COMMENT DEVENIR UN EXPLORATEUR ?(mars 844)Livaï

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L'autre tordu sort des dortoirs et je m'attends à l'explosion de Furlan

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L'autre tordu sort des dortoirs et je m'attends à l'explosion de Furlan. Ca traîne pas.

Il me gueule littéralement dessus - il est le seul à qui je laisse faire ça - en me disant que je dois pas créer de problèmes et faire en sorte qu'on passe inaperçus. A cause du plan, tout ça. Je l'écoute d'une seule oreille. Ca sale type nous a insulté en disant qu'on vivait dans un tas de merde. Ca implique nécessairement qu'on est des merdes nous aussi, tu piges pas, Furlan ?

Tous ces gens se montrent condescendants et paternalistes avec nous depuis notre arrivée ; ils nous prennent vraiment pour des péquenots qui savent rien de la vie. Alors qu'on en a sûrement bien plus bavé qu'eux depuis notre naissance. Tout ça me fait chier, réellement. Plan ou pas plan, Furlan, si un seul d'entre eux se permet encore de me traiter en gamin attardé, je lui rentre dans le lard. Le bizutage des petits nouveaux, qu'il dit. On y passera sûrement, c'est la tradition ici. Comme dans les bas-fonds d'ailleurs. Souviens-toi comment on accueillait les nouveaux dans le gang, c'était un peu pareil, qu'il ajoute. Ouais, ouais, si tu le dis.

Je caresse du doigt le foulard de maman, noué autour de mon cou. Je me suis rappelé de son existence ce matin, en enfilant cet uniforme qui nous fait ressembler à des nobliaux ridicules. Ca me faisait ressembler à tous les autres, à ce major aperçu la veille, et à ce satané Erwin Smith. Je voulais pas me fondre dans la masse. Je tenais à leur rappeler qui je suis. En fouillant les poches de mon pantalon - et en glissant discrètement mon couteau dans ma botte -, j'ai retrouvé le foulard de maman, roulé en boule. Il était un peu froissé mais j'ai réussi à le rendre présentable en le tirant un peu. Comme à mon habitude, je l'ai pressé sur mon visage, ce qui me suffit pour me rappeler son odeur... Et puis, sans trop y penser, comme si c'était naturel, je l'ai attaché autour de mon cou, comme je le faisais, avant que la vie en groupe ne me fasse perdre cette habitude. Je le faisais surtout quand je me sentais seul.

Mais là, maintenant, il est bien en vue. En me regardant dans le miroir - un grand miroir qui permet de se voir de la tête aux pieds -, je me suis dit que je ressemblais plus aux autres, que j'étais moi-même. Et j'en ai été satisfait.

C'est peut-être un peu puéril de penser comme ça, mais... je me suis toujours dit que ma force devait me venir de maman ; pas de Kenny, même s'il m'a préparé à m'en servir, mais bien d'elle. Elle était forte à sa manière. Pas en frappant les gens ou en leur faisant baisser les yeux ; pas en leur faisant peur ou en leur tirant les oreilles - bien qu'elle me les ai déjà tirées... Non, elle était forte en se montrant bonne avec moi, avec les autres, en supportant les épreuves sans baisser la tête et en gardant sa dignité. J'aimerais être aussi bon qu'elle parfois, et je pense que je dois y arriver de temps en temps... Mais c'est difficile...

Alors en portant son foulard tous les jours, je serais peut-être plus fort pour affronter les trucs qu'on va me faire endurer. Elle est avec moi, nichée tout contre mon cou... Je me demande ce qu'elle penserait en me voyant là où je suis. Est-ce qu'elle serait fière ? Peut-être. Et c'est peut-être ça qui m'a décidé à me comporter du mieux possible.

Quand je pense que je vais devoir obéir aux ordres de de trouduc... Ca me file la nausée... Je sais que c'est temporaire, Furlan, mais ça me paraît déjà trop long. J'espère que t'as prévu un truc pour ça se passe vite, sinon je vais pas tenir... Je te rappelle que si j'ai accepté de faire tout ce chemin, c'est pour avoir ce blondinet sous la main et lui rendre la monnaie de sa pièce. Autrement, je me tire.

Ecoute la petite. Isabel rétorque à Furlan que s'ils nous font chier, on aura qu'à les tabasser et puis c'est tout. Son raisonnement est simpliste mais plaisant... Furlan lui cloue le bec en lui posant une de ses sempiternelles questions mathématiques pour lui prouver que c'est lui le cerveau de la bande. Ouais, c'est pas faux. Mais tu avais prévu qu'on serait dans l'escouade de la grande perche, et c'est raté. Ca va compliquer les choses, non ?

Il faut trouver les documents avant la prochaine expédition. Pas seulement, mon grand. Je m'occupe de Smith aussi. Et si je peux avoir les autres aussi - l'autre grand blond et ce tocard de Faragon -, je m'en priverai pas. Je négocie pas là-dessus, c'est clair ?

Il acquiesce à contrecoeur. Je sais que ça t'emmerde, mais quand j'ai un truc à faire, je m'y tiens, tu me connais depuis le temps ?

En attendant, je vois une grosse armoire dans laquelle semble rangés des produits d'entretien. Si ce mec pense que cet endroit est propre, il se goure. Je vais lui montrer ce que ça veut dire. Allez, mettez-vous au travail, je veux que ce dortoir et ces lits soient nickels ; autrement, hors de question que j'y crèche.

T'as intérêt à te sortir les doigts, Furlan, si tu veux que je me tienne tranquille.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant