LE GRAND NETTOYAGE(mars 838)Livaï

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Me voilà de retour dans le centre-ville

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Me voilà de retour dans le centre-ville. C'est pas tout ça, mais je dois aller chercher de quoi croûter, et mes poches vont pas se remplir seules. La récompense promise par la milice Rovoff était bien maigre, c'est pas avec ça que je vais vivre.

Les pigeons pleins aux as sont revenus, et la foule est de nouveau bien compacte, comme j'aime. Ca se pousse, ça s'engueule parfois, et quand je repère une bourse pleine, planquée dans une poche ou sous une ceinture, il me suffit de tendre la main. Ces idiots apprendront jamais...

Mais j'en abuse pas. Je sais très bien que j'aurai jamais assez pour me tirer d'ici, alors j'ai abandonné l'idée de devenir riche. Je vole que ce qui me faut pour me faire vivre et me payer quelques petits plaisirs de temps en temps. Être trop gourmand ça peut mener aux ennuis, Kenny me le disait souvent.

Je suis pas le seul sur le secteur. D'autres voleurs, du même âge ou plus jeunes, sont aussi sur les rangs. C'est pas que je me préoccupe d'eux mais si on peut éviter de se marcher sur les pieds, j'aime autant. On essaie de se partager les cibles sans se consulter avant, mais jusqu'à présent j'ai pas eu de problème avec eux. La plupart du temps, je les croise jamais.

Ce sont des loups solitaires, comme moi. Les voleurs à la tire sont devenus plus rares depuis que les gangs sont à la mode. Faire partie d'un gang, c'est la garantie de trouver un toit et de quoi croûter, même si on est pas très bon. Il suffit de mettre la main à la pâte. Quand on est un voleur solitaire comme moi, il faut savoir se débrouiller et se contenter d'une mauvaise journée. C'est vrai que j'ai une planque à moi, plutôt confortable comparée à ce que j'ai connu autrefois, mais ça veut pas dire que je racle pas mes fonds de tiroirs.

D'autres ont sans doute moins de chance que moi et vivent peut-être dehors. Cependant, j'oublie pas mon passé, et il m'arrive de filer une pièce ou deux à un gamin qui fait la manche, comme autrefois. Je sais que c'est étrange et un peu incohérent comme attitude, mais même si je sais que c'est nécessaire pour vivre, je peux pas m'empêcher de me dire que voler, c'est pas bien. L'idéal serait de dégoter un boulot honnête, avec les boutiques qui ont ouvert, je pourrais trouver. Mais l'idée de me vendre et de quémander de l'argent à quelqu'un d'autre me fait gerber. J'aurai l'impression de faire le tapin. Je préfère encore le prendre moi-même, ce fric.

Bon, j'ai plumé mon troisième pigeon, ça ira pour aujourd'hui. Je vais me rentrer au quartier est, peut-être aller manger une soupe si la faim vient sur le chemin. Les poches pleines, je me dirige vers la planque quand... je sens une main tâter mon pantalon.

Alors ça, c'est vraiment du boulot d'amateur... Je saisis le main qui essaie de me délester et je constate que c'est une petite main. Je me retourne et je remarque devant moi un petit asticot, les cheveux en bataille, le visage tout sale, qui gigote bien en vain dans ma poigne. Ce n'est que ça ? Je le relâche et le petit se frotte le poignet en me regardant méchamment.

Je peux pas m'empêcher de voir un autre visage à travers le sien... Celui d'un gamin paumé qui vivait plus dehors que dans la planque de Kenny et qui savait pas toujours choisir ses combats avec prudence... Je veux pas de mal à ce môme. Je lui dit de déguerpir, mais au lieu de ça, il se met à siffler à la ronde.

D'autres gosses surgissent de partout et font cercle autour de moi. En fait de gosses, ce sont surtout des adolescents ; certains sont même plus grands que moi. Cette puce à qui j'ai eu affaire est le plus petit de la bande.

Une bande... Ca, je l'avais pas, moi.

Il me semble pas les connaître. Ils ont dû s'installer sur mon secteur pendant que j'étais occupé aux quartier est. Ils doivent considérer que c'est leur territoire ici. C'est vrai que je suis moins connu ici que dans mon quartier. Bon, et bien il est tant de remédier à ça.

Certains sortent des couteaux de leurs poches tout en reluquant les miennes. Ca suffit, les mômes, vous allez quand même pas m'obliger à vous corriger ? Vous tenez réellement à ce que je vous montre qui est le patron, ici ?

Apparemment, oui.

Et bien allons-y. Pas trop fort, histoire qu'ils comprennent. Après tout, y a peut-être encore un peu de ménage à faire par ici... Je fais craquer mes doigts, sans sortir aucune arme, et certains se font la malle en comprenant que je me sais suffisamment fort pour pas avoir besoin de m'en servir. D'autres restent quand même, déterminés à jouer les caïds. Ouais, j'étais comme vous. Jusqu'à ce que Kenny me mette du plomb dans la cervelle.

Putain, je déteste les gosses. J'en aurais jamais, ça c'est une certitude. De toute façon faut être foutrement égoïste ou fou à lier pour accepter de coller des enfants dans ce putain de mon...

...

Plus jamais je penserais ça. Pardon, maman.


Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant