout marchait si bien, c'était trop beau. Il a fallu que ce type hautain et suffisant vienne nous menacer. Envoyé par la guilde, qu'il dit. Ouais, ben maintenant, on est fixés. Et il va falloir remédier à ce problème. Qu'est-ce que le patron a l'intention de faire ?
Quand ce type s'est pointé il y a une semaine dans les bas-fonds, on a tous cru que c'était qu'un client comme les autres ; il présentait bien, et tout. Mais quand il a demandé à rencontrer le patron, j'ai senti les ennuis. Comment pouvait-il savoir qu'il était là ce jour-là ? Comme il insistait et que je voulais pas d'emmerdes, je l'ai introduit, et... Le patron est devenu tout gris.
Il devait le reconnaître, même s'il en a rien dit. Le type s'est présenté en tant que Niklaus Lang, un des cousins du grand patron de la guilde Lang. On a tous failli s'étrangler... Je l'avais introduit... Je l'avais laissé regarder notre came... Bordel, je nous pensais cuits ; et on l'était ! Mais le type, Niklaus, continuait de sourire sans arrêt, sans se montrer menaçant, en tout cas pas dans son attitude. Il marchait dans la pièce comme si notre planque lui appartenait.
Le patron s'est pas démonté, s'est appuyé sur sa canne et lui a demandé ce qu'il désirait. J'en croyais pas mes oreilles ! C'est un type de chez Lang, patron, que j'ai pensé ! Il va nous dénoncer ou pire ! Niklaus s'est approché de Rovoff et lui a jeté au visage que c'était pas trop mal, tout ce trafic ; qu'on devait se faire du blé à ne plus savoir qu'en faire... et que son patron à lui était pas très content d'apprendre ce que c'était à leurs dépends.
J'ai retenu ma respiration. Je savais ce qui allait suivre. Un duel de regard s'est engagé entre le patron et Lang et j'ai bien cru qu'il allait nous ordonner de le zigouiller. Mais il en a rien fait. Comme si Lang avait deviné ses pensées, il lui révéla que les hautes sphères de la guilde étaient déjà au courant de l'arnaque et que le tuer ne servirait qu'à le mettre davantage dans la merde...
La fille, Jessika, s'était faite prendre par ses supérieurs. Après une petite séance d'interrogatoire, elle avait craché le morceau ainsi que le nom de son client privé. Nicolas Rovoff. La salope. Elle était pas de la famille, que je me suis risqué à lui demander ? Famille ou pas, le business, c'est le business, qu'il m'a répondu. Bordel, il plaisantait pas du tout.
Niklaus s'est assis dans le fauteuil du patron, et a joint les mains comme pour réfléchir. Rovoff s'est tu et a attendu que le type énonce ses demandes. Car c'était certain qu'il y en aurait. Si la guilde nous avait pas encore dénoncé pour revente illégale de matériel militaire, c'est qu'elle devait avoir une idée derrière la tête.
Ca a pas loupé. Niklaus s'est déclaré plutôt content que les affaires marchent si bien ici. Mais le manque à gagner était important. C'est en potassant sérieusement les livres de comptes qu'ils se sont rendus compte que quelque chose clochait. Et le fric, c'est tout ce qu'ils veulent. Or, Rovoff leur en avait pris un paquet, de fric, et la guilde comptait bien se rembourser.
Lang a conclu avec plein de sous-entendus que si Rovoff ne trouvait pas un moyen de réparer le préjudice subi, la nouvelle de ses petites magouilles pourrait bien s'ébruiter en haut lieu... Le patron a haussé le sourcils, seulement ça... Il est resté très digne, je dois dire. Il a annoncé qu'il n'était pas en mesure de rembourser, le montant étant trop important.
Lang a rigolé, et lui a fait comprendre que ça l'intéressait pas de se rembourser sur l'argent des ventes, vu que ce fric leur appartenait de toute façon. Il a proposé un nouveau deal au patron. A partir d'aujourd'hui, Rovoff devait bosser pour Lang. Main dans la main, comme des amis en très bon termes. La recette des ventes futures devait leur être remise en totalité. Les autres affaires du patron les intéressait pas, mais la guilde tenait absolument à toucher les recettes des ventes précédentes. Question de principe, qu'il a dit.
Qu'importait le moyen, ou le temps que ça prendrait, mais cet argent devait être versé à la guilde, autrement Rovoff, et tous ses hommes, seraient mis en prison d'ici quelques jours. Le patron a toussoté, lui a répondu que ça prendrait peut-être un peu de temps pour trouver un moyen de s'arranger... Niklaus a bien dû comprendre que l'argent était pas là ! Il se marrait dans sa barbe de voir l'embarras du patron !
Si dans deux semaines, aucun versement d'argent n'avait été effectué du compte de Rovoff - il a bien précisé que l'argent des ventes ne comptait pas - sur celui de la guilde, une descente de brigadiers tout à fait informés de la situation aurait lieu dans le coin, qu'il disait. Mais si Rovoff trouvait le moyen de verser personnellement, avec le nombre d'échéances de son choix, l'argent demandé par la guilde, alors il serait libre de continuer à trafiquer à sa guise. Un pourcentage pourrait même lui être alloué sur la vente du matériel militaire seulement à partir du moment où le préjudice financier aurait été totalement couvert. Il avait donc tout intérêt à rembourser au plus vite.
C'est pas demain la veille, que je me suis dit.
Ca fait une semaine que cet ultimatum nous a été lancé, et je sais toujours pas ce que le patron compte faire. Je pourrais tenter de me tirer, mais je sais bien qu'on finirait par me retrouver.
Chiottes ! mais où on va bien pouvoir trouver tout ce fric ?! On peut même pas rançonner les habitants du coin, ça finirait par se savoir ! Taxer le marché noir ? Ouais, ce serait une idée, mais ça prendrait des années, voire des siècles !
J'ai plus d'idées, là. On est dans une merde noire.
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
FanfictionL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...