Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]

UN RÊVE DEVENU REALITE(juin 841)Furlan Church

Je crois pas ce qu'on est en train de faire...

S'attaquer aux forces de l'ordre, c'est pas bon pour nous. Est-ce que tu t'en rends seulement compte, Livaï ? Non, tu penses, le voilà qui grimpe sur les toits maintenant. Bon, fais ce que t'as à faire, moi je t'attends.

Je croise les bras à l'entrée de la ruelle, quand je l'entends m'appeler. Je lève les yeux et je vois qu'il me demande de venir. Attention, pas de tuerie, hein. Je me glisse lentement dans l'impasse, m'attendant à tout moment à recroiser les deux soldats. Je décèle le pas léger de Livaï au-dessus de ma tête... puis je le sens accélérer. Je regarde droit devant moi et je distingue les silhouettes des deux brigadiers.

Le type se prend la sac de levure sur la tronche et titube en arrière tandis que Livaï lui saute dessus du toit. Il le fait tomber en arrière et l'attrape par le cou. Il l'emmène plus loin dans la ruelle. La fille semble un peu sonnée - ou bourrée - et paraît pas trop se rendre compte de ce qui se passe. Bon, ok, puisqu'on en est là...

Je la saisis par les épaules, et elle se débat un peu. Je lui mets la main sur la bouche et je suis Livaï dans un petit renfoncement. Il a assommé l'homme et est déjà en train de se battre avec les lanières de cuir de son harnais pour l'en délester. Il me dit d'assommer la fille, mais je sais pas trop comment m'y prendre... Il lâche le type et colle un coup du plat de la main sur la nuque de ma prisonnière. Elle chute en avant et je l'assois dans un coin.

Les doigts agiles de Livaï s'activent sur les courroies du harnais de manoeuvre et finissent par toutes les déboucler. Il se retrouve avec tout un fouillis de cuir et de pièces de métal sur les bras, mais son sourire en dit long sur ce qu'il en pense. Je suis pas très chaud... J'essaie de faire de même avec l'attirail de la fille, mais j'ai pas le truc... Livaï, tu peux...

Il réussit à délester la fille progressivement de son équipement, quand que je vois le type bouger et finalement ouvrir un oeil... Livaï, fais gaffe ! Mais sans perdre sa concentration, sans même le regarder, il lui saisit la tête d'une main et la cogne une fois contre le mur. Il retombe dans les vapes. Ouf...

Maintenant qu'on a tout ce barda, qu'est-ce que tu comptes en faire ? J'observe Livaï tentant de passer l'attirail, mais c'est un poil trop compliqué. Attends une minute, on va pas faire ça là, non ? Et si quelqu'un arrive ? S'ils se réveillent ? Livaï jure dans sa barbe parce qu'il arrive pas à mettre le harnais correctement. Si tu essayais celui de la fille ? C'est pas pour dire, mais je crois qu'il est réglé à ta taille... Euh, non, oublie, tirons-nous, j'entends du monde !

Merde ! On va pas de promener avec tout ça à la vue de tout le monde ?! On est pas très loin de la planque, mais... Bon, Livaï doit connaître un raccourci. Faut dire qu'il connaît mieux le coin que moi. Je le suis silencieusement, en me disant que tout ce matériel pèse moins lourd que je le pensais. Ca me paraît plus si extraordinaire de pouvoir voler avec. On a laissé les deux soldats en arrière ; j'espère qu'il leur arrivera rien et qu'ils se réveilleront sans problème.

Plus question de leur ramener le matos, j'ai compris, Livaï.

Les gars nous voient nous pointer avec des yeux ronds. J'étais pas d'accord, il m'a forcé, hein ! Bon, rentrons planquer tout ça, on verra ça de plus près demain.

Mais j'ai comme dans l'idée que Livaï ne fermera pas l'oeil tant qu'il aura pas compris comment ça marche...